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"Je ne crois plus au boycott" des grandes marques: Leclerc refuse d'appliquer la méthode de Carrefour

Pour Michel-Edouard Leclerc la hausse des prix va ralentir et les prix des produits alimentaires et de consommation courante vont baisser. Mais il pointe l'attitude des industriels qui freinent la tendance.

La tendance inflationniste de 2023 va-t-elle se retourner en 2024? Après le ministre de l'Economie ce week-end, c'est au tour de Michel-Edouard Leclerc de l'assurer. Le patron des centres E.Leclerc estime que pour cette nouvelle année, "on aura pas plus de 3% sur les produits (alimentaires et de consommation courante) qui avaient flambé" auparavant.

Les produits qui baisseront sont ceux qui viennent d'indo-pacifique où "le prix des conteneurs a été divisé par 4 ou par 5". Selon Michel-Edouard Leclerc, "le marché des céréales et du café se sont retournés. Il y aura des baisses sur les farines, les pizzas, les pâtes".

"Il y aura des poches de baisse car le cours des matières premières a baissé, annonce sur BFMTV Michel-Edouard Leclerc. "Dans l'ensemble les industriels ont compris qu'ils avaient fait une belle connerie en voulant prendre la mise depuis le Covid. Ils sont devenus plus raisonnables".

"Je ne crois plus au boycott"

Mais le dirigeant confirme que certains d'entre eux ne jouent pas le jeu, comme l'a pointé le PDG de Carrefour en suspendant la vente des produits du groupe Pepsico.

"La poche de résistance à la baisse vient des multinationales. (...) Certaines ont pris 20% à 30% l'an dernier. On va leur demander de revenir en arrière".

E. Leclerc va-t-il, comme Carrefour, menacer certains groupes de boycott? Après l'avoir fait dans le passé avec Ricard ou Coca-Cola, Michel-Edouard Leclerc ne croit plus à cette méthode.

"Je ne dis pas ça pour tirer dans le dos de Carrefour, mais dans le boycott de produits, on ne s'en sort pas bien, ni l'industriel, ni le distributeur".

Incertitudes pour le passage en mer Rouge

Le dirigeant mise sur la baisse des prix et la croissance de la consommation. Il rappelle qu'en 2023, il a été "le seul distributeur a avoir fait de la croissance en volume".

"E. Leclerc a cartonné parce qu'avec notre politique de prix, on a eu un million de consommateurs supplémentaires. Ca prouve qu'avec des baisses de prix, on peut faire du chiffre d'affaires. Cet argument l'emporte sur le rapport de force".

La seule incertitude affichée par Michel-Edouard Leclerc repose sur la situation en mer Rouge où les navires commerciaux sont menacés depuis le Yemen par les rebelles Houthis. Sous la pression des assureurs, les transporteurs ont décidé de passer par l'Afrique du Sud et d'augmenter le prix des conteneurs.

"Il faudrait qu'ils n'en profitent pas comme pendant le Covid. C'est peut-être plus long de passer par l'Afrique du Sud, mais ils ne payent pas de droit pour passer le canal de Suez. (...). Je ne sais pas combien de temps ça va durer".
Pascal Samama
https://twitter.com/PascalSamama Pascal Samama Journaliste BFM Éco