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Confinement: les producteurs de beaujolais veulent inciter les Français "à consommer chez eux"

Cette année, le Beaujolais nouveau sera commercialisé à partir du 19 novembre.

Cette année, le Beaujolais nouveau sera commercialisé à partir du 19 novembre. - -

Privés des restaurants et tablant sur une consommation "prudente" en grandes surfaces, les producteurs du Beaujolais veulent miser sur la communication pour inciter les Français à prendre part à la fête le 19 novembre.

Un "millésime de l’extrême". Mis au défi par les conditions climatiques et la crise sanitaire, les viticulteurs du Beaujolais ont connu une année particulière sur tous ses aspects. L’hiver, très doux, a été suivi par un printemps et un été très chauds et secs. Résultat, les premiers coups de sécateur ont été donnés dès la fin août, faisant des récoltes 2020 les deuxièmes plus précoces de l’histoire, après 2003.

Le Beaujolais nouveau le 19 novembre

Outre la sécheresse, les viticulteurs ont dû composer avec le risque sanitaire et la crainte de ne pas pouvoir embaucher les saisonniers venus des pays de l’Est en raison des mesures de quarantaine.

"Finalement, cela s’est bien passé, tous les salariés ont pu naviguer de l’est à l’ouest. Il n’y a pas eu de problème. La profession s’était bien équipée. On avait offert des maques à tout le monde et les gens ont bien joué le jeu. Il n’y a pas eu de cluster", assure Dominique Piron, président d’Inter-Beaujolais.

Le rendez-vous est donc pris. Le beaujolais nouveau arrivera sur les tables le 19 novembre. Si la récolte 2020 se situe quantitativement dans la moyenne basse de ces dernières années, la qualité, elle, "est au rendez-vous avec un bel équilibre et une belle fraicheur", promet l’interprofession des vins du Beaujolais.

Des craintes subsistent néanmoins alors que le beaujolais nouveau, qui représente près d’un quart de la production de ce terroir, débarque en pleine période de confinement. De quoi donner un sérieux coup d’arrêt aux ventes qui s’étaient stabilisées à un peu plus de 20 millions de bouteilles par an après une remise en question et un effort sur la qualité entamé à la fin des années 1990. En 2018, les professionnels avaient même enregistré une hausse de leur chiffre d’affaires de 5% malgré une tendance à la baisse de la consommation de vin en France.

Inquiétudes sur les débouchés

La crise sanitaire contraints cette année les viticulteurs à se priver des restaurateurs pour écouler leurs stocks. A moins que ces derniers ne proposent le beaujolais nouveau à la vente à emporter, comme le préconise Alain Fontaine, président de l'Association Française des Maîtres Restaurateurs.

Il invite "tous les Maîtres Restaurateurs qui pratiquent la vente à emporter à célébrer le 19 novembre l’arrivée du beaujolais nouveau 2020".

Je pense que tous les restaurateurs qui ont la possibilité de le faire devraient s’inscrire dans cette logique", a-t-il dit dans un appel lancé au magazine L’Hôtellerie-Restauration, estimant que "le beaujolais nouveau est un moment de partage et de fête qui doit continuer".

Quand bien même cet appel serait entendu et suivi d’effets, cela ne suffira sans doute pas à compenser les ventes traditionnellement réalisées à table ou au comptoir. Et si les professionnels peuvent toujours compter sur les ventes en grandes surfaces, ils s’attendent à ce que les clients soient "prudents sur leurs achats", selon Dominique Piron. Restent les cavistes pour lesquels l’espoir est permis alors que le premier confinement leur a été "plutôt favorable", poursuit le président de l’interprofession du Beaujolais.

Conscients des difficultés à trouver des débouchés, les producteurs du beaujolais misent sur la communication. "On a orienté des budgets sur la radio, les réseaux, pour inciter les gens à consommer chez eux, en famille, de manière conviviale et en rappelant que le Beaujolais, ce n’est pas que le 19 novembre, mais à partir du 19 novembre", rappelle Dominique Piron. Dit autrement, l’objectif est de prolonger la fête: "Le but, c’est qu’au lieu de ne consommer qu’une bouteille le 19 novembre, les consommateurs en achètent plusieurs jusqu’en décembre".

Les ventes à l'export attendues en baisse

La France reste naturellement le premier marché du beaujolais nouveau avec 60% des ventes réalisées dans l’Hexagone. Mais l’emblématique vin du mois de novembre a su dépasser les frontières. Et notamment au Japon, premier marché étranger du beaujolais nouveau. Pour autant, les ventes devraient y être modestes cette année, bien que le pays a été moins touché par la crise sanitaire. "Ils sont très prudents, ils en consommeront moins cette année", déplore Dominique Piron.

De manière générale, "les situations sont assez diverses à l'export, même s'il y a un peu les mêmes reflexes", constate encore le président de l'interprofession. D’autant qu’"avec le confinement du printemps, le coût du fret aérien a atteint des niveaux énormes", précise-t-il.

Au final, les viticulteurs du Beaujolais tablent sur une baisse des ventes à l’export de 20 à 25% cette année. Ils espèrent tout de même écouler le plus de bouteilles possibles jusqu’au 31 janvier -date à laquelle ils ne pourront plus en vendre- pour éviter d’accumuler des stocks.

On a intérêt à faire consommer tout ce qu’on peut d’ici là. Le vin qui reste sera reconditionné ce qui représente un coût", souligne Dominique Piron.

S’ils ne réclament pas d’aides de l’Etat pour l’instant, les professionnels participent régulièrement à des réunions avec la préfecture pour faire un état des lieux du marché. "On est au stade de constat", ajoute Dominique Piron mais "si les ventes reculent d’au moins 20% à cause du Covid, il faudra bien faire des choses".

https://twitter.com/paul_louis_ Paul Louis Journaliste BFM Eco