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L'inflation alimentaire progresse encore en septembre: les Français sabrent dans leurs achats

Avec une hausse de 7,6% en rayons en septembre, l'inflation progresse de près d'un point par rapport à août. Les volumes de produits achetés continuent de chuter surtout dans la boucherie, la poissonnerie et la fromagerie.

Il y a des retards qu'on ne souhaiterait jamais recouvrir. Moins touché que la plupart de ses voisins par l'inflation, la France est peut-être en train de les rattraper. En grande distribution, la hausse des prix alimentaire s'est poursuivie en septembre selon NielsenIQ pour atteindre 7,59% par rapport au même mois en 2021.

Elle fait suite à des hausses de 6,61% en août et de 5,68% en juillet. Le panéliste envisage désormais une hausse des prix qui pourrait atteindre les 10% sur le mois de décembre. Dans le secteur de la consommation, le pic de l'inflation ne semble donc pas avoir été atteint.

"L'inflation est désormais le sujet d'inquiétude numéro 1 des Français, loin devant le climat, la guerre en Ukraine ou même le Covid, constate Xavier Ségalié, le directeur général de NielsenIQ France.

"Sur un budget moyen, l'inflation coûte 43 euros de plus par mois pour un ménage", déchiffre-t-il.

Une moyenne qui cache une diversité de cas. Ainsi, ce sont désormais 12 millions de ménages français qui se disent fragilisés par la hausse des prix, soit 41% d'entre eux. Une augmentation de 7 millions de foyers en à peine un an.

Un milliard de produits en moins par rapport à 2020

Des ménages qui arbitrent en taillant dans leurs dépenses. Depuis le début de l'année, le chiffre d'affaires des produits non-alimentaires (habillement, électroménager...) a reculé de 1,7% et celui des produits frais (légumes, boucherie, poissonnerie) de 1,4% au total. Seuls le segment des produits de grande consommation est en hausse (+1,6%) mais c'est exclusivement dû à la hausse des prix (+3,3% sur ces rayons). Les volumes de produits achetés baissant eux de 1,7%.

Dans le détail, la boucherie est à -10,6%, la poissonnerie à -6,8%, le fromage à -6,3%. Les fruits et légumes (-3,7%) et la charcuterie (-3%) résistent un peu mieux mais sont eux aussi en recul.

Un phénomène de déconsommation que l'on retrouve sur l'ensemble des rayons. Depuis le début de l'année, les Français ont acheté 29 milliards d'unités de produits en grande distribution, contre 29,4 milliards à la même époque en 2021 et même près de 30 milliards en 2020.

Cela dit en volume ce niveau reste supérieur à ce qu'il était avant crise. En 2019, c'était 28,5 milliards de produits qui avaient été vendus sur la période.

"Il y a certes une hausse par rapport à l'avant-Covid mais elle aurait dû être bien supérieur cette année, estime Xavier Ségalié.

"L'été a été bon d'un point de vue touristique, le télétravail est bien plus important qu'en 2019... Le nombre d'unités vendues aurait dû être plus haut. Il y a bien un effet de déconsommation liée à l'inflation", poursuit-il.

Les solderies toujours plus haut

Une déconsommation qui est surtout le fait des familles (-5,1%) et des moins de 50 ans sans enfants (-2,2%). En revanche, les seniors ne semblent pas si contraints. Les plus de 50 ans sans enfants à charge ont augmenté leurs volumes d'achats de 2,8%.

Concernant les circuits de distribution, c'est étonnamment la proximité qui tire son épingle du jeu. Les petits magasins sont généralement plus chers et plus sujets à l'inflation. Mais le développement du télétravail et l'achat en plus petites quantités leur est profitable. Le chiffre d'affaires de ce circuit progresse de 5,9% depuis le début de l'année. Loin devant les hypers (+2,3%) et les enseignes discount (+1,6%).

Côté enseignes spécialisées, c'est le bio qui déguste. 24% des Français disent avoir fréquenté un magasin bio en 2022 alors qu'ils étaient 27% en 2019. Si les magasins surgelés et frais résistent bien et accroissent leur fréquentation, ce sont les solderies de type Action, B&M ou Gifi qui cartonnent. 69% des Français disent avoir fréquenté une solderie en 2022, 7 points de plus qu'avant la crise du Covid.

Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi Journaliste BFM Éco