BFM Business
Conso

Faut-il s'attendre à des fêtes de fin d'année coûteuses pour les Français?

Si les vacanciers n'ont pas les yeux tournées vers la rentrée de septembre, les industriels se projettent déjà avec inquiétude vers la fin d'année, période cruciale pour beaucoup d'entre eux. Les mauvaises nouvelles s'empilent et les retards se multiplient…

Si la reprise de l'activité est bien là, la crise du Covid-19 sera longue à digérer pour l'économie mondiale. Alors que les principales entreprises cotées en Bourse en terminent avec la présentation de leurs (bons) résultats semestriels, beaucoup d'entre elles mettent en garde contre les délais d'approvisionnement qui vont encore leur gâcher la vie - et celle des consommateurs - pendant de longs mois. 

Dans le viseur des industriels, les fêtes de fin d'année, depuis le Black Friday jusqu'à Noël. Cette période est cruciale et elle s'annonce déjà coûteuse pour les consommateurs. La semaine dernière, les principaux fabricants de jouets, Mattel et Hasbro, ont annoncé des augmentations de prix pour cette période. Ils ne seront pas les seuls.

"Pour le Black Friday, nous devons probablement nous attendre à voir les prix augmenter pour toutes sortes de biens tels que l’électronique grand public, les meubles, les vêtements et les appareils électroménagers", tranche auprès de CNBC Pawan Joshi, patron d'un spécialiste du logiciel pour les chaînes d'approvisionnement.

Le fret maritime explose

La faute à la crise, tout d'abord, qui a provoqué de nombreuses pénuries dans le monde. La première d'entre elle concerne les puces électroniques, devenues indispensables pour de nombreux produits du quotidien, du smartphone à la voiture. Mais des pénuries des matières premières (bois, fer…) bousculent aussi l'industrie alors que la reprise économique a accentué la demande. 

Ensuite, il y a le transport maritime, notamment depuis la Chine. Les prix ont littéralement explosé: un conteneur vers l'Europe coûtait 1600 dollars il y a un an, le voici désormais à 10.000 dollars! Pas mieux vers les Etats-Unis où les prix ont quadruplé, avec la soudaine demande post-crise. Conséquence, les frais supplémentaires finissent par être répercutés sur le client final. Le navire géant qui a bloqué le Canal de Suez en mai dernier n'a pas arrangé les choses. 

D'autant que les récentes intempéries viennent compliquer encore un peu plus la donne. De dramatiques inondations ont frappé l'Europe du Nord et la Chine, avec un bilan humain et matériel désastreux. En Belgique et en Allemagne, parmi les principaux hubs d'Europe, les routes et les chemins de fer ont parfois été ensevelis ou détruits, ralentissant encore un peu plus les chaînes d'approvisionnement. Certaines entreprises, comme le sidérurgiste Thyssenkrupp, ont dû évoquer des cas de "force majeure" pour ralentir leurs livraisons, affectant notamment le secteur automobile.  

La pénurie de puce rattrape les smartphones  

De l'autre côté de la planète, la province du Henan, en Chine a subi le même sort. Or, la province est un important producteur de cuivre, indique CNBC. Le cours du matériau, indispensable aux composants électroniques, est ainsi reparti à la hausse. C'est aussi dans le Henan et plus particulièrement dans sa capitale Zhengzhou que Foxconn, partenaire historique d'Apple, dispose de sa plus grande usine d'iPhones. Le sous-traitant n'a déploré que peu de dégâts, mais manque de main d'œuvre pour répondre à la forte demande. 

Jusque-là épargnée par la pénurie en semi-conducteurs (grâce à ses stocks), l'industrie du smartphone est d'ailleurs rattrapée. Le patron d'Apple Tim Cook a récemment mis en garde contre le manque de puces, notamment les puces secondaires (celles qui gèrent l'alimentation de l'écran par exemple). Samsung et les autres concurrents font face aux mêmes problèmes, ce qui pourrait tirer vers le haut le prix de certains modèles, selon les analystes. 

Les offres du Back Friday, fin novembre, seront probablement les premières à compenser la hausse des coûts. Les fabricants de jouets estiment que la demande restera forte malgré une hausse des prix, et d'autres industriels devraient suivre ce raisonnement.  

Thomas Leroy Journaliste BFM Business