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Changer de fournisseur d'électricité: est-ce toujours une bonne affaire?

Après 11 ans d'ouverture du marché de détail à la concurrence, huit clients sur dix sont restés au tarif d'électricité réglementé avec EDF.

Après 11 ans d'ouverture du marché de détail à la concurrence, huit clients sur dix sont restés au tarif d'électricité réglementé avec EDF. - Eric Cabanis-AFP

Alors que les fournisseurs alternatifs d'électricité proposent des tarifs inférieurs de 10 à 15 % à ceux d’EDF, 80% des abonnés restent clients de l'ex-monopole public. Ont-ils tort? Si les économies potentielles sont réelles, elles ne portent que sur une partie de la facture totale...

Alors que les premiers frimas et les jours plus courts se profilent, la période est propice pour changer de fournisseur d'électricité en réalisant des économies. D'ailleurs, depuis quelques semaines, les concurrents d'EDF ne désarment pas. Après l'entrée tonitruante de Leclerc sur le marché en septembre, un autre acteur de poids, Vattenfall, suédois d'origine, est parti depuis le 1er octobre à la conquête des particuliers, à grand renfort de publicité télévisée.

Au total, une bonne trentaine d'acteurs sont présents sur le marché français de la fourniture d'électricité au détail. Depuis 2007, année l'ouverture de ce marché à la concurrence, celle-ci a conquis 6,573 millions de sites d'abonnés, sur un total de 32,5 millions, soit 20 % du marché (cf illustration ci-dessous).

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En pratique, le changement de fournisseur est gratuit. "En changeant de fournisseur, vous ne changez pas de compteur d'électricité. Une fois le contrat conclu avec un nouveau fournisseur, vous n'avez pas d'autres démarches à faire. La résiliation de votre ancien contrat est automatique. Jusqu'à la date de changement, votre fournisseur actuel continue à vous fournir en énergie" rappelle le service internet service-public.fr, peu suspect de répandre une propagande libérale.

Aux côtés des tarifs réglementés d'EDF, sorte de mètre-étalon du marché dont l'évolution est encadrée par l’État, les tarifs de chaque fournisseur concernent l'abonnement mensuel et le prix du kWh. Celui-ci peut être fixe ou indexé sur les tarifs réglementés ou selon une formule propre au fournisseur.

La plupart des fournisseurs proposent des réductions de tarifs de 10 à 15% sur la partie de la fourniture d'électricité qu'ils maîtrisent, à savoir le prix du kWh et de l'abonnement. Mais cette part est loin de représenter l'essentiel de la facture totale du client. Celle-ci comprend aussi le prix de transport de l'énergie, activité en monopole au prix encadré, auquel s'ajoutent les nombreuses taxes, fixées par les pouvoirs publics, soit au final plus de la moitié du total payé par le consommateur.

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Autrement dit, tous les concurrents d'EDF doivent facturer aux clients les mêmes taxes et les mêmes coûts de transport de l’électricité. Ils ne se différencient donc que sur une petite moitié du prix final et la réduction annoncée de 10 à 15 % s'avère en pourcentage inférieure, lorsque le consommateur fait les comptes sur sa facture totale.

Néanmoins, les économies réalisées en changeant de fournisseur peuvent être réelles. Le comparateur du médiateur national de l’énergie, accessible sur le site Energie-info.fr apporte une aide très utile. Sur l'exemple calculé par le comparateur énergie-info, la différence entre l'offre la moins chère (1246 euros) et celle d'EDF (1386 euros) atteint 139 euros l'an (cf infographique ci-dessus) pour un client ayant un tarif heure pleine/heure creuse (8500 kWH de consommation) et à prix variable. Les offres d’achats groupés, issues d'associations comme l’UFC-Que Choisir ou Familles de France, ont aussi aidé des clients à franchir le Rubicon et à profiter de tarifs plus avantageux.

Il est recommandé aussi de consulter la fiche descriptive de l’offre: prix de l’abonnement et du kWh, modalités de facturation, contact du service clients… "Si vous ne trouvez pas facilement la fiche descriptive sur le site, passez votre chemin, c’est déjà le signe d’une mauvaise pratique" conseille le magazine "60 Millions".

Frédéric Bergé