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Encadrement des promotions: le député Descrozaille raille la demande du patron de Carrefour

Le patron de Carrefour souhaite un moratoire sur la loi Descrozaille qui vise à encadrer les promotions non-alimentaires en grande distribution. Le député lui propose d'autres pistes et s'interroge sur la méthode.

Passe d'arme entre le patron de Carrefour et le député de la 1ere circonscription du Val de Marne Frédéric Descrozaille à l'origine de la loi éponyme. Cette loi qui n'est pas encore entrée en application vise à encadrer certaines promotions non-alimentaires en grande distribution. Un encadrement qui irrite Alexandre Bompard au vu du contexte d'inflation actuel.

"Cette loi nous conduit à limiter les promotions que nous faisons dans la droguerie, pour les produits d'hygiène, pour les produits de soin à 34%. Or, il faut comprendre que 1 à 2 Français sur 10 se privent actuellement de produits d'hygiène. Cette loi ne bénéficie qu'à trois grandes multinationales mondiales. Eux vont augmenter leurs marges alors que la privation de consommation est là" estimait-il sur Franceinfo ce mardi.

Et de demander au gouvernement un moratoire d'un an sur l'application de cette loi.

Dans un courrier daté du 31 août, Frédéric Descrozaille lui répond, faisant part d'"une certaine perplexité devant l'écart de proportion entre votre requête et la gravité des situations les plus précaires".

"Une opération de communication"

Et d'inviter le PDG du numéro deux de la distribution en France à envisager d'autres pistes.

"L’augmentation du nombre de promotions, tout d’abord: le pourcentage de volumes promus dans le secteur non alimentaire de la Grande consommation est de 18,9%. Il pourrait être de 25%, ce qu’autorise la Loi (...) Je ne doute pas que vous aurez à cœur de vous y attaquer, ce qui pourrait permettre à de multiples PME françaises de financer de tels programmes de promotions – alors qu’elles n’accèdent pas aux "grosses" promotions que vous revendiquez de pouvoir maintenir, faute de pouvoir se les offrir".

Jean-Philippe André, président de l'ANIA - 23/03
Jean-Philippe André, président de l'ANIA - 23/03
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Autre possibilité, le "fameux "SRP+10", cette disposition législative qui vous garantit 10 points de marge, dont le seuil de revente à perte est majoré. (...) Si cette utilité devait s’avérer douteuse, il serait alors pertinent de songer à la supprimer et ce serait plus de 600 millions d’euros par an dont pourraient profiter les consommateurs".

Le député s'interroge enfin sur le timing et la méthode. "Je conçois fort bien que vous saisissiez l’occasion d’un rendez-vous rendu public avec le Ministre de l’Économie pour proposer le report d’une disposition dont, pourtant, aucun bilan ne saurait être dressé, et pour cause: elle n’est encore même pas en vigueur. Mais je note que vous avez eu l’élégance de saisir le législateur par la publication de cette lettre ouverte, concomitante dudit rendez-vous".

"D’aucuns pourraient penser qu’il s’agit là d’une opération de communication qui fait peu de cas du principe de séparation des pouvoirs et du respect du travail parlementaire mais, pour ma part, je n’attache pas la plus petite importance à cette odieuse hypothèse" ironise-t-il.
Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business