BFM Business
Conso

Gilets jaunes: des commerces ouverts mais bien vides ce samedi

À Paris, les trottoirs sont restés clairsemés samedi devant les vitrines de Noël des grands magasins.

À Paris, les trottoirs sont restés clairsemés samedi devant les vitrines de Noël des grands magasins. - Lionel BONAVENTURE - AFP

Contrairement à la semaine dernière, la plupart des grands magasins et des petits commerces sont restés ouverts samedi. Mais les clients se faisaient rares à Paris et en régions.

La mobilisation des gilets jaunes a eu beau baisser de moitié pour la cinquième journée de leur mobilisation ce samedi, les commerces n’ont pas encore retrouvé le sourire. À la différence du 8 décembre, très peu ont décidé de ne pas ouvrir, mais la fréquentation n’était pas au rendez-vous.

Le groupe de luxe Kering, qui détient les marques Gucci, Saint-Laurent ou Balenciaga et dont quelques magasins ont été la cible de casseurs la semaine dernière, était bien seul à barricader ses boutiques ce week-end. Son concurrent LVMH, lui, a ouvert ses points de ventes. Son magasin Vuitton de Saint-Germain s'était toutefois entouré de grilles et avait consigne de fermer à la vue du moindre gilet jaune.

Des trottoirs clairsemés devant les grands magasins

Ailleurs dans les grandes artères parisiennes, le Printemps, le BHV Marais et les Galeries Lafayette, qui avaient gardé portes closes samedi dernier, accueillaient à nouveau les visiteurs à deux semaines de Noël. Tout comme les Monoprix, dont certains avaient été pillés à Paris et en province les précédents samedis. Aux alentours des gares et des grandes places, les Monop' avaient quand même couvert leurs vitrines de plaques de bois, et réduit le nombre d’entrées par lesquelles accéder au magasin.

Mais les clients ne se sont pas beaucoup montrés. Dans la capitale, les stations de métro et de RER aux abords des grands magasins étaient closes pour raisons de sécurité. Les trottoirs restaient clairsemés devant les Galeries Lafayette, à mille lieux de l’embouteillage traditionnel à cette période devant les vitrines de Noël. Des touristes hollandais rencontrés par Le Parisien racontaient ainsi que dans leur groupe, "cinq personnes ont choisi de rester à l’hôtel parce qu’elles avaient peur".

Même écho en région, comme sur ce marché de Saint-Brieuc en Bretagne. Les routes bloquées ont dissuadé les habitants de venir se balader entre les étals. Et puis, "les gens n’ont pas le moral, ils ont autre chose à penser que consommer", se désole le vendeur de galettes saucisse sur BFMTV.

Un impact similaire aux attentats

Depuis le début du mouvement, son chiffre d’affaires a fondu de 25%. À l'instar de neuf petits commerçants sur dix qui ont constaté un effet plus ou moins massif du mouvement sur leurs ventes, a déclaré le président de la confédération des commerçants de France, Francis Palombi, sur France Inter.

Quand bien même les manifestants étaient moins nombreux, la persistance de blocages de routes et de ronds points a dissuadé les habitants de se rendre dans les boutiques. En revanche "là où la situation s’est calmée, le commerce redémarre. C’est ce que nous signale CCI Maine-et-Loire par exemple", souligne Françoise Fraysse, la porte parole de la Chambre de commerce et d’industrie Française.

Le problème, ce sont les pertes accumulées. En grande partie, "elles ne pourront pas être rattrapées", prévient Denis Ferrand, directeur général de Rexecode sur BFMTV. "Globalement, l'impact sur l’économie devrait être de l’ordre de celui constaté pour les attentats, et devrait plomber la croissance de 0,1 point", ajoute-t-il.

La croissance pourrait d'autant plus en prendre un coup que le e-commerce n’aurait pas autant profité du mouvement des gilets jaunes que ce qu'un sondage laissait croire il y a deux semaines. "Les ventes sont en ligne avec les prévisions, ni plus ni moins, il n'y a pas eu du tout d'explosion des ventes sur internet" qui compenserait la baisse de ventes des magasins physiques, a assuré le président de la Fédération du e-commerce et de la vente à distance, François Momboisse, sur RTL.

"On a constaté que les gens avaient la tête ailleurs. On avait constaté ça avec les événements dramatiques du Bataclan il y a trois ans quand il n'y avait pas eu d'achats dans les magasins ni sur Internet pendant 15 jours", a rappelé le président de la Fevad.

Nina Godart