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Après les sodas, le jambon et les rillettes vont-ils eux aussi être taxés?

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Le député du Loiret Richard Ramos (Modem) a déposé un amendement au projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour taxer les charcuteries qui contiennent du sel nitrité.

Depuis quelques années, la charcuterie sans nitrite fleurit dans les rayons de la grande distribution. Considérés comme potentiellement cancérogène par le CIRC (Centre international de recherche sur le cancer), les sels nitrités sont très utilisés en charcuterie. Ils permettent à la viande porc de conserver sa belle couleur rose de jambon (il serait grisâtre sinon) par exemple et de prolonger sa durée de conservation.

Mais si l'industrie de la charcuterie a fait des efforts pour diminuer sa dépendance aux sels nitrités (Herta, fleury-Michon proposent des gammes sans nitrite), l'essentiel de la viande de porc transformée en rayon continue à en contenir. Jambon mais aussi, lardons rillettes ou encore saucisses sont majoritairement préparés avec ces sels.

C'est pour donner un coup d'accélérateur à la disparition du nitrite qu'un député de la majorité propose une taxe sur les produits charcutiers qui en contiennent. Richard Ramos (Modem) a donc déposé un amendement au projet de loi de financement 2020 de la Sécurité Sociale. Il s'agirait si elle était votée d'une taxe plutôt symbolique. "Il s’agit seulement de quelques centimes au kilo, assure Richard Ramos à L'Obs. Mais on aurait un outil pour accompagner la transformation. Si on n’oblige pas les industriels à changer cette habitude de mettre des sels nitrités partout, personne ne cherchera d’alternative."

La charcuterie coûtera-t-elle plus cher?

Le but du député ne serait pas tant donc de pénaliser le consommateur en rendant les produits qui contiennent des nitrites plus coûteux mais plutôt d'encourager les industriels à proposer plus d'alternatives. 

Le problème c'est que les alternatives sans cet additif coûtent déjà un peu plus chers de quelques centimes, sont moins jolis à l'oeil et se périment plus vite. C'est ce qui explique que les produits sans nitrite de Fleury-Michon par exemple ne sont présents que dans moins de six magasins sur 10 en France.

L'idée du député est de refaire comme avec la taxe soda. Instaurée en 2012 pour limiter la consommation de boissons sucrées par les enfants, cette taxe de 7,53 euros par hectolitre est payée par les industriels. Depuis sa mise en place, le taux de sucre aurait fortement chuté dans les boissons en France. Les industriels préférant trouver des alternatives plutôt que de la payer.

Les industriels de l'agroalimentaire y sont en tout cas plutôt défavorables. Chez Fleury-Michon on propose de faire le contraire et de détaxer (supprimer la TVA par exemple) les produits vertueux qui ont un bon nutriscore afin d'en démocratiser la consommation. Plutôt que de rendre plus cher des produits qui sont généralement d'entrée de gamme. 

La nouvelle taxe sera en tout cas examinée cette semaine à l'Assemblée nationale. 

Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi Journaliste BFM Éco