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Calories, sucres, additifs... Les vins vont bientôt devoir afficher la couleur au consommateur

La liste des ingrédients devra figurer sur les bouteilles de vin en décembre prochain.

La liste des ingrédients devra figurer sur les bouteilles de vin en décembre prochain. - AFP

À compter de la fin 2023, les vins, comme les autres produits alimentaires, devront indiquer leur composition et leur déclaration nutritionnelle.

Ce vin est-il riche en calories? Contient-il des sucres ajoutés? Des additifs et conservateurs entrent-ils dans sa composition? À partir du 8 décembre prochain, nos bouteilles vont devoir donner ces informations aux consommateurs.

Voilà plus de 40 ans et l’apparition des premières règles européennes en matière d’étiquetage de la composition et de la valeur nutritionnelle des produits alimentaires que les producteurs de vins livrent bataille pour éviter cette réglementation.

Alors que les réglementations nationales sur l’étiquetage de boissons alcoolisées se sont multipliées dans les pays de l'UE, avec le risque à terme de créer des barrières commerciales entre les États, la Commission européenne a décidé d'opter pour une uniformisation.

En 2021, la Commission a profité de la révision du règlement portant organisation commune des marchés des produits agricoles (dit "OCM") pour introduire à compter du 8 décembre 2023 l’obligation d’une liste des ingrédients et du tableau nutritionnel pour le vin.

Pas de Nutri-score "F"

Concrètement les bouteilles devront indiquer outre le raisin et les moûts de raisin les différents intrants qui composent le breuvage comme les sucres ajoutés (saccharose), les éventuels additifs comme les conservateurs et autres stabilisateurs. Les étiquettes sur les bouteilles pourraient voir apparaître les fameux E334, E330 ou encore E270 qui sont les acides exhausteurs de goût.

Une obligation contre laquelle les producteurs de vins ont ferraillé des années durant. L'année dernière, des producteurs italiens avaient même écrit au président Macron afin d'empêcher la mise en place d'un Nutri-score sur le vin comme sur les produits alimentaires et pour lesquels tous les vins auraient obtenu la note "F". Finalement, il n'y aura pas de Nutri-score.

"Il fallait que cette réglementation soit financièrement supportable et qu'elle ne perturbe pas complètement la présentation de la bouteille", explique dans Les Echos Bernard Farges, président du Comité national des interprofessions des vins à appellation d'origine et à indication géographique (CNIV).

"La mise en place d'un Nutri-score n'aurait pas eu beaucoup de sens sur le vin"

"Il est apparu que la valeur énergétique avait plus de sens pour le consommateur que l’étiquetage du tableau nutritionnel complet (matières grasses, acides gras saturés, sucres, protéines, sel), explique Benjamin Nardeux spécialiste du sujet à la DGCCRF. En effet, le vin ne contient ni sel, ni protéines, ni graisses. C’est pourquoi les institutions européennes ont autorisé l’étiquetage de la seule valeur énergétique sur l’étiquette des produits (en kcal ou kj), les autres informations pouvant être renvoyées sur Internet."

D'ailleurs, les professionnels du secteur ont obtenu d'autres concessions. Concrètement, la liste des ingrédients pourra être indiquée de manière dématérialisée et la déclaration nutritionnelle pourra être limitée à la valeur énergétique sur l’étiquetage, à condition qu’elle soit accessible en totalité, de manière dématérialisée. La filière semble s’orienter vers l’usage de QR codes qui seront imprimés sur les bouteilles.

Les producteurs vont probablement opter pour cette option pour éviter de pointer directement au consommateur les différents ingrédients, notamment les "E", qui sont souvent très mal perçus.

Enfin, les bouteilles ne disposant pas de cet affichage pourront toujours être écoulées durant 2 ans.

Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi Journaliste BFM Éco