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Après une année noire, la reprise du marché de la confiserie menacée par la flambée des coûts

Confiseries (illustration)

Confiseries (illustration) - iStock - karandaev

Si les ventes se redressent en 2021, les industriels sont confrontés à une hausse importante de leurs coûts, alors que la grande distribution leur impose des prix de vente toujours plus bas.

"Une véritable annus horribilis (année horrible)"..., voilà comment Pascal Zundel, président des Confiseurs de France (également président de Bonbons Barnier) décrit l'année passée pour le secteur avec un repli de 8,5% en valeur sur un an alors que le marché était déjà "en faible croissance" les années précédentes.

"Le secteur a souffert de plusieurs handicaps par rapport à d'autres marchés de l'alimentaire", explique-t-il à BFM Business.

Il y a eu évidemment la fermeture administrative de plusieurs canaux de vente traditionnels comme less parcs d’attractions, fêtes foraines, expositions ou cinémas. Mais aussi la fermeture des kiosques, relais presse, duty free, et compagnies aériennes, hôtels, magasins d’autoroutes. Ou encore les interdictions de rassemblements lors de fêtes de mariage, baptêmes, communions.

Un marché à 1,7 milliard d'euros

Mais c'est dans la grande distribution (deux tiers des ventes globales soit 1,2 milliard d'euros sur 1,7 au total) que le coup a été le plus rude. "La confiserie se consomme en itinérance, dans les transports, au bureau, ", explique Pascal Zundel.

Avec les confinements et le télétravail, les consommateurs se sont tournés vers d'autres produits plaisir de compensation. "Le grand vainqueur de 2020, c'est tout ce qui tourne autour de l'apéro ou encore les produits regressifs comme la pâte à tartiner. La confiserie n'est pas un produit de liste de courses, c'est un achat d'impulsion", poursuit le responsable.

Dans le même temps, certains produits comme la petite confiserie et les chewing-gums ont vu une "régression déjà observée avant la crise s'amplifier" l'an passé. Pour des raisons structurelles (montée des aspirations sur les questions de santé alimentaire) et conjoncturelles (par manque de merchandising dans les grandes surfaces).

Bonne nouvelle néanmoins, le rattrappage se fait sentir au premier semestre de cette année avec une croissance de 8,5%. "C'est pas mal mais ceux qui souffraient l'an passé continuent à souffrir cette année notamment à cause des restrictions encore appliquées en début d'année", nuance Pascal Zundel.

+15% pour la pulpe de fruit, +30% pour le carton

Mais cette reprise est clairement menacée par la pénurie de matières premières et de hausse des coûts généralisée. "On commence à le voir depuis fin juin, tous les délais d'approvisionnement sont allongés. Il faut jusqu'à 10 semaines pour obtenir du carton ou des films plastique contre 4 semaines en temps normal. Les matières premières flambent: +15% pour la pulpe de fruit, +15% pour le sucre, +30% pour le carton", se désole le dirigeant.
"On n'a jamais vu ça, on doit réflechir à des hausses de prix acceptables pour le consommateur car nos marges sont inférieures à ces augmentations", poursuit-il.

Problème, la grande distribution maintient sur les industriels une pression forte de prix bas. "La loi Egalim 1 n'a rien changé pour nous, on espère que la loi Egalim 2 sera plus favorable pour faire repartir les prix. Car depuis plusieurs années, on observe une vraie déflation en grande distribution. Mais cette année, on ne peut pas se permettre de perdre de l'argent". Surtout que 96% des entreprises du secteur sont des PME...

Pour faire face et rebondir, le secteur multiplie néanmoins les initiatives. "En 2020, nous avons mis en place l'opération Confiseurs solidaires qui a permis aux grands du secteurs d'aider les petits, notamment avec la mise à disposition de moyens de communication", indique Pascal Zundel.

Des opérations publicitaires pour mettre en avant la diversité de l'offre sont mises en place, notamment avant des fêtes de fin d'année stratégiques pour le secteur. Et une grande opération de communication est programmée pour le printemps prochain. "Il s'agira d'un grand événement ludique qui sera annoncé vers la fin de l'année", confie le responsable.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business