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Inflation: la flambée ralentit en décembre en grande distribution (mais ça ne va pas durer)

Si l'inflation a atteint un nouveau palier en décembre, son rythme de croissance s'est fortement atténué. Selon le panéliste Iri, il s'agit d'une accalmie temporaire en attendant la fin des négociations commerciales.

Le calme avant la tempête? Alors que les Français appréhendent un "tsunami d'inflation" dans les semaines qui viennent, la hausse des prix a été moins forte en décembre dans les rayons de la grande distribution.

Selon la société Iri, l'inflation des produits de grande consommation s'est établie à 12,6% en décembre dans les grandes moyennes et surfaces. Pour rappel, en novembre, cette hausse avait été mesurée à 12% après 11% en octobre et 9,1% en septembre. En rythme annuel, la progression ralentit sensiblement.

L'inflation mensuelle a même atteint en décembre dernier son niveau le plus faible depuis février, note Iri. Elle était en effet de 0,38% le mois dernier après 0,86% en novembre et 1,46% en octobre.

Si le rythme de progression ralentit, l'inflation reste malgré tout à un niveau record et les prochains mois les prix risquent de grimper à nouveau fortement.

"Le démarrage des négociations et la période de Noël peuvent expliquer cette accalmie qui sera néanmoins temporaire, Emily Mayer, directrice business insight d'Iri dans LSA. En effet, la hausse des factures d’énergie des acteurs, industriels comme distributeurs, à partir de janvier vont se ressentir dans les prix à la consommation. C’est probablement fin mars/début avril, à la fin des négociations commerciales qu’un nouveau palier marquant sera franchi d’autant que sur mars/avril 2021, l’inflation était très modérée."

+15% en avril?

Pour le panéliste, l'inflation pourrait ainsi grimper à 15% en grande distribution à l'issue des négociations qui se tiennent jusqu'à la fin du premier trimestre. Les hausses de prix réclamées par les industriels frôlent dans certains secteurs comme l'alimentation animale les 40%.

2022 restera en tout cas comme l'année la plus inflationniste en grande distribution depuis que le panéliste Iri mesure les prix en France au début des années 2000. La hausse des prix a atteint en moyenne sur l'année les 6,1%, largement au dessus des 5% de 2008, année du précédent record. Cette hausse fait suite à deux années de déflation en grandes surfaces avec -0,42% en 2021 et -0,39% en 2020.

Autre record historique qui ne cesse d'être battu mois après mois: l'écart de prix entre enseignes. La différence entre les deux enseignes les plus chères et les deux les moins chères (non citées par Iri) a atteint les 27 points en décembre. Du jamais vu. L'écart n'était ainsi que de 18,5 points en mai dernier au début de la flambée des prix.

Cet écart signifie que certains groupes de distribution décrochent au niveau prix et ne peuvent plus se permettre de puiser dans leurs marges pour limiter les hausses de prix. Les enseignes décrocheuses devraient faire l'objet d'arbitrage en leur défaveur de la part des consommateurs. En décembre, ce sont les groupes de magasins intégrés qui ont perdu des parts de marché selon Kantar: -0,2 point pour Carrefour, -0,2 point pour Auchan et -0,6 point pour Casino. Ce sont les enseignes d'indépendants qui en profitent avec +0,2 point pour Système U et E.Leclerc et +0,3 point pour Intermarché.

Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi Journaliste BFM Éco