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Elle débarque maintenant en supermarché: la culotte menstruelle séduit de plus en plus de femmes

Réjéanne vient de faire son entrée au Bon Marché à Paris.

Réjéanne vient de faire son entrée au Bon Marché à Paris. - Réjéanne

Depuis deux ans, les marques de culottes menstruelles se multiplient. Ces protections périodiques durables font un carton, au point de faire leur entrée dans les grands magasins et les supermarchés en cette rentrée 2019.

Thinx, Lunapads, Réjeanne, Blooming, Fempo, Marguette, Les culottées… Vous ne connaissez peut-être pas ces toutes jeunes marques. Elles sont pourtant désormais des dizaines, lancées ou prêtes à le faire, sur le marché de la culotte menstruelle.

Après la cup, c’est la dernière-née des alternatives aux tampons et serviettes, si peu écologiques, abordables et transparents sur leur composition. Rien à voir avec les langes de nos grand-mères, ces culottes ont tout des sous-vêtements classiques, à l'exception d'une légère épaisseur en plus au niveau de l’entre-jambe, où des couches absorbantes et imperméables recueillent le flux menstruel.

Selon les marques, leur absorbance peut atteindre l’équivalent de quatre tampons. Elles tiennent toute la journée, et il suffit de les rincer à l’eau en rentrant, puis de les passer en machine. Elles sont donc réutilisables à chaque cycle et leur durée de vie moyenne est de cinq ans.

Ces arguments, transmis via le bouche-à-oreille entre copines, ou relayés par des bloggeuses et des youtubeuses célèbres, ont fait décoller la culotte menstruelle en quelques mois. En 2017, une seule marque en produisait, l’américaine Thinx. Depuis, l’offre s’est étoffée d'une vingtaine de marques rien qu’en France, qui fabriquent des culottes de plus en plus jolies, de toutes formes - du slip classique au tanga, en passant par le shorty et la culotte taille haute-, agrémentées de dentelle et autres détails sexy.

De quoi séduire les magasins les plus chics. Ces sous-vêtements jusque-là uniquement vendus en ligne ont fait leur entrée dans les boutiques physiques ces derniers mois. Au début de l’été 2019, Thinx a ouvert son corner aux Galeries Lafayette des Champs Élysées. Réjeanne, un concurrent français haut de gamme, s'est de son côté installé dans un espace éphémère au Bon Marché jusqu’à la fin-octobre. Enfin Blooming vient de débarquer dans les Auchan, et Monoprix commencera à les distribuer en novembre prochain.

Carton sur les plateformes de crowdfunding

Si les distributeurs s’y mettent, c’est que la demande est bien là. Chez Réjeanne par exemple, moins d'un an après le lancement, des milliers de culottes sont achetées chaque mois, et les ventes ont été multipliées par cinq depuis début 2019, se réjouit la porte-parole de la marque française.

Passée par le crowdfunding en 2018 pour boucler son financement, Réjeanne est devenu le projet féminin le plus soutenu de l'histoire d'Ulule, avec 200.000 euros investis. Même écho chez Mme L’Ovary, qui cherchait à récolter 5000 dollars auprès des internautes, et qui en a finalement reçu… 45.000 !

"Toutes les marques qui ont tenté le financement participatif ont explosé leur nombre de préventes. Elles ont été prises au dépourvu par ce succès", raconte Justine Leroy, rédactrice pour WhatWhat, spécialiste des culottes menstruelles, qui a d’ailleurs été sollicitée par ces marques pour essayer leurs modèles et leur faire des retours.

Mme L'Ovary
Mme L'Ovary © Mme L'Ovary

Un investissement de départ important

Qui achète ces sous-vêtements absorbants? Toutes les femmes, à écouter Réjeanne. "Nos clientes ont entre 25 et 50 ans. Mais après la publication de vidéos sur YouTube comme celle d’EnjoyPhoenix, qui a fait plus de 600.000 vues, nous avons vu arriver de plus en plus de clientes milléniales voire même génération Z".

Seul problème pour ces jeunes femmes qui n'ont pas forcément beaucoup de moyens: le prix. "Ces culottes coûtent en moyenne entre 35 et 40 euros pièce. Ça représente un gros investissement de départ parce qu’il faut en acheter au moins trois pour un cycle. Donc ça freine beaucoup de jeunes femmes, même si sur le long terme, la culotte est beaucoup plus économique que de dépenser 5 à 7 euros par mois en protections à usage unique pendant 38 ans de règles", détaille Justine Leroy.

En tout cas, quel que soit leur âge, visiblement, celles qui essaient la culotte menstruelle l’adoptent. "Notre produit est très bien accueilli car beaucoup de femmes sont insatisfaites des protections hygiéniques existantes", explique-t-on chez Réjeanne.

La peur des perturbateurs endocriniens

En cause: l'impact écologique des 10.000 à 15.000 protections menstruelles jetables que chaque femme utilise au cours de sa vie. Mais aussi l’inconfort des protections traditionnelles, le stress lié au syndrome du choc toxique et à la présence de perturbateurs endocriniens dans les protections à usage unique. Et enfin le manque de transparence des producteurs de tampons et de serviettes sur la composition de leurs produits. Pour Justine Leroy, ces marques font de beaux discours sur l'empowerment des femmes mais n'agissent pas. L'avènement des culottes menstruelles, avec des marques majoritairement créées par des femmes, aura le mérite de leur faire comprendre "que notre corps est sacré et qu’elles ont l’obligation de le respecter".

Nina Godart