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Grève dans les transports: pourquoi les tarifs des VTC vont exploser

Pour convaincre les VTC de ne pas rester chez eux pendant la grève, Uber comme les autres plateformes vont se montrer bien plus généreux qu'en temps normal. Le prix des courses pourrait être multiplié par trois. Et certains leur promettent bonus, primes et baisse de commission. Pour les clients, la facture sera donc forcément plus salée.

Pendant la grève, les déplacements en VTC vont coûter plus cher aux clients. Les plateformes de mise en relation avec les chauffeurs utilisent en effet des algorithmes qui établissent le prix des courses en temps réel en fonction de l'offre et de la demande. S'il y a bien plus de clients qui se connectent sur une appli pour demander une course que de chauffeurs disponibles, le prix qui leur est proposé s'envole.

Or ce 5 décembre, la demande sera très forte. Les chauffeurs qui travaillent rarement avec une seule appli choisiront donc logiquement celle qui leur offrira les courses les mieux rémunérées. Et celle qui parviendra à en attirer le plus sera gagnante puisqu'elle offrira aux clients les délais d'attente les plus raisonnables. Or en période de grève des transports, l majorité de ceux qui font appel à un VTC cherchent à d'abord à gagner du temps.

Tous les opérateurs d'applis de VTC que nous avons contacté, Uber, Kapten, Bolt et Marcel, nous ont confirmé qu'ils n'ont pas le choix. "Si la tarification dynamique n’est pas activée en période de pic, les temps d’attente augmentent de manière exponentielle et le nombre de courses effectuées chute radicalement", nous explique une porte-parole d'Uber. "A New York, en 2014, pendant la nuit du Nouvel An, notre algorithme n’a pas fonctionné pendant 26 minutes. Les demandes de courses ont explosé et seulement 25% des courses ont pu être traitées".

Des prix multipliés par trois ou plus

Et pour attirer des chauffeurs, ce modèle a été adopté par l'ensemble des acteurs. "Il ne faut pas se le cacher, la surfacturation permet aux chauffeurs de gagner plus est d'en attirer le plus possible sur son réseau. Sans cela, les temps d'attente exploseraient", explique un porte-parole de Kapten. La majoration va évidemment coûter cher aux clients. Après en avoir discuté avec le ministère des Transports Uber s'est engagé à plafonner exceptionnellement sa majoration sans préciser le niveau de ce plafond. Kapten a été plus précis: le prix de la course ne pourra pas dépasser trois fois le montant habituel. Et Bolt promet de faire un effort légèrement supérieur en limitant la majoration maximale à 2,9 fois le prix normal d'une course. 

Pour faire passer la pilule auprès des clients, certaines applications leur proposent des codes promo dévoilés sur leurs réseaux sociaux, à des moment spécifiques. En partenariat avec la RATP, Marcel offre des remises par tranche de 15 euros jusqu'à atteindre le prix d'un passe Navigo, soit 75 euros. Chez Bolt, les codes seront dévoilées le 5 décembre très tôt dans la mâtinée. "Elle peuvent aller jusqu'à 25%", assure Henri Capoul. 

Chez Kapten, ces remises sont liées aux réservations. Et pour inciter à prévoir ses trajets à l'avance, l'ex-chauffeur privé garantit qu'aucune majoration ne sera appliquée. "Elles sont traitées par un opérateur qui, en cas d'annulation, ce qui est possible, cherchera une autre voiture pour le client qui ne restera pas sans solution", explique Kapten. Pour inciter à passer commande, les réservations ne seront pas impactées par la tarification dynamique.

Primes et bonus pour attirer les chauffeurs

Marcel, comme Uber, appliquera la tarification dynamique sur les commandes, mais assure qu'elles seront toutes honorées. Comment? En ne dépassant pas sa capacité à les traiter. "On ne veut pas arriver a un niveau de saturation qui nuira à notre réseau et pénalisera les clients", explique Philippine Guénot directrice générale adjointe de Marcel qui assure qu'au final, son entreprise ne tire pas vraiment profit de la situation.

"Les primes et les commissions réduites ont des répercussions sur notre activité", relève Philippine Guénot. De fait, au delà des ristournes accordées ponctuellement aux clients, quand la concurrence est forte, les plateformes n'hésitent pas à verser des primes ou des bonus aux chauffeurs qui acceptent des courses. Bolt assure payer une prime de 10 euros pour chaque course et diminuer le montant de la commission aux chauffeurs qui acceptent un nombre important de courses sur la journée.

L'alternative des motos taxis

Uber ne dit pas comment il compte inciter les chauffeurs à travailler plus et plus longtemps pour sa plateforme. Selon un chauffeur, les commissions baissent drastiquement en fonction du nombre de courses et s'il démarre sa journée de travail à 4 heures du matin pendant la grève. Une prime hebdomadaire de 150 euros aurait aussi été proposée aux chauffeurs.

Pour les clients, les déplacements en VTC pendant la grève vont donc coûter cher et risque de durer longtemps, compte tenu de la circulation. Mais pour se déplacer plus vite il y a une solution: les motos taxis. "Nous ne surfacturons pas les courses", assure Franck Muchembeld, président de la fédération des moto-taxis (FNDTR). Par contre, ces motards ne sont que 450 en Île-de-France contre plusieurs dizaines de milliers de VTC. Et les cranets de réservation sont quasiment pleins pour jeudi. "Tout est bloqué et les chauffeurs vont faire des amplitudes énormes pour gérer la demande. Il reste quelques place entre 11 heures et 15 heures, mais pour les heures de pointe, à moins d'être très chanceux, il n'y a plus de place". 

Pascal Samama
https://twitter.com/PascalSamama Pascal Samama Journaliste BFM Éco