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Face à la chute continue de la consommation de vin, les vignerons sonnent l'alarme

À l'occasion de son 50ème Congrès, organisé mercredi à Saumur, les Vignerons coopérateurs de France alertent sur une "chute brutale" de consommation de vin dans le pays.

Les Français boivent de moins en moins de vin. Les ventes en grande distribution ont baissé de 2% en volume sur un an et de 3% en valeur, d'après les chiffres présentés lors du Congrès des Vignerons coopérateurs de France, mercredi. "Nous sommes confrontés aujourd’hui à une baisse de consommation brutale, tant en France qu’en Europe. Tous les indicateurs le démontrent. Le tableau est sombre mais nous devons le regarder en face", a alerté Joël Boueilh, le président des Vignerons coopérateurs.

"Nous pouvons incriminer la concurrence d’autres produits ou encore l’inflation (…). Nous pouvons même prétexter le problème de la loi Evin comme entrave à une pleine communication (…). Je pense, malheureusement, que le mal est plus profond: la baisse est tendancielle depuis plusieurs années et elle subit une forme d’accélération dans cette période de doutes tant social que géopolitique."

En effet, cette baisse de consommation ne date pas d'hier: alors qu'un Français buvait en moyenne 120 litres de vin par an il y a 60 ans, il en boit "seulement" 40 litres aujourd'hui, soit une chute de près de 70%. Mais d'après les Vignerons coopérateurs, qui représentent 85.000 vignerons, avec une chute de la consommation globale de vin de 10%, l'année 2022 marque "un tournant" et "une accélération" de cette baisse, notamment pour les vins rouges.

Rendre au vin ses lettres de noblesse

Il y a plusieurs explications à cela, selon les experts du secteur. D'abord, les jeunes délaissent de plus en plus le vin au profit de la bière ou d'autres spiritueux. D'autre part, il y a un changement d'habitude autour des repas, qui sont moins "ritualisés" qu'avant et une "perte de transmission dans les familles".

"Les instants de consommation changent. Les vins ne trouvent plus la même place dans les repas qui ont eux-mêmes évolués vers plus de nomadisme. Et puis, ne nous voilons pas la face, nous peinons à assurer le renouvellement des générations de consommateurs", a résumé Joël Boueilh.

Pour inverser la tendance, les vignerons comptent actionner plusieurs leviers. Ils veulent notamment "faire cesser la stigmatisation" du produit et lui rendre ses lettres de noblesse, en travaillant sur son étiquetage et en faisant mieux apparaître son origine. Ils comptent également répondre davantage aux attentes des consommateurs, en réduisant par exemple l'utilisation de produits phytosanitaires et en amenuisant l'impact carbone de leur activité. Ils ambitionnent d'autre part de faire redecouvrir le vin aux Français, au coeur des exploitations, en développant l'oenotourisme.

Pauline Tattevin