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Gaz: pour Engie, réduire la consommation dans les foyers pourrait ne pas suffire à éviter les problèmes

Son président met en avant deux facteurs de poids: la météo et la demande chinoise pour le moment bridée.

Comme le gouvernement, le président d'Engie exhorte les Français à baisser la température de leurs chauffages pour limiter la consommation de gaz cet hiver dans un contexte de pénurie.

"Baisser le chauffage d'un degré, permet de réduire la consommation de 7% en moyenne", a martelé Jean-Pierre Clamadieu ce mercredi sur France Inter afin d'atteindre l'objectif d'une baisse de la consommation de gaz de 10% cette année.

Mais cela ne pourrait pas suffire à éviter les problèmes prévient le dirigeant qui met en avant deux facteurs de poids: la météo et la demande chinoise pour le moment bridée.

"On est beaucoup mieux préparé"

"La météo, il faut que ce soit un hiver normal, et pas très froid", ce qui est loin d'être acquis. Quant à la Chine, une reprise forte de l'activité pourrait mettre à mal les livraisons de gaz liquéfié (GNL) qui sont au coeur des approvisionnements en Europe et en France. Rappelons que les derniers grands confinements en Chine limitent à nouveau la demande interne.

"Il ne faut pas que la Chine reparte (...) On reçoit 30 à 40 bateaux (de GNL, NDLR) par semaine contre une dizaine il y a un an" mais une reprise de l'activité dans le pays pourrait réduire fortement ces exportations.

Le responsable souligne néanmoins: "On est beaucoup mieux préparé" par rapport à il y a trois ou quatre mois. "L’approvisionnement est sécurisé. Les stockages en France sont remplis à plus de 95%".

"Cet hiver, ce qui va être compliqué, c’est de gérer nos stockages" nuance Jean-Pierre Clamadieu.

L'analyse d'Engie est partagée par RTE, le gestionnaire du réseau électrique. "Si l'hiver est doux, vous n'entendrez pas parler de RTE. Si on est dans une situation médiane, le nombre de jours où on demanderait des actions spécifiques, il sera compris entre 0 et 5. Là où on demandera des diminutions volontaires de la consommation, en premier aux entreprises avec lesquelles on signe actuellement des partenariats." expliquait sur BFM Business, Thomas Veyrenc, directeur exécutif.

Et les scénarios du pire? "Dans le pire des cas, qui confronte une hypothèse brutale sur les échanges européens (...), à laquelle s'ajouterait un hiver très froid, qu'on n'a pas connu depuis plus de 10 ans, on pourrait aller jusqu'à une trentaine de jours qui sont signalés. C'est le scénario du pire, il est vraiment très improbable, mais il existe."

Les "jours signalés correspondent à des jours de tension sur le marché de l’énergie ou sur le système électrique". Le black-out, "la perte de maîtrise complète du système", est en revanche exclue par RTE.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business