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Electricité: que se passera-t-il chez vous en cas de baisse forcée de la consommation?

Le gouvernement travaille sur un projet de décret pour limiter la puissance électrique disponible chez les foyers équipés d'un compteur Linky, en cas de forte pression sur le réseau, notamment en hiver. Voici les conséquences qu'une telle mesure pourrait entraîner chez vous.

Éviter un blackout, une coupure généralisée d'électricité. C'est la raison qui pousse le gouvernement à élaborer un projet de décret permettant de limiter la puissance électrique fournie aux quelque 200.000 foyers équipés d'un compteur Linky en France, selon La Tribune. Si ce texte est adopté, il ouvrira la voie à un test, dès publication du décret et jusqu'au 31 mars 2024, qui se traduira par un abaissement de la puissance maximale accordée aux clients des fournisseurs d'électricité.

Cette expérimentation devrait avoir lieu lors d'un jour ouvré, pendant une durée maximale de quatre heures, "entre 6h30 et 13h30 et entre 17h30 et 20h30", a confié à La Tribune une source proche du dossier. Les compteurs Linky vont permettre de la mettre en oeuvre, dans la mesure où ils offrent la possibilité de moduler en avance la puissance maximale pouvant être soutirée par un ménage.

Une puissance de 6 kVA généralement fournie

Qu'est-ce que cela changera concrètement si vous êtes équipé de ce type de boîtier? Les ménages possédant un compteur Linky bénéficient d'une puissance de 3 à 36 kilovoltampère (kVA), selon Enedis, le gestionnaire du réseau public de distribution d'électricité. La plupart des Français optent plus précisément pour une puissance de 6 kVA, qui apparaît adéquate pour un logement de moins de 80 m2, avec chauffage électrique, ou "pour un plus grand appartement mais chauffé au gaz", précise le fournisseur d'énergie Engie.

Nous ne savons pas encore quelle limitation l'exécutif compte imposer aux Français. Mais selon la puissance maximale accordée, un nombre plus ou moins grand d'appareils pourront fonctionner en même temps à votre domicile. "Si vous vous chauffez avec une pompe à chaleur (PAC), celle-ci risque de tirer trop fort et donc de faire sauter le courant chez vous !", a assuré un fournisseur d'énergie à La Tribune.

Pour une surface de moins de 50 m2, une puissance de 3 kVA de votre compteur électrique est généralement suffisante, selon Engie. Pour un appartement de plus de 80 m2 chauffé à l'électricité, une puissance de 9 kVA est en revanche conseillée.

3 kVA, le plus faible niveau disponible sur le marché

Dans le détail, 3 kVA convient pour un logement dont le chauffage et l’eau chaude ne sont pas assurés par l'électricité, avec frigo, télévision et appareils de cuisine les plus courants, en dehors du four électrique, précise le comparateur d'offres des fournisseurs d'électricité LeLynx.fr. Ce niveau de puissance est le plus faible disponible actuellement sur le marché.

Avec 6 kVA, il est donc possible de se chauffer en plus à l'électricité, si la taille du logement reste modérée (inférieure à 80 m2). Et vous pouvez en outre utiliser un lave-linge ou un lave-vaisselle en même temps que d'autres équipements ménagers.

Risque de voir votre compteur disjoncter

Si la puissance dont vous disposez est trop faible pour faire fonctionner vos appareils au même moment, vous risquez alors de voir votre compteur disjoncter et donc votre électricité coupée.

L'expérimentation prévue par le gouvernement ne prévoit ni recours ni indemnisation possible par l'Etat. Les clients identifiés "comme patients à haut risque vital" ne devraient toutefois pas se voir appliquer de limitation de la puissance électrique. Et l'ensemble des foyers concernés par des tests seront informés par voie postale.

"Ce mécanisme ne serait activé que si tous les autres leviers étaient insuffisants pour éviter un écroulement du réseau électrique", a précisé le ministère de la Transition énergétique à La Tribune. Des cas de figure extrêmes, "qui ne se sont jamais produits", assure la ministre Agnès Pannier-Runacher à BFMTV.

"La France est d’ailleurs exportatrice d’électricité depuis le début de l'année 2023", ajoute-t-elle. S'il est adopté, ce dispositif visera donc avant tout à éviter, le cas échéant, "de recourir aux coupures d'électricité pour les ménages, comme le prévoit le cadre actuel en vigueur depuis plus de 30 ans", conclut la ministre de la Transition énergétique.

Thomas Chenel