Étiquettes, budget, alternatives… le guide pour choisir son champagne pour les fêtes

À l'approche des fêtes de Noël et du Nouvel an, quelques conseils d'expertes pour acheter une bouteille de champagne.

Le champagne est un grand classique des fêtes de fin d'année. Pour Noël ou le Nouvel an, les bouteilles débouchées seront nombreuses sur les tables. Mais comment choisir son champagne?

Entre toutes les marques, toutes les mentions sur les étiquettes, il est parfois difficile de s'y retrouver. D'autant que s'invite aussi la question du budget dans le contexte inflationniste. À l'approche des fêtes, BFM Business a interrogé des expertes du vin pour réunir tous leurs conseils.

• Paz Levinson, cheffe sommelière des restaurants de la cheffe étoilée Anne-Sophie Pic, sacrée meilleur sommelier d'Argentine à deux reprises et meilleur sommelier des Amériques en 2015.
• Nadine Rosier, caviste et sommelière-conseil au sein du magasin Intermarché de Saint-Jean-du-Désert à Marseille, magasin qui a reçu le Grand prix 2021 de La Revue des vins des France dans sa catégorie.

• Comment choisir un bon champagne?

C'est la grande question que l'on se pose au moment d'acheter un champagne. Entre les maisons, les cépages, les assemblages, les millésimes ou encore la teneur en sucre, l'acheteur occasionnel est rapidement perdu au milieu des bouteilles. D'autant plus que les prix peuvent partir d'une quinzaine d'euros pour atteindre des nombres à trois chiffres. Sans surprise, il n'y a pas vraiment de réponse indiscutable: le choix de telle ou telle bouteille dépendra de l'occasion, du repas, du rapport qualité-prix selon son budget et, de l'avis de toutes les expertes, des goûts personnels.

La marque est très forte dans le champagne: on se rappelle souvent de la marque que l'on a aimé, plus rarement des caractéristiques du vin en lui-même. L'idéal, si l'on peut, est de se faire conseiller par un caviste ou un sommelier, qui pourra nous aider à trouver des vins similaires ou, au contraire, faire découvrir quelque chose de différent.

• Que faut-il regarder sur l'étiquette?

Si la mention "Champagne" et la marque, dans le cas d'une maison de champagne, occupent une grande partie de l'étiquette, il est possible de retrouver d'autres informations sur la bouteille pour connaître un peu plus le vin qui est à l'intérieur. Déjà, dans un coin de l'étiquette, on retrouve le numéro d'immatriculation du vendeur, précédé de deux initiales. Ces deux lettres, des informations obligatoirement affichées, permettent de connaître la manière dont a été élaboré le champagne – plus simplement, s'il s'agit d'une maison, d'un vigneron ou d'une coopérative.

• RM pour "récoltant manipulant": le raisin a été cultivé, récolté, vinifié et commercialisé par le vigneron, c'est ce que l'on appelle couramment un champagne de vigneron.
• NM pour "négociant manipulant": le raisin a été acheté auprès de vignerons puis vinifié par une maison, on y retrouve toutes les grandes maisons de champagne.
• CM pour "coopérative de manipulation": le vin a été élaboré à partir des raisins récoltés par les vignerons adhérents d'une coopérative, qui commercialise le champagne.
• MA pour "marque d'acheteur": des bouteilles achetées par une enseigne de grande distribution ou une chaîne de restaurants, qui appose juste une étiquette.

D'autres mentions doivent également figurer sur l'étiquette de la bouteille, comme la teneur en sucre (du plus sucré au quasi-zéro sucre: doux, demi-sec, brut, extra-brut, brut nature). Le champagne étant un vin d'assemblage, certaines mentions sont facultatives, comme les cépages (chardonnay, pinot noir, pinot meunier), la composition de l'assemblage ("blanc de blancs" signifie qu'il y a uniquement des raisins blancs, "blanc de noirs" uniquement des raisins noirs) ou encore le millésime (100% des raisins récoltés proviennent de l'année indiquée).

Le conseil de Paz Levinson. "Un autre détail très important est la date de dégorgement, c'est-à-dire depuis combien de temps ce champagne circule sur le marché. Six mois après le dégorgement, il est très bien. Par ailleurs, sur l'étiquette, de plus en plus de vignerons mentionnent la parcelle, l'histoire, le type de sol. Et bien sûr, il faut être attentif au nom du vigneron qui fait toute la différence!"

• Vaut-il mieux acheter un champagne de vignerons?

Malgré l'omniprésence des grandes maisons, les champagnes de vignerons se sont taillés une place grandissante et l'on retrouve aujourd'hui leurs bouteilles un peu partout. Outre un prix souvent moins élevé, ils bénéficient aussi d'une image d'authenticité ou de petite production, répondant aux nouvelles habitudes de consommation. Mais difficile de prédire la qualité d'une bouteille à partir du statut de son élaborateur. Encore une fois, rien ne présage de ce que l'on retrouve à l'intérieur. Leur principale qualité est d'apporter une diversité nouvelle en Champagne.

Le conseil de Nadine Rosier. "Je travaille avec des vignerons récoltants peu connus que je mets en avant dans mon magasin. Le problème du champagne, c'est que l'on achète d'abord un nom sur la bouteille. Or, avec le champagne de vigneron, on peut avoir l'impression d'un champagne bas de gamme. Il ne faut pas forcément se fier à l'étiquette. Si l'on est invité et que l'on apporte un champagne de vigneron, il faut prendre le temps d'expliquer que l'on a été conseillé."

Le conseil de Paz Levinson. "L'important est de choisir un champagne qui nous plaît et qui nous fait plaisir. Les deux mondes du champagne, maison ou vigneron, cohabitent dans cette région. Les deux acteurs sont clefs, intéressants et contribuent à la diversité. Plus que par maison ou par vigneron, je choisirais par style, arômes, modes de vinification, prix, âge... La Champagne est une région qui compte de nombreux producteurs talentueux et de nombreuses maisons avec une tradition et un savoir-faire difficile à trouver ailleurs."

• Peut-on trouver un bon champagne en supermarché?

Pour une grande partie des acheteurs occasionnels, le supermarché est le premier réflexe. Les prix y sont généralement un peu plus doux qu'ailleurs – certaines enseignes proposent des bouteilles à moins de 20 euros. Mais la sélection est très aléatoire et varie d'un magasin à l'autre. Par ailleurs, il faut faire attention à la conservation du vin, notamment en cas de champagnes trop exposés à la lumière. Certains supermarchés proposent néanmoins de très bonnes sélections et il n'est pas rare qu'ils emploient un sommelier professionnel pour guider leurs clients.

Le conseil de Nadine Rosier. "En grande distribution, on retrouve des maisons de champagne qui ont l'habitude de travailler avec la grande distribution. Là-dedans, il y a des cuvées meilleures que d'autres. Mais les maisons connues sont souvent un bon compromis s'il n'y a personne pour nous conseiller, car ce sont des champagnes bien faits. Si l'on veut choisir un bon champagne, plus original, il vaut mieux choisir un supermarché où travaille un sommelier qui peut nous conseiller."

Pourquoi les ventes de champagne plongent-elles cette année?

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• Quel budget pour une bouteille de champagne?

Le champagne, c'est cher. Le processus de fabrication du champagne, de même que les raisins, sont plus coûteux que pour un vin tranquille, à quoi s'ajoutent les marges, la TVA et le marketing. Mais il existe de bonnes affaires si l'on a un budget serré et que l'on veut quand même boire une bonne bouteille, à condition de prendre un peu de temps pour se faire conseiller, d'être curieux et de ne pas forcément chercher la grande marque habituelle, soulignent nos expertes. Par ailleurs, pour un champagne de qualité, il faut se méfier des champagnes aux prix trop alléchants.

Le conseil de Paz Levinson. "Le champagne est plus cher à produire qu'un vin tranquille. Il faut dépenser entre 30 et 35 euros minimum si l'on veut un champagne avec un bon rapport qualité-prix. Pour les petits budgets, il existe d'excellentes alternatives dans le monde, comme le crémant d'Alsace ou de Bourgogne, à des prix plus sympathiques."

Le conseil de Nadine Rosier. "Il est possible d'acheter un bon champagne entre 20 et 35 euros, mais il faut demander du conseil auprès d'un spécialiste. En supermarché, avec un conseiller professionnel, on peut trouver de bonnes références pour une vingtaine d'euros. S'il n'y a pas du tout de conseil, il vaut mieux se tourner vers un autre vin effervescent que le champagne pour ce budget-là."

• Le champagne, c'est forcément au dessert?

Le champagne pour le dessert du repas du Noël ou du Nouvel an, c'est une quasi-institution française. Pourtant, assurent toutes nos expertes, le champagne est un vin polyvalent qui accompagne très bien tous les moments du repas… sauf le dessert dans la plupart des cas. C'est le degré de sucre du champagne qui détermine le plat que l'on y associera. Du brut nature à l'apéritif, de l'extra-brut au moment de l'entrée, du brut pour la volaille ou les fromages, à titre d'exemple. Le champagne rosé, lui, peut s'inviter à la fin du repas, avec des desserts aux fruits.

Le conseil de Nadine Rosier. "Le dessert n'est souvent pas le bon moment pour boire du champagne. Et surtout pas de champagne avec le chocolat! Il donne une amertume en bouche. C'est très bien avec les fruits de mer, les crustacés, la volaille. On peut faire un repas entier au champagne, jusqu'aux fromages. Mais c'est comme tout: cela reste surtout une question de goût."

Le conseil de Paz Levinson. "L'une des erreurs les plus courantes lors des fêtes est d'accompagner les desserts sucrés d'un champagne brut ou extra brut. Dans ce monde, on oublie le sucre et parfois je me sens un peu triste, car tous les vins deviennent secs et ceux qui sont plus sucrés sont laissés de côté. Le champagne doux ou demi-sec accompagne parfaitement les desserts sucrés, notamment les millefeuilles, les desserts croquants, fruités ou aux fruits secs."

• Quelles sont les alternatives pour les fêtes?

Traquer les bons plans pour le champagne n'est pas la seule solution pour trinquer à moindre coût. Plutôt qu'un champagne, il est possible de se tourner vers un crémant, bien moins cher. Certains d'excellente qualité, au-delà de 10 euros la bouteille, peuvent se substituer à un champagne d'entrée de gamme au même prix. Le choix est large en France: Alsace, Jura, Bourgogne, Loire, Bordeaux… Si l'on ne veut pas de crémant, reste encore le vouvray ou la clairette de Die. Les vins effervescents venus d'autres pays, comme l'Italie ou l'Espagne, réservent aussi de bonnes surprises.

Jérémy Bruno Journaliste BFMTV