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Ces chiffres qui expliquent pourquoi les faillites des chaînes de prêt-à-porter se multiplient

Par rapport à 2019, les ventes en volume de vêtements, chaussures et accessoires de mode ont baissé de 22%. Et la part de marché des sites d'achat en ligne du secteur est passé de moins de 12% à plus de 18%.

Les Français achètent de moins en moins de vêtements et, pour s’habiller, ils sont de plus en plus nombreux à passer par internet. Voilà ce qui explique les faillites en cascade des enseignes de prêt-à-porter (Camaieu, Kookaï, San Marina...). Et pour prendre la mesure de l’ampleur de cette tendance, il suffit de se pencher sur les chiffres du baromètre LSA/Kantar publié ce mardi.

Au premier trimestre 2019, donc avant la crise sanitaire, les ventes de vêtements, chaussures et accessoires généraient un peu plus de 10 milliards d'euros de chiffres d’affaires. Au premier trimestre de cette année, elles ont à peine dépassé les 9 milliards. C'est certes légèrement mieux que ces deux dernières années, où ce cap n'avait plus été franchi. Mais la faible remontée observée en 2023 est à mettre au compte de la hausse des prix.

En 4 ans, le nombre d'articles achetés a chuté de 22%

Les ventes en volume ont, en effet, clairement baissé par rapport à 2021, passant de 616 à 572 millions d'articles vendus sur les trois pramiers mois de l'année. La comparaison avec 2019 est encore plus criante: -22%. Les consommateurs achètent moins de vêtements, de chaussures et d’accessoires de mode. Et par ailleurs, ils vont aussi moins souvent dans les magasins qui vendent ces produits: le nombre de transactions a baissé de 20%, toujours par rapport à 2019.

Moins de monde dans les boutiques, moins d’articles achetés, moins de chiffres d’affaires, alors que du côté des charges, le Smic a été sensiblement revalorisé et, quand ils n'augmentent pas, les loyers des commerces, eux, ne baissent pas. On comprend mieux pourquoi les plus fragiles des enseignes ont du mal à faire face.

Seuls les magasins de sport font de la résistance

D'autant que, par ailleurs, les consommateurs renouvellent de plus en plus leur garde-robe via internet. En 2019, moins de 12% des ventes de vêtements, de chaussures et d'articles de mode, étaient réalisées en ligne. Selon les derniers chiffres du cabinet Kantar, la part de marché d'internet pour ces catégories de produits dépasse désormais les 18%.

Autrement dit, sauf improbable retournement de tendance, l’hécatombe ne fait que commencer pour les chaînes spécialisées dans la mode. En fait, parmi les enseignes qui vendent des vêtements, il n’y a qu’une catégorie qui fait de la résistance et même qui progresse: ce sont les magasins de sport. Et cela s’explique assez facilement.

Que ce soit pour aller travailler ou pour sortir, de plus en plus de Français préfèrent les baskets aux mocassins et les vêtements de sport au costume ou à la robe. Et d’ailleurs, les grandes enseignes de mode l'ont bien compris qui font une place de plus en plus grande dans leurs rayons à des gammes "sportswear".

Pierre Kupferman
https://twitter.com/PierreKupferman Pierre Kupferman Rédacteur en chef BFM Éco