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De 15 à 18 cts par litre: pourquoi toutes les stations-service ne pourront pas appliquer la remise?

Certaines d'entre-elles devront d'abord vider leurs cuves avant de pouvoir acheter du carburant vendu moins cher par les pétroliers.

Alors que le pétrole a encore flambé cette semaine, la remise de 15 centimes au litre d'essence promise par le gouvernement sera effective vendredi prochain, le 1er avril. Un vrai ballon d'oxygène pour les automobilistes d'autant plus que cette remise pourra même atteindre 18 centimes dans certains cas.

Techniquement, les distributeurs bénéficieront en amont de la remise, au niveau des centrales d'achat, dès ce dimanche, ce qui devrait permettre au dispositif d'être fluide au moment de son entrée en vigueur.

Pour autant, rien ne dit que toutes les stations-service du territoire pourront appliquer ce rabais dès le début de l'opération. Comme le révèle RMC, certaines d'entre-elles devront d'abord vider leurs cuves avant de pouvoir acheter du carburant vendu moins cher par les pétroliers. Car ce sont eux qui appliquent la remise au départ, remise ensuite répercutée par les gérants des stations.

Les petites stations pénalisées mais aidées

"Cela peut prendre entre deux jours et, dans les cas extrêmes, trois semaines. C'est une question de débit: une station-service qui n'a pas beaucoup de clients mettra plus de temps à épuiser son stock contrairement à des stations autoroutières et de grande distribution qui vont pouvoir se réapprovisionner très vite", explique au Figaro Frédéric Plan, délégué général de la fédération française des combustibles, carburants et chauffage (FF3C).

Le gouvernement a néanmoins pris en compte cette spécificité des petites stations indépendantes "qui ne peuvent renouveler leurs cuves que tous les 10 voire 20 jours". "Afin d’être en mesure de pouvoir appliquer la remise dès le 1er avril comme les autres acteurs, et sans que cela ne pèse sur leur trésorerie, une avance forfaitaire de 3000 euros, à rembourser au plus tard le 16 septembre, leur sera versée par l’Agence de services et de paiement (ASP)" peut-on lire dans un communiqué du gouvernement diffusé ce samedi.

Il faudra également s'attendre à une forte demande, estime le responsable d'autant plus que l'opération débute un vendredi, jour de la semaine où les automobilistes seraient les plus nombreux à faire le plein. La possibilité pour les camions-citernes de rouler les dimanches pour réapprovisionner les stations devrait néanmoins permettre d'éviter toute rupture de stock.

Restrictions en Corse?

En Corse, la remise pourrait être associée à des restrictions. En effet, la vente de carburants est désormais limitée à 20 litres d'essence ou 30 litres de gasoil par jour et par véhicule, et ce pour une semaine, afin d'éviter une pénurie liée au blocage des dépôts pétroliers de l'île, ont annoncé les préfets locaux.

Par ailleurs, les stations-services "cesseront toute distribution de carburant dès lors qu'il ne leur restera que 25% du stock disponible pompable", afin de garantir l'approvisionnement des usagers prioritaires.

Selon les préfectures, des réapprovisionnements sont prévus entre samedi et lundi et seront complétés au cours de la semaine suivante. Un retour à la normale est prévu "en fin de semaine prochaine". Reste à savoir s'il sera effectif au moment du début de l'opération le 1er avril.

Trois milliards d'euros

Face à l'envolée des prix du carburant et à moins d'un mois de la présidentielle, le Premier ministre Jean Castex avait annoncé à la mi-mars cette remise à la pompe, à partir du 1er avril et pendant quatre mois. Trois milliards d'euros de crédits seront consacrés à cette mesure qui, après le gazole et l'essence, a été étendue au GPL et au GNL.

Selon les chiffres officiels publiés lundi, le prix des carburants routiers vendus dans les stations-services françaises ont reculé sous les 2 euros en moyenne la semaine dernière, baissant pour la première fois depuis le début de l'année.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business