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"Ce n'est pas notre modèle": Shein se défend de faire de la fast fashion

Interrogée sur Europe 1, la directrice de la communication de la filiale française du géant chinois estime que "ce n'est pas notre modèle".

De plus en plus décriée (mais pourtant massivement achetée), la fast fashion devient un sujet politique. Un député LR a ainsi déposé une proposition de loi pour instaurer un système de bonus-malus environnemental sur les vêtements, visant notamment Shein.

Régulièrement critiqué pour ses pratiques, accusé d'avoir poussé à son paroxysme ce modèle économique avec des milliers de nouveaux produits mis en vente chaque semaine, le géant chinois se défend pourtant de faire de la fast fashion.

"On parle beaucoup de fast fashion, ce n'est pas notre modèle, ce n'est pas comme ça que l'on fonctionne", affirme Marion Bouchut, directrice de la communication de Shein France sur Europe 1 mardi.

"Historiquement, il y avait des 'retailers' (détaillants, NDLR) qui fonctionnaient avec un système de collections, printemps-été, automne-hiver, que certains acteurs ont déjà révolutionné en multipliant le nombre de collections: plusieurs par saison, puis par mois, voire par semaine", poursuit-elle.

Shein: le carton de la fast fashion
Shein: le carton de la fast fashion
8:36

Peu de stocks, peu d'invendus

"Nous, nous ne fonctionnons pas sur un système de collection. Pour chaque 'item' qu'on souhaite lancer, on produit entre 100 et 200 exemplaires pour le monde entier, sachant qu'on livre dans 150 pays, c'est très peu", avance Marion Bouchut.

Reste que Shein propose et met en ligne des milliers de nouveaux vêtements tous les jours. Mais selon la responsable, "vous voyez beaucoup de modèles en ligne mais ces modèles ne sont pas nécessairement produits et on est sûrs que ce qui est produit est acheté et consommé".

Shein met en avant son absence de stock par rapport aux acteurs traditionnels de l'habillement, or, "c'est un énorme problème, c'est le plus gros problème environnemental de l'industrie de la mode", affirme Marion Bouchut.

"Nous, avec notre système de production en petits lots, on a solutionné ce problème, on est à des niveaux de stocks et d'invendus qui sont bien inférieurs à 10% alors que les acteurs traditionnels sont entre 20 et 40%", défend-elle, alors que la pression s'accentue sur les entreprises d'ultra fast fashion.

Les députés s'attaquent à la fast fashion

Les députés du groupe Horizons défendront ainsi une proposition de loi visant à pénaliser financièrement la "fast fashion" et à interdire la publicité de ses enseignes, lors de leur "niche" parlementaire du 14 mars. Le texte porté par Anne-Cécile Violland vise les enseignes et sites de e-commerce qui proposent une quantité innombrable de vêtements à bas prix et de moindre qualité, pour la plupart importés d'Asie.

L'objectif est de "réduire l'impact environnemental de l'industrie textile", en mettant en place une meilleure information à destination des consommateurs, et en interdisant la publicité pour les entreprises et produits relevant de cette mode éphémère. Il prévoit une modulation de "l'écocontribution" versée par les sociétés en fonction de leur impact environnemental, afin de réduire l'écart de prix entre les produits issus de la "fast fashion" et ceux issus de filières plus vertueuses.

Morning Retail : Peut-on interdire la marque Shein en France ? - 15/05
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L'exposé des motifs de la proposition de loi pointe un "emballement" de la filière, avec chaque année "plus de 100 milliards" de vêtements vendus dans le monde, un phénomène poussé par les enseignes de "fast fashion", dont la plus emblématique est l'entreprise chinoise Shein.

Accusée de travail forcé, d'incitation à la surconsommation, montrée du doigt pour l'impact environnemental de ses produits et peu transparente sur sa production, Shein s'attire aussi les foudres des défenseurs de l'environnement et des droits humains.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business