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Coronavirus: les prix des masques de protection vendus en ligne explosent

Le prix des masques explosent sur internet

Le prix des masques explosent sur internet - FRED DUFOUR / AFP

Sur les plateformes de e-commerce, nombreux sont les vendeurs à profiter de l'épidémie de coronavirus pour augmenter le prix des masques de protection, alors que la plupart des pharmacies sont en rupture de stock.

Depuis le début de l’épidémie de coronavirus, 17 personnes contaminées ont été recensées en France et deux sont décédées. Ailleurs en Europe, le compteur s'affole une peu plus chaque jour, notamment en Italie où 374 cas ont été diagnostiqués. Difficile à contenir, la propagation rapide du virus inquiète de plus en plus les populations qui se ruent dans les pharmacies pour se procurer des masques de protection.

Cette augmentation soudaine de la demande a rapidement vidé les étals des officines qui ne parviennent plus à se rééquiper. Le distributeur Phoenix Pharma, qui travaille avec 3500 pharmacies en France et fournit en moyenne 40 boîtes de 20 masques par mois, confirme ne plus avoir les stocks suffisants car ses fournisseurs, qui s'approvisionnent auprès de fabricants étrangers, "sont eux-mêmes en rupture de stock", indique le directeur général de l'entreprise Jean-Claude Courtoison, précisant que "c'est un produit très peu vendu habituellement".

Dans ces conditions, difficile pour les pharmacies de satisfaire la demande des clients.

"Aujourd’hui, on n’arrive plus à avoir de masques, c’est très rare", explique Gilles Bonnefond, président de l’Union des syndicats de Pharmaciens d’Officine (USPO). D’autant que "les fournisseurs en ont profité pour augmenter leurs prix, donc les pharmaciens sont coincés", poursuit-il.

Résultat, la plupart n’en vendent plus. Et ceux qui disposent encore de quelques articles les échangent souvent au prix fort, comme nous l'avons constaté dans une pharmacie du XVe arrondissement de Paris où les masques FFP2 (modèle recommandé) sont vendus 7 euros l'unité.

Les hôpitaux eux-mêmes sont victimes de cette dérive inflationniste. Selon Le Canard Enchaîné, le distributeur français Paredes qui fournit des établissements bretons a multiplié ses prix par 2,66. Pour se justifier, l’entreprise indique "simplement répercuter à (ses) clients l’augmentation du prix d’achat des masques qui ont fait X3 (triplé) depuis le 1er février auprès de (son) propre fournisseur".

Explosion des prix sur Amazon

Même les pharmacies en ligne peinent à se fournir. Sur le site de New Pharma comme sur celui de Shop-pharmacie, les masques de protection FFP2 sont "temporairement indisponibles". Sur LeBonCoin, de nombreuses annonces ont également été publiées ces dernières heures, avec des des prix très divers.

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leboncoin © Capture d'ecran

Sur les plateformes de e-commerce traditionnelles, là-encore, les prix explosent sur les marketplace.

Sur Amazon, un sachet de 10 masques "anti-virus avec soupape" est affiché au prix de 370 euros. L’article numéro 1 des ventes sur la plateforme est une boîte de dix masques vendue 99 euros alors qu’elle était affichée à 24,95 euros (2,50 euros le masque) fin janvier. Soit une hausse de 296%.

History
History © Keepa

Même constat sur Ebay où des boîtes de 10 masques de protection sont parfois proposées à plus de 100 euros. Excessif pour des articles jetables qui ne doivent pas être portés qu'entre trois et huit heures maximum.

Les masques chirurgicaux, qui ne sont même pas efficaces pour se prémunir du coronavirus, affichent également des prix impressionnants. L'un des produits de ce type les plus vendus sur Amazon est une boîte de 50 masques à 25,73 euros, contre 4,53 euros fin janvier (+468%).

Enquête ouverte en Italie

En Italie, l’association de consommateurs Codacons fait état d’un bon de 1700% des prix des masques. Elle mentionne notamment un lot de cinq masques avec valve présentés sur Amazon comme "idéaux pour le coronavirus" et vendu 189 euros. "Il s'agit d'une spéculation honteuse visant à tirer profit de la peur des gens", a dénoncé l’association, qui a porté plainte auprès du parquet de Rome et de la police financière, en demandant la fermeture des pages incriminées.

"Si les géants du commerce en ligne ne retirent pas automatiquement les pages où se font ces spéculations, ils se rendent complices de cette escroquerie", a-t-elle mis en garde.

Le parquet de Milan s'est de son côté auto-saisi: il a ouvert lundi une enquête contre X pour "manoeuvre spéculative", en chargeant la police de vérifier les sites en ligne mais aussi les commerces et entrepôts, pour contrôler s'il n'y a pas de produits cachés pour favoriser une spéculation. "Nous sommes en train d'évaluer l'hypothèse d'adopter des normes pour contenir le prix des désinfectants et masques pour empêcher des hausses non justifiées", a annoncé de son côté mardi la vice-ministre de l'Économie, Laura Castelli

Aux États-Unis, Amazon semble avoir pris la mesure du problème. Selon Wired, le géant du commerce en ligne aurait averti par mail les vendeurs de masques pratiquant des tarifs "non conformes" à la politique de prix de sa marketplace qui interdit de facturer un produit à un prix "nettement plus élevé que les prix récemment pratiqués sur ou hors Amazon".

Les masques chirurgicaux "ne servent à rien"

Certains sites vendent néanmoins des masques à des prix plus abordables. C’est le cas de Dentaltix, qui fournit généralement du matériel destiné aux dentistes. Sur son site, le distributeur propose 20 masques FFP2 pour 53,89 euros (2,69 euros le masque). "On a constaté une hausse de la demande de masques de clients chinois qui voulaient les exporter en Chine, et maintenant une hausse de la demande de clients européens. Mais on garde un petit stock de côté pour nos clients habituels", souligne la coordinatrice du marché français de Dentaltix Beatriz Sanchez Viejo.

Cette dernière met en garde contre les "arnaques" et les vendeurs des plateformes de e-commerce qui "profitent de la peur des gens". Surtout que la situation ne risque pas de s’arranger à court terme: "Les stocks de nos fournisseurs sont quasiment épuisés. Le stock d’un de nos fournisseurs était de 13.000 boîtes et est passé à 2000 en un ou deux jours alors qu’il était censé durer jusqu’à mai", détaille Beatriz Sanchez Viejo. 

"Il faut éviter de dire à la population d’aller chercher des masques en pharmacie", renchérit Gilles Bonnefond qui rappelle que les masques chirurgicaux "ne servent à rien". Les masques FFP2 restants risquent quant à eux d'être "réservés aux professionnels de santé". À la place, le président de l'USPO préconise les gestes dits "barrières" (se laver les mains régulièrement, utiliser du gel hydroalcoolique, éternuer dans sa manche, etc.). 

Les symptômes du coronavirus
Les symptômes du coronavirus © BFMTV
Paul Louis