Accusé d'avoir copié une pub Naf Naf, Jeff Koons est jugé à Paris ce lundi
Inspiration ou contrefaçon? Jeff Koons est poursuivi ce 24 septembre devant un tribunal parisien pour une de ses porcelaines qui aurait très (trop) inspirée par une publicité pour la marque Naf-Naf. Directeur de création dans la publicité, Franck Davidovici accuse l'artiste plasticien américain d'avoir, avec cette oeuvre, copié une campagne publicitaire des années 1980 (cf illustration ci-dessous), représentant le fameux petit cochon de la marque secourant une femme dans la neige avec un tonnelet de Saint-Bernard.
L'avocat de Jeff Koons n'a pu être joint avant l'audience. Outre l'artiste américain lui-même, l'assignation vise sa société Jeff Koons LLC, le Centre Pompidou, l'éditeur Flammarion qui a commercialisé un ouvrage reproduisant la sculpture incriminée, et la Fondation Prada.
Le publicitaire estime qu'une oeuvre en porcelaine de 1988 de Koons, actuellement l'un des artistes vivants les plus chers au monde, créée trois ans plus tard, est une "contrefaçon" de sa publicité "Fait d'hiver". Il demande au tribunal de grande instance de Paris de prononcer la confiscation de cette sculpture et près de 300.000 euros de dommages et intérêts.
L'avocat du publicitaire dénonce "une copie servile"
L'oeuvre du plasticien américain, réalisée trois ans plus tard, est "une copie servile" de la publicité, affirme l'avocat de Franck Davidovici, Me Jean Aittouares. Elle représente une jeune femme brune, cheveux courts et bouche entrouverte, allongée dans la neige dans une posture identique, les mains proches du visage et un regard vague vers le ciel, secourue par un cochon lui aussi doté d'un tonnelet de Saint-Bernard.
En revanche, dans l'oeuvre en cause la jeune femme n'est plus vêtue d'une doudoune mais d'un haut en résille laissant apparaître ses seins, le porcelet porte lui un collier de fleurs.
"C'est la même oeuvre en trois dimensions, à laquelle Jeff Koons a ajouté des fleurs et deux pingouins pour évoquer le froid, ce qui vise à coller à l'oeuvre d'origine. Le discours est strictement le même", argumente l'avocat du publicitaire. "Il parachève le plagiat en donnant à son oeuvre le même titre que la publicité, Fait d'hiver", ajoute Me Aittouares.
La porcelaine de Jeff Koons exposée à Paris avait été retirée
Présentée une première fois en 1988 dans une galerie new-yorkaise, la sculpture incriminée de l'artiste américain avait circulé dans le monde avant d'être exposée fin 2014 au Centre Pompidou, à Paris, dans le cadre d'une rétrospective consacrée à l'artiste américain.
Franck Davidovici, qui venait d'en "découvrir l'existence dans un livre", juste avant cette rétrospective, avait demandé en justice la saisie de l'exemplaire exposé, vendu environ trois millions d'euros en 2007 chez Christie's à New-York, et faisant partie de la collection Prada. Il avait obtenu gain de cause, l'oeuvre ayant finalement été retirée de l'exposition parisienne à la demande du prêteur.
Le président du Centre Pompidou d'alors, Alain Seban, avait expliqué la démarche "d'appropriation" de l'artiste. Il avait également rappelé que la question s'était posée pour d'autres oeuvres de l'artiste, et notamment celles de la série "Banality" dont fait partie "Fait d'hiver", "dont le principe même est de fonctionner à partir d'objets achetés dans le commerce ou d'images qui viennent de la publicité ou de magazines".
Jeff Koons a été déjà condamné pour contrefaçon