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Chèque alimentaire: Bercy dit non, la FNSEA ne désarme pas

En dépit des déclarations de Bruno Le Maire ce lundi matin, le chèque alimentaire, annoncé fin 2020 par Emmanuel Macron n'est pas définitivement enterré. La FNSEA veut encore y croire. Et, avec elle, les industriels de l'agroalimentaire et le ministre de l'Agriculture.

Bruno Le Maire avait l'air assez catégorique, ce lundi matin, sur LCI, assurant qu'il n'avait pas été possible de faire un chèque alimentaire "opérationnel, rapide et efficace" et enterrant, de fait, la mise en place du dispositif. Des déclarations étonnantes, alors que mardi dernier, lors de sa conférence de presse de rentrée, la patronne de la FNSEA, principal syndicat agricole, assurait avoir mis en place, avec un prestataire, un outil pour diffuser ce chèque alimentaire...

La FNSEA a même chiffré les besoins: 2,5 milliards à 5,5 milliards d'euros par an. Et elle nous confirme ce lundi, après les déclarations de Bruno le Maire, qu'elle continue à travailler au déploiement de ce chèque.

La mesure n'est pas enterrée, non plus, pour les industriels de l'agroalimentaire (Ania), ni pour le ministre de l'Agriculture, qui explique qu'"un travail a été engagé et se poursuit", en parallèle du chèque inflation de la rentrée, "pour la mise en place d’un dispositif durable d’aide à l’alimentation pour les plus modestes" sur lequel il travaille avec le ministre des Solidarités.

La FNSEA attend désormais qu'une concertation soit lancée entre les ministères. Ses dirigeants n'entendent rien lâcher. D'autant que le chèque alimentaire est un élément central de leur programme de cet automne.

Coup de pression de Bercy

Les déclarations de Bruno Le Maire ressemblent donc plus à un coup de pression médiatique sur ses collègues du gouvernement, alors que Bercy dévoile ce mardi les grandes masses budgétaires de la prochaine loi de Finances et que le budget sera officiellement présenté en Conseil des ministres le 26 septembre.

Le compte à rebours est lancé et c'est à l'aune de cette séquence qu'il faut lire les dernières sorties du ministre de l'Economie et des Finances. Traduisez: "Les dépenses à plusieurs milliards d'euros, je n'ai plus les moyens." C'est ainsi, aussi, qu'il a annoncé que la CVAE ne sera pas supprimée en une fois, mais en deux fois: 4 milliards d'euros en 2023 et 4 milliards en 2024.

Tout cela traduit en fait la difficulté de Bercy à boucler son budget 2023. En cause, la croissance qui s'essouffle. D'ailleurs, Bruno Le Maire ne parle plus d'une croissance à 1,4% pour l'an prochain, mais d'une croissance "positive". En cause aussi, la remontée des taux d'intérêts, qui fait exploser la charge de la dette: +17 milliards d'euros cette année, soit l'équivalent de deux CVAE. Et puis les dépenses de protection contre l'inflation vont rester massives en 2023, avec un bouclier tarifaire et un chèque énergie, qui vont coûter plusieurs milliards d'euros.

L'équation budgétaire devient donc très compliquée et Bruno Le Maire fait un choix politique très clair en cette rentrée: la maitrise des finances publiques, avec un budget construit autour de l'objectif de 5% de déficit l'an prochain.

Thomas Sasportas et Pauline Tattevin