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En 20 ans, Paris a perdu ses boucheries et ses garages mais a fait le plein de magasins bio

La Ville de Paris perd des commerces

La Ville de Paris perd des commerces - Pixabay

L'association Apur a dévoilé ce jeudi une étude sur l'inventaire des commerces et surtout l'évolution des dernières années dans la capitale.

Années après années, Paris perd ses habitants… mais aussi ses commerçants! En trois ans (2017-2020), la capitale a perdu 1164 établissements, révèle une étude réalisée par l'association Apur (Atelier parisien d’urbanisme) publié ce jeudi. Pourtant, le nombre total de commerces et services commerciaux restait relativement stable entre 2003 (62.763) et 2017 (62.705) avant une chute plus brutale ces trois dernières années.

"Cette diminution des commerces et services est le résultat d’un nombre très important de mouvements: près de 16.700 mouvements enregistrés en 3 ans et demi", indique l'étude.

Mais cette baisse générale masque des disparités importantes entre les types de commerces et pointe en réalité les grandes dynamiques dans la capitale.

Le carton du bio

Grands gagnants de ces dernières années: les magasins bio. En trois ans, 200 commerces bio ont ouvert leurs portes soit une progression de leur effectif de +67%. Depuis 2011, c'est même une hausse de 175%, de loin la plus forte hausse, tous commerces confondus.

Les supérettes ont aussi connu une explosion en près de 20 ans, passant de 245 à désormais 674 commerces. Là encore, il faut regarder du côté du bio puisque les supérettes spécialisées dans le bio représentent désormais plus d'un quart du total.

De nombreux commerces de bouche reviennent aussi à la mode. Le nombre de cavistes a bondi en 20 ans (+75% depuis 2000) même si leur nombre total n'a plus évolué depuis 2017. Les crémeries et fromageries reviennent à Paris aussi après avoir décliné (+13% entre 2017 et 2020).

Si la crise a bousculé le secteur de la restauration, le nombre de restaurants traditionnels reste en hausse (6449 en 2020, +6% en trois ans) mais l'augmentation est plus marquée pour la restauration rapide (+1566 nouveaux établissements en 20 ans, +12% sur les trois dernières années) pour un total actuel de 2658 établissements.

Nouveau moyen de transport, le vélo s'est aussi fait une place à Paris. Sans surprise, le nombre de commerces de vente ou de réparation a bondi (+29% depuis 2017).

Les boucheries à la peine, le prêt-à-porter aussi

De l'autre côté du spectre, les boucheries ont connu un déclin important. "En 20 ans, un tiers des boucheries parisiennes ont disparu (-15 par an environ)", indique l'étude qui en répertorie 516 à Paris. Manque de repreneurs, déclin de la consommation de viande et concurrence de la grande distribution expliquent le phénomène. Dans certains arrondissements, les boucheries se comptent désormais sur les doigts de la main.

Les poissonneries ne sont pas en meilleure forme. "Paris ne dispose plus que de 80 poissonneries sur rue en 2020", précise l'étude qui souligne un déclin lent mais régulier depuis 20 ans. Là encore, la grande distribution, et ses rayons poissonneries, poussent à la fermeture.

Les magasins de prêt-à-porter commencent aussi à disparaître, concurrencés par le commerce en ligne. "Plus de 700 établissements ont disparu depuis 2017 soit une baisse de 15%", indique l'étude. Sans surprise, les commerces de gros de textile et d’habillement sont désormais en voie de disparition, leur nombre ayant été pratiquement divisé par deux depuis 2017.

Les ventes de journaux et kiosques diminuent aussi rapidement (-15% en trois ans) tout comme les garages dont le nombre a été divisé par deux entre 2000 et 2020. Les 1er, 2ème et 3ème arrondissements n'en comptent plus aucun.

Les garages automobiles ont également fortement décliné: -55% depuis 2000. "Il reste 203 garages automobiles en activité dans Paris en 2020. Leurnombre a beaucoup diminué depuis2000 (-249 garages soit -55 % entre 2000 et 2020), en parallèle de la baisse du taux de motorisation des ménages parisiens qui est passé de 55 % en 1999 à 34 % en 2018. Les garages sont désormais presque absents du centre de la capitale. Avec l’augmentation des prix du foncier et le fait qu’ils occupent souvent de grandes surfaces, les garages qui ferment sont recherchés par les investisseurs pour y construire à la place des commerces et des logements plus rentables économiquement", peut-on lire dans l'étude de l'Apur.

Enfin, les sex-shops ont perdu de la vigueur. Il n'en reste que 69 dans la capitale, contraints à fermer en raison du e-commerce mais aussi de la politique de la ville.

Thomas Leroy Journaliste BFM Business