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Dioxyde de titane: pas d’interdiction immédiate malgré le dernier rapport de l'Anses

Le dioxyde de titane est notamment utilisé dans la fabrication de certaines confiseries

Le dioxyde de titane est notamment utilisé dans la fabrication de certaines confiseries - CC

Les associations réclament son interdiction depuis des mois, l’additif alimentaire E171 constitué de nanoparticules de dioxyde de titane va-t-il disparaître de nos assiettes ? Un rapport remis aujourd’hui au gouvernement confirme qu’il n’existe pas de preuve de l’innocuité de cet additif alimentaire controversé.

"Il n’y a pas d’éléments nouveaux permettant de lever les incertitudes sur l’innocuité de l’additif E171". Voilà la conclusion du rapport de l’Anses, commandé par le gouvernement, au début de l’année. L’agence de sécurité sanitaire de l’alimentation rappelle notamment avoir déjà publié en 2017 une expertise sur une étude "mettant en évidence des effets promoteurs potentiels de la cancérogenèse chez le rat".

Depuis, 25 nouvelles études ont été recensées. Selon l’Anses, "certaines mettent en lumière la modification de mécanismes biologiques cellulaires chez la souris ou des anomalies du développement chez des invertébrés et, d’autre part, des effets génotoxiques in vitro via le stress oxydant".

Dans ces conditions, l’Anses recommande, de nouveau, de "limiter l’exposition des travailleurs, des consommateurs et de l’environnement, notamment en favorisant des produits sûrs et équivalents en termes de fonction et d’efficacité, dépourvus de nanomatériaux". Elle regrette aussi le manque de certaines données sur le dioxyde de titane, et souhaite que ces données soient mises à disposition par les fabricants.

"Ce que dit l’Anses en creux, c’est que c’est aux fabricants de prouver que leur produit n’est pas dangereux", selon Olivier Andrault, chargé de mission agriculture et alimentaire à l’UFC-Que Choisir

Et maintenant, l’interdiction ?

Depuis des mois, les associations de consommateurs réclament l’interdiction du dioxyde de titane, les parlementaires avaient d’ailleurs voté pour, et Brune Poirson, secrétaire d’Etat à la Transition Ecologique, s’était engagée à ce que cet additif soit banni de nos assiettes avant la fin 2018. Mais l’interdiction était toujours bloquée par Bercy. Le ministre de l’économie refusait jusqu’à présent de signer l’arrêté ministériel permettant de mettre en œuvre la loi.

Face au tollé provoqué par ce refus, Bruno Le Maire s’était engagé dans un communiqué publié au début de l’année à faire interdire l’E171, une fois le rapport de l’Anses remis, "afin de réunir les conditions juridiques à cette interdiction". 

Il y bien aura une interdiction, explique-t-on dans l’entourage de Bruno Le Maire. Reste à savoir quand. Selon nos informations, le gouvernement veut laisser le temps aux entreprises de se retourner, et cette suspension n’interviendra sans doute pas avant le début d’année prochaine, le temps également de tenter de convaincre la Commission européenne du bien-fondé de cette décision, car la France serait le premier pays à interdire cet additif alimentaire.

Les associations ne veulent plus attendre

Pas sûr que ce nouveau report potentiel soit du goût des associations de consommateurs. Dans un communiqué, Foodwatch et Agir pour l’Environnement "rappellent que c’est un engagement que le Ministre de l’Economie avait pris, après un rétropédalage inquiétant", et elles lui "demandent la suspension immédiate du dioxyde de titane dans l’alimentation, sans délais ni dérogations ".

L’UFC Que Choisir pour sa part demande également une application immédiate de la recommandation de l’Anses. "Le ministre doit prendre ses responsabilités. Il doit garantir la sécurité des consommateurs", conclut Olivier Andrault. L’association de consommateurs demande également l’interdiction du Dioxyde de titane dans les médicaments et dans les cosmétiques qu’on ingère, comme les dentifrices, notamment les dentifrices pour enfants.

Marie Dupin (RMC)