Fruits, légumes, alcool et bonbons: les paniers anti-inflation accusés de ne pas être forcément bons pour la santé

Avant même l'annonce par Bercy du trimestre anti-inflation ce lundi, plusieurs enseignes de grande distribution avaient lancé leur propre opération. Mais les produits composant ces paniers peuvent parfois interroger.

Des centaines de produits à prix raisonnables mais sont-ils sains pour autant? La question mérite d'être posée lorsqu'on analyse les différents paniers anti-inflation établis par quelques enseignes de la grande distribution. Il y a à peine un mois, la présidente de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA), déplorait la qualité des produits intégrés par Carrefour dans son opération promotionnelle: le "Défi anti-inflation". "Aider les plus précaires comme vous prétendez le faire faire, doit-il passer par de la pâte à tartiner, des bières, des sodas?", interrogeait Christiane Lambert dans une lettre adressée au PDG de Carrefour Alexandre Bompard.

"La priorité ne devrait-elle pas être de favoriser l'équilibre alimentaire des plus démunis alors que ces populations ont davantage de difficultés à s'approvisionner en produits frais, bruts locaux, de saison?", lançait celle qui plaide de longue date en faveur d'un chèque alimentaire.

Il faut croire que les critiques de la patronne du premier syndical agricole français ne sont pas tombées dans l'oreille d'un sourd. Sur les 200 produits que contient le panier anti-inflation annoncé le week-end dernier par Carrefour, 100 sont labellisés "sains" avec un Nutri-Score A et B: il s'agit de yaourt, d'oeufs, de lait ou encore de légumes frais. Ces 200 produits seront proposés à deux euros et "à prix bloqués" jusqu'à mi-juin avec notamment 100 produits du quotidien tels que la lessive, les couches pour bébé ou la farine.

Des Nutri-Score médiocres voire mauvais chez Système U

C'est l'enseigne qui a initié ces opérations contre la hausse des prix il y a un mois qui est la cible de critiques de la part d'UFC-Que Choisir à savoir Système U. Au début du mois de février, l'acteur de la grande distribution lance un panier anti-inflation contenant 150 produits dont 138 alimentaires à prix coûtant. Problème: aucun légume ou fruit frais mais plutôt des légumes en conserve, surgelés ou intégrés à des plats préparés, des jus de fruits et sodas ainsi que des chips, cacahuètes. Côté sucreries, des biscuits, des viennoiseries, des chocolats et autres bonbons et encore plus surprenant: 8 alcools différents.

C'est ainsi que l'association de consommateurs a recensé 17 produits ayant un Nutri-Score E et 31 notés D si bien que près de 40% des produits du panier anti-inflation ont une note nutritionnelle médiocre voire mauvaise. "Carrefour donne un bon signe, A ou B, avec une limitation d’à peu près 200 produits qui est raisonnable – 500 je n’y crois pas, déclarait hier soir sur le plateau de BFMTV Jean-Yves Mano, président de l'association de consommateurs CLCV. Si on compare à l’annonce Super U qui a cru bon de mettre 8 alcools, je pense que ce n’est pas un geste extrêmement significatif qui va dans le sens de l’histoire."

"Il y a potentiellement un risque de malbouffe sur les produits transformés car les familles peu aisées vont se diriger vers ce type de produits. Nous disons à toutes les familles: cuisinez! Vous mangerez de la qualité et vous dépenserez moins d’argent dans votre nourriture quotidienne."

Autre enseigne qui a dévoilé son panier anti-inflation le week-end dernier, Intermarché étend le dispositif à 500 produits en misant sur 470 de marque distributeur auxquels s'ajoutent 30 produits frais de rayons traditionnels comme les viandes, les légumes, les fruits ou le poisson qui pourra être vendu à moins de 10 euros grâce aux bateaux que possède l'enseigne.

Timothée Talbi