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Fini le plastique, les emballages "verts" du futur débarquent

Chaque année, 8 à 12 millions de tonnes de plastique se déversent dans les océans.

Chaque année, 8 à 12 millions de tonnes de plastique se déversent dans les océans. - GERARD JULIEN / AFP

À mesure que les ressources s’épuisent et que les déchets plastiques pèsent de plus en plus lourd dans les océans, les industriels travaillent sur des matières nouvelles pour emballer leurs produits. Voici les emballages de demain.

Mercredi, de grands industriels de l’agroalimentaire ont signé le pacte national sur les emballages au ministère de la Transition enrgétique. Objectif, lutter contre la pollution, alors que 8 à 12 millions de tonnes de plastique se déversent dans les océans chaque année.

Cet engagement d’une dizaine d’entreprises est également le résultat d’une prise de conscience des consommateurs. Aujourd’hui, plus de six jeunes de 19 à 29 ans sur dix ont déjà changé de marque pour des raisons d’emballage, de recyclabilité ou de suremballage, selon l’étude Pro Carton parue la semaine dernière.

Mais comment remplacer le plastique, si léger, si pratique, si adapté à l’agroalimentaire? Voici les projets les plus aboutis, qui seront sans doute les contenants de demain.

> Des sachets de papier amélioré

Nestlé
Nestlé © Nestlé

Vous allez vous dire que le papier n’a rien d’une nouvelle matière. Celui qui compose ces nouveaux sachets, si. Rien à voir avec les feuilles A4, il s’agit ici de fibres de cellulose auxquelles on a greffé d’autres molécules pour les rendre résistantes à l’eau et non-poreuses à la lumière et à l’oxygène. C’est notamment ce qu’est parvenu à mettre au point le Français Malengé Packaging.

Parmi ses clients, le géant de l’agroalimentaire Nestlé, qui a commencé à conditionner certains de ses produits dans ce papier amélioré. Son nouveau chocolat en poudre Nesquik, dans lequel le sucre raffiné est remplacé par du sucre de canne, et dont le cacao provient de filières durables d’Afrique, est emballé dans ce sachet simplissime, totalement recyclable.

À terme, ce contenant pourrait remplacer tous les autres emballages chez Nestlé, mais il faudra d’abord le rendre moins cher. Il coûte aujourd’hui deux fois le prix de la boîte jaune traditionnelle, pour une taille moitié moindre donc deux fois moins de produit à l’intérieur. Il faudra aussi le doter d’un système d’ouverture et de fermeture facile qui ne nuise pas à sa recyclabilité.

> Du "plastique" qui se composte

Une start-up israélienne, TIPA, a réussi à mettre au point un matériau qui ressemble trait pour trait au plastique qui forme un septième continent dans les fonds marins, sauf que celui-ci est entièrement biodégradable. Ses propriétés -une transparence totale, un toucher lisse, une imperméabilité complète- ont très vite séduit, notamment dans le monde du luxe. La marque éco-friendly Stella McCartney a noué un contrat avec TIPA fin-2017.

Même principe pour les bouteilles utilisées par le fabricant de jus Yumi: elles se décomposent en un à six mois en enrichissant les sols. Problème de ces matériaux pour l’instant, et frein à leur généralisation: il n’existe pas en France d'usine de compostage. Donc les industriels qui choisissent des emballages qui se compostent pâtissent d’un malus de 100% sur leur éco-contribution, la taxe qu’ils doivent payer pour tout emballage mis sur le marché. Quand bien même, à l’instar du contenant en gluten de blé développé par le Cirad de Montpellier, le matériau serait également comestible.

> Des bouteilles... en carton

Carlsberg
Carlsberg © Carlsberg

Le brasseur Carlsberg a fait sensation en 2015 à Davos en présentant son projet de bouteille de bière… en carton ! Plus précisément, en fibres de bois, et dont tous les éléments, y compris le bouchon, seront biosourcés et biodégradables.

Plusieurs projets du même type sont actuellement mené en France par Citeo, l’entreprise chargée de collecter l’écocontribution en France, et les grands industriels qui siègent à son conseil d’administration, comme Lactalis, Nestlé, Evian, Coca ou Kronenbourg. Le but est de "penser à la recyclabilité du matériau dès sa conception", souligne Jean-François Robert, responsable technique chez Citeo.

Les emballages actuels mélangent plusieurs matières (carton, aluminium, plastique) qui ont chacune des propriétés différentes (hydrophobes, hermétique à la lumière, à l’oxygène, aux bactéries, etc.). Ce mélange de matières rend le recyclage compliqué. Les experts associés à Citeo travaillent donc notamment sur de la fibre de cellulose -qui sert à faire du carton ou du papier- enduite pour lui donner ces propriétés qu’elle n’a pas au départ. Ça donne par exemple Paptic, un papier-carton imperméable, qui ne laisse pas passer la lumière, léger et solide à la fois. Galeries Lafayette l’utilise désormais pour ses sacs en papier.

> Le contenant durable et la consigne

Lesieur
Lesieur © Lesieur

La grosse tendance actuellement est de revenir au contenant en métal ou en verre, qui a vocation à être récupéré et réutilisé. D'ailleurs, le gouvernement travaille sur le retour de la consigne, avec des incitations pour les consommateurs qui rapportent leurs bouteilles et autres boîtes métalliques.

De grands noms de l’industrie agroalimentaire s’y mettent déjà. Coca vient par exemple de construire une nouvelle ligne de production dans son usine du nord de la France pour produire des boissons dans des bouteilles en verre. Le leader des sodas s’est également associé à l’initiative de supermarché "zéro déchets" Loop, né début 2019. Avec d’autres mastodontes comme Nestlé, Pepsi, Mondelez, Danone, Lesieur, Procter & Gamble, etc., ils fournissent au supermarché en ligne une centaine de produits (pâtes, biscuits, huile, produits de beauté et d'entretien) uniquement conditionnés dans des récipients réutilisables. Une fois qu’ils sont vides, le client n’a plus qu’à demander l’enlèvement des contenants sur la plateforme Loop.

Nina Godart