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Données personnelles: les Français ne sont pas prêts à payer pour mieux les protéger

32% des Français se disent très bien informés de la législation destinée à protéger leurs données.

32% des Français se disent très bien informés de la législation destinée à protéger leurs données. - Saul Loeb - AFP

Les internautes français ont tout à fait conscience de l'exploitation de leurs données personnelles par les géant du Web. Mais ils ne font pas grand chose pour y remédier et ne sont pas non plus prêts à payer plus cher pour des services qui les respecteraient.

Ce jeudi aura lieu pour la 7e année la journée internationale de la protection des données (la 15e en Europe) censée sensibiliser les populations sur cette question. L'occasion de prendre le poul de la perception des Français face au problème prégnant de l'exploitation quasi sans limites de leurs données par les géants du Web et de l'ecommerce.

La médiatisation des affaires de vol de données et les efforts de pédagogie des pouvoirs publics et des acteurs de la sécurité ont porté leurs fruits. Sept Français sur dix se disent préoccupés par cette question selon un récent sondage.

Selon une étude* d'OpenText, 32% des Français se disent très bien informés de la législation destinée à protéger leurs données et seulement 11% jugent que les entreprises remplissent aujourd’hui leurs obligations légales concernant cette protection.

Un Français sur 10 juge que les entreprises jouent le jeu

Conséquence, 23% se disent prêts à entrer, de leur propre initiative, en contact avec une entreprise afin de vérifier l’utilisation faite de leurs données personnelles ou la conformité de leur conservation. Et 9% a déjà effectué cette démarche au moins une fois.

Pour autant, 86% des personnes interrogées n’ont "aucune idée" du nombre d’entreprises qui utilisent, stockent ou accèdent à leurs données personnelles, telles que leur adresse e-mail, leur numéro de téléphone ou leurs coordonnées bancaires.

Bref, il y a là un certain paradoxe. Les Français ont pleine conscience de la problématique, affichent une défiance argumentée face aux géants du Web... mais se laissent porter.

"Les internautes n’adoptent pas toujours les bonnes pratiques en matière de sécurité, de confidentialité en ligne ou encore d’identité, alors que celle-ci est personnelle, et mérite donc la plus grande attention. Cela s’explique à la fois par la résistance au changement, mais aussi par le manque d’intérêt, et parfois de connaissances", commente Kris Imbrechts, Directeur régional Europe du Nord et du Sud chez Auth0 (un éditeur de sécurité).

De passifs à proactifs

L'utilisateur doit donc être plus proactif face à ce problème et ne pas se reposer uniquement sur la législation en place.

"Nous ne communiquons pas les informations relatives à nos cartes de crédit ou nos antécédents médicaux à un inconnu dans la rue, alors pourquoi cédons-nous régulièrement les droits sur nos données personnelles à des tiers? La protection de l’identité digitale ne doit pas être considérée comme un sujet complexe. Quelques ajustements simples peuvent permettre de maîtriser sa vie privée et de se protéger contre les menaces", poursuit le responsable.

La gratuité des services Web est souvent un piège qui est mal perçu par les internautes. Les données personnelles sont la contre-partie de cette gratuité. "Il est nécessaire de déterminer si la contrepartie procurée par le libre accès à un logiciel ou à une application est suffisamment importante pour qu'elle justifie de partager ses données personnelles. Dans le cas contraire, il faut alors envisager d'investir dans la version payante, qui offre généralement un plus grand contrôle sur les paramètres de confidentialité", explique Kris Imbrechts.

Mais les internautes sont-il prêts à mettre la main à la poche, abreuvés depuis toujours par cette fausse gratuité? En France, pas vraiment. Toujours selon l'étude d'OpenText, seulement 17% des Français seraient prêts à payer plus cher leurs achats auprès d’une entreprise qui s’engage à protéger la confidentialité de leurs données personnelles, soit une proportion nettement inférieure à leurs homologues anglais (49%), allemands (41%) ou espagnols (36%).

*: Étude réalisée via Google Surveys en avril-mai 2020. 12.000 consommateurs ont été interrogés anonymement en Allemagne, en Australie, au Canada, en Espagne, en France, au Royaume-Uni et à Singapour. Le panel français comprenait 2000 participants.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business