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Hypermarchés, points de retraits... Comment Leclerc se prépare à marcher sur Paris

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Leader en France du commerce alimentaire mais grand absent historique à Paris, Leclerc compte enfin conquérir la capitale en surfant sur les nouveaux modes de consommation.

Peut-on réussir dans le commerce en France sans être à Paris? Difficile de se priver d'un marché potentiel de 2 millions de personnes au pouvoir d'achat conséquent. Mais Leclerc jusqu'à présent y était parvenu. L'enseigne leader en France de la grande distribution avec plus de 21% de parts de marché sur l'ensemble du territoire n'est pourtant quasiment pas présent dans la capitale. A la différence de ses grands rivaux Carrefour et Casino par exemple. 

Mais les choses vont changer. Leclerc a fait de la capitale un de ses objectifs prioritaires pour les mois voire les années à venir. "Paris est une ville chère et la question du pouvoir d'achat y est très importante, on le voit dans le cadre du grand débat, explique Michel-Edouard Leclerc. Nous ne sommes pas un service social mais nous arrivons avec une promesse de "prix Leclerc" qui va intéresser le consommateur."

Après avoir un petit supermarché en 2016 dans le nord de la capitale boulevard Macdonald dans le XIXème arrondissement, le groupement est cette fois prêt à mettre le paquet. Et cette stratégie passe d'abord par les Relais Leclerc, auparavant appelés drive piéton. Le concept est simple: il suffit de commander en ligne sur le site Leclerc Chez Moi et de choisir d'aller chercher ses courses au relais comme pour un drive classique.

Peu de références encore pour Leclerc sur Internet

Leclerc assure un délai de mise à disposition de la commande dans les trois heures qui suivent la prise de commande et le soir jusqu'à 19h pour un retrait le lendemain 9h. Les Parisiens pourront commander parmi les 13.500 références proposées (15.000 d'ici cet été) par le site de Leclerc: de l'alimentaire, mais aussi de la parapharmacie, des produits culturels ou encore multimédia. "On sera 20 à 30% moins cher que les services de livraison", assure Michel-Edouard Leclerc. Le coût de la livraison est jusqu'à présent un frein pour l'adoption par le grand public du e-commerce alimentaire qui préfère la formule gratuite du drive. "Les 100 derniers mètres sont les plus coûteux, les plus délicats et les plus gourmands en énergie", confirme le patron des centres Leclerc. Pour avoir la livraison gratuite à domicile, il faut ainsi faire pour au moins 150 euros d'achats.

Et après avoir ouvert deux relais, Leclerc veut augmenter la cadence dans la capitale. L'objectif à terme est d'en ouvrir trois ou quatre par arrondissement et entre 100 et 200 dans toute la France. Avec un panier moyen de commande d'une cinquantaine d'euros, les Relais Leclerc pourraient réaliser l'équivalent des ventes d'un hypermarché de l'enseigne à fin 2019 (entre 100 et 120 millions d'euros en moyenne) et entre quatre et cinq d'ici 2022. Mais pour cela, il faudra augmenter l'offre aujourd'hui limitée à 13.500 références de produits contre près de 100.000 dans un grand hypermarché.

"Le patron d'Amazon n'arrête pas de frimer"

Mais la stratégie parisienne de Leclerc ne s'arrête pas aux points de retrait. Le groupement étudie aussi la possibilité d'installer des casiers de retraits à l'image de ceux d'Amazon dans les gares ou les halls d'immeubles. "On ne s'interdit rien, on va tester", précise Michel-Edouard Leclerc qui entend tout de même rester réaliste. "Là où Jeff Bezos [le patron d'Amazon] n'arrête pas de frimer en faisant croire que nos villes seront survolées par des drones en forme d'araignée pendant que des gilets de je ne sais quelle couleur leur tireront dessus au fusil, nous proposons une offre moins violente", ironise le patron de Leclerc.

Et si l'enseigne compte développer cette offre nouvelle dédiée aux urbains, elle n'en oublie pas le magasin, son nerf de la guerre. Leclerc va bien revenir dans le centre de Paris avec de vrais hypermarchés en dur. Le premier ouvrira dans le quartier de la gare Montparnasse (XIVème arrondissement) d'ici 2020. Il s'agira d'un magasin de 2500 m² situé dans le centre commercial de la Gaîté-Montparnasse qui sera très axé sur les produits frais. "Et nous comptons ouvrir trois ou quatre autres magasins à terme dans Paris", confie Michel-Edouard Leclerc.

Si Leclerc avance ses pions à Paris, il restera encore loin des champions de la grande distribution dans la capitale que sont Casino et Carrefour. En 2012, l'Autorité de la concurrence avait estimé à environ 60% la part de marché de Casino (Franprix, Monoprix, Leader Price...) et de 14 à 18% celle de Carrefour. A eux deux, ces groupements pèsent donc près de 80% du commerce alimentaire à Paris. La conquête de Leclerc risque d'être longue. 

Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi Journaliste BFM Éco