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Comment une usine d'automobile chauffe une partie de Charleville-Mézières

Depuis début 2019, la chaleur des fours de la fonderie de PSA est récupérée par Dalkia pour alimenter le réseau de chaleur de la ville des Ardennes.

Depuis début 2019, la chaleur des fours de la fonderie de PSA est récupérée par Dalkia pour alimenter le réseau de chaleur de la ville des Ardennes. - François Nascimbeni-AFP

En ce début 2019, la chaleur des fours d'une fonderie du groupe PSA située à proximité de Charleville-Mézières est récupérée. Transportée par un réseau de chaleur, elle chauffe 3200 logements et le centre hospitalier en complément d'une chaufferie biomasse.

Si dans de nombreuses industries, la chaleur est une production accessoire, celle-ci peut être valorisée au service de la collectivité. Cette énergie, souvent irrémédiablement perdue (on parle de chaleur "fatale"), est désormais récupérée dans les Ardennes, à Charleville-Mézières, où elle est transportée par un réseau de chaleur alimentant des quartiers de la ville.

Les deux PDG d'EDF et Dalkia, respectivement Jean-Bernard Lévy et Sylvie Jéhanno, sont venus inaugurer il y a quelques jours, dans la cité ardennaise, un réseau de chauffage urbain alimenté par la chaleur de six fours de la fonderie du groupe PSA (cf photo ci-dessous), la plus importante du groupe automobile en France avec 1650 salariés.

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- © La chaleur produite par la fonderie de Charleville-Mézières alimente désormais un réseau urbain de chaleur-PSA.

Premier employeur privé des Ardennes, située à quelques kilomètres du centre ville, cette usine réalise les pièces brutes, en fonte et en alliages d'aluminium destinées aux unités d'usinage ou d'assemblage de PSA Peugeot Citroën.

Une chaufferie biomasse en complément

"A partir de la chaleur de l'usine, nous chauffons depuis janvier plus de 3000 logements ainsi que le centre hospitalier de la ville. Et nous avons créé une vingtaine d'emplois", s'est réjoui le maire LR de Charleville-Mézières et président d'Ardenne Métropole, Boris Ravignon, à l'occasion du lancement officiel de ce nouveau mode de chauffage urbain.

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- © La chaleur récupérée de l'usine PSA transite par le réseau de chaleur du quartier de la Citadelle à Charleville-Mézières - Dalkia

Cette inauguration est l'aboutissement d'un contrat signé en 2017 par la ville avec Dalkia, pour le renouvellement de la délégation de service public pour le réseau de chaleur du quartier de la Citadelle. Ce réseau a été étendu puisque sa longueur sera multipliée par 3, passant de 3 à 8,9 km, nécessitant d'importants travaux de creusement en 2017 et 2018. Dalkia a aussi recours à une énergie renouvelable puisqu'une chaufferie biomasse a été installée en complément sur le site de PSA à proximité de la salle des pompes du système de récupération de chaleur de PSA.

"Comme si on retirait 400 voitures de la circulation"

Cet investissement de 10 millions d'euros, assuré par Dalkia, dont quatre millions provenant du "Fonds Chaleur" de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (ADEME), permettra selon les concepteurs d'éviter le rejet dans l'atmosphère de 7000 tonnes de gaz carbonique chaque année. "Comme si l'on retirait 4000 voitures de la circulation", a précisé la dirigeante de Dalkia.

Outre sa dimension environnementale, ce réseau de chaleur d'un nouveau genre a aussi des vertus économiques en permettant l'accès à une énergie verte moins onéreuse que les énergies fossiles. Les utilisateurs du chauffage new look de la cité ardennaise voient leur facture énergétique baisser de l'ordre de 15% (soit 300.000 euros par an d'économies pour l'hôpital, par exemple).

Frédéric Bergé