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Intoxications, interdictions… Faut-il manger des huîtres pendant les fêtes?

Alors que des ostréiculteurs de Loire-Atlantique ont été soumis à une interdiction de ventes d'huîtres après des cas d'intoxication, la question d'un risque sanitaire plus étendu se pose. Rassurez-vous les contrôles sont nombreux.

Avec du citron, du vinaigre aux échalottes ou nature... Les huîtres seront, comme chaque année, à la table de nombreux foyers pour les fêtes de fin d'année. Pourtant, les cas d'intoxication liés à leur consommation survenus la semaine dernière en Vendée, interrogent. En cause: les fortes précipitations qui ont touché plusieurs zones du littoral cette année.

Selon les premières analyses, l'intoxication alimentaire d'une quarantaine de personnes serait due au norovirus, un virus qui se trouve souvent dans les coquillages et devient dangereux lorsqu'il atteint un taux trop élevé.

"Le norovirus est un virus apporté par l'homme et qui se retrouve en mer, suite à des déversements de stations d'épuration, de stations de relevage ou de lavements des sols", rappelle Frédéric Moulin, vice-président du Comité régional de conchyliculture des Pays de la Loire.

"Les fortes pluies qui sont tombées sur plusieurs territoires du littoral augmentent ce risque de contamination des milieux naturels par les eaux usées", confirme Sébastien Lemoine, représentant du syndicat des ostréiculteurs de Carnac.

C'est d'ailleurs ce même risque qui peut justifier la fermeture des plages en été après des épisodes orageux.

Une surveillance accrue en cas de fortes pluies

Mais les huîtres font l'objet d'une surveillance toute particulière de la part des autorités.

"La qualité des coquillages est encadrée par la réglementation européenne et consiste à mesurer un indicateur de contamination fécale", précise Soizick Le Guyader responsable du laboratoire Santé Environnement Microbiologie à l'Ifremer.

Ces contrôles qui détectent la présence de la bactérie Escherichia coli sont réalisés une fois à deux fois par mois par le réseau de surveillance microbiologique mis en place par l'Ifremer.

"Et cette fréquence peut être augmentée en fonction des circonstances, notamment à la suite de fortes pluies", nous apprend aussi le ministère de l'Agriculture.

Pour procéder à ces analyses, l'Ifremer définit les zones les plus à risque, c'est-à-dire celles qui seraient les plus susceptibles d'être touchées en cas de contamination.

"Les producteurs font aussi des autocontrôles et peuvent mettre leurs huîtres dans des bassins de purification", indique Soizick Le Guyader qui admet que des accidents sont toujours possibles. D'autant que le norovirus est un virus très résistant", souligne-t-elle. Mais il peut s'attraper de plein d'autres manières, relativise-t-elle.

Une menace pour l'activité des ostréiculteurs

C'est donc pour les ostréiculteurs, dont l'activité peut être arrêtée du jour au lendemain, que ce phénomène de contamination représente la menace la plus importante.

"Lorsqu'ils sont défavorables, les résultats d'analyses peuvent conduire le préfet du département à ordonner une fermeture administrative de la zone, c'est-à-dire à y interdire la récolte de tous coquillages", nous rappelle-t-on au ministère de l'Agriculture.

Une interruption d'activité qui peut être lourde de conséquence pour les ostréiculteurs, en particulier à l'approche de la fin d'année. "La période des fêtes représente en moyenne 60% du chiffre d'affaires des ostréiculteurs sur l'année", indique Sébastien Lemoire.

"J'estime qu'il y a 12 ou 13 tonnes d'huîtres que je ne vais pas pouvoir commercialiser avant l'année prochaine. On n'est pas loin des 45.000 euros de manque à gagner sur les fêtes de fin d'année", s'agaçait aussi auprès de BFMTV Guillaume Taraud, ostréiculteur aux Moutiers-en-Retz, le 19 décembre.

"Les réseaux d'assainissement souvent obsolètes et non adaptés à la croissance de population que connaissent de nombreuses zones du littoral sont à l'origine de ces phénomènes de saturation et donc de contamination", dénonce Sébastien Lemoine.

"On nous demande d'assumer une pollution dont on n’est pas responsable", ajoute-t-il, avant de conclure: "nous sommes les pollués-payeurs".

Nina Le Clerre