Bruno Le Maire: "Je laisse quelques semaines aux industriels pour renégocier les prix"

Invité sur BFMTV, le ministre de l'Economie a lancé un ultimatum aux industriels qui ne veulent pas renégocier les prix à la baisse avec la grande distribution alors que leurs coûts, eux, se réduisent.

Le ministre de l'Economie lance un ultimatum aux grands industriels de la grande consommation. Alors que les prix de l'énergie et des matières premières sont en baisse depuis plusieurs mois, l'inflation dans la grande distribution ne cesse de battre des records.

Un paradoxe que Bruno Le Maire, invité ce mardi sur BFMTV, estime inacceptable. Alors que distributeurs et industriels ont achevé, en mars, leur round de négociation entérinant des hausses de prix entre 5 et 10%, le ministre appelle les acteurs du secteur à se rencontrer à nouveau.

"Aujourd'hui on voit les prix du blé qui baissent, les prix du fret maritime qui baissent... On le voit sur les grands panneaux de la Bourse, j'aimerais qu'on le voit dans le caddie", s'agace Bruno Le Maire.

"Je voudrais que la répercussion à la baisse soit aussi rapide que la répercussion à la hausse", réclame le ministre. Une demande à laquelle le président de l'Ania, qui représente les industriels de l'agroalimentaire, se dit favorable mais demande encore un délais. Jean-Philippe André a ainsi fait savoir sur BFM Business que les renégociations n'interviendront que lorsqu'"il y aura des changements dans les coûts de nos matières premières et de nos emballages". Certains industriels ont dû eux-mêmes renégocier leurs contrats de fourniture à la hausse en 2022, en pleine période de hausse des prix de l'énergie.

"Pas de marges indues"

Bruno Le Maire lance toutefois un ultimatum. "Je leur laisse quelques semaines et, d'ici la fin du mois de mai, si jamais les négociations n'ont pas repris, je convoquerai, au ministère de l'Economie et des Finances, distributeurs et industriels pour qu'ils reprennent leurs discussions", a confié le ministre sur BFMTV.

"Nous ne laisserons pas les grands industriels faire des marges indues ou faire des rentes sur des prix de gros qui sont en train de baisser", prévient Bruno Le Maire.

En cas de refus, le ministre rappelle le précédent avec les énergéticiens, dont EDF. "Quand ça n'a pas été le cas pour les grands énergéticiens on a récupéré la marge, s'ils ne reviennent pas négocier, j'examinerai toutes les options à ma disposition", menace-t-il.

Certains acteurs appellent par ailleurs à mettre fin à l'encadrement législatif dans le temps des négociations commerciales. Le patron de Système U Dominique Schelcher souhaite ainsi "lorsque les circonstances sont exceptionnelles ou extraordinaires" que la "période de négociations commerciales de 3 mois" soit suspendue afin de "pouvoir négocier tout le temps". Une proposition à laquelle Jean-Philippe André se dit favorable.

https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi Journaliste BFM Éco