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Abricot, cerise, chablis, champagne: les gelées mortifères annoncent-elles une flambée des prix?

L'arboriculteur Daniel Betton inspecte ses abricotiers endommagés par le gel de la veille à Veaunes, près de Valence, le 8 avril 2021

L'arboriculteur Daniel Betton inspecte ses abricotiers endommagés par le gel de la veille à Veaunes, près de Valence, le 8 avril 2021 - PHILIPPE DESMAZES © 2019 AFP

L'an passé, les producteurs d'abricots ont vu leur récolte chuter de 29% entraînant une hausse moyenne des cours de 46%. Mais le prix des fruits ou du vin ne dépend pas que du niveau de la production nationale.

Ces derniers jours, le gel printanier a fait des ravages dans les vergers et dans les vignes. Certains des producteurs concernés n’auront plus rien à récolter. Pour aider ceux qui y ont droit, le gouvernement a déclenché le régime de calamité agricole. Les consommateurs doivent-ils, eux, s’attendre à payer plus cher les fruits de l’été et leurs vins préférés?

Pour répondre à cette question, il faut regarder comment les aléas de la production influent sur le prix payé par le consommateur. Dans le cas d'un produit non transformé, ce sont les cours sur les marchés de gros qui définissent en grande partie son évolution. L’offre et de la demande est donc la règle.

Abricots: une chute de la production compensée par la hausse des prix

Mais le marché français du fruit est aussi tributaire de l’offre et de la demande européenne. Et pour le vin, le choses se jouent même au plan mondial. Prenons l’exemple du marché de l’abricot. En 2020, selon les données de l’Agreste, la production nationale a chuté de 29% et le prix moyen de l’abricot français a augmenté de 46%.

La chute de la production a donc été compensée par la hausse des prix. Sauf que les producteurs d’abricots français ont "profité" l’année dernière du fait que leurs concurrents, principalement espagnols, ont eu aussi été confrontés à des problèmes météorologiques. Si cela n’avait pas été le cas, ils auraient eu bien du mal à vendre leurs abricots moitié plus cher qu’en 2019.

Les vergers espagnols et italiens également ravagés par des gelées noires

Et cette année? Même s’il est trop tôt pour la quantifier, la chute de la production d’abricots, de cerises, nectarines, pêches s’annonce vertigineuse. Les arboriculteurs comparent déjà 2021 à l’année 1991, annus horribilis pour la production nationale de fruits, ravagée par les gelées noires des 20, 21 et 22 avril.

Mais, comme l’an passé, les Français ne sont pas les seuls à souffrir de cette météo erratique. Il y a deux semaines, un froid glacial a ravagé les vergers tant en Espagne (provinces de Lérida et de Huesca) qu’en Italie, deux pays à nouveau touchés par les gelées mortifères de ces derniers jours. Il faut donc prévoir pour cette année, une forte hausse du prix de certains fruits, à commencer par les abricots et les cerises.

Hausse probable pour les blancs de Bourgogne

La situation pour le vin est un peu différente, car la demande dépend aussi de la qualité du millésime. Pour les viticulteurs qui ont sauvé une partie de leur production, les conditions météo jusqu’aux vendanges seront donc cruciales.

Par ailleurs, rien n’assure que le consommateur sera prêt à payer bien plus cher le millésime 2021 d’un tursan ou d’un minervois. Alors que pour le bourgogne touché à au moins 50% selon le président du BIVB, la demande est telle que tout laisse augurer une nouvelle hausse des prix, notamment pour les blancs qui sont les plus touchés.

Les viticulteurs champenois protégés par leur traditionnelle réserve

Quant au champagne, il est sauvé par sa spécificité. Grandes maisons comme vignerons assemblent des vins de plusieurs années afin de garder toujours le même goût, le même caractère à leur production. Le millésime reste l’exception. Et donc, négociants et viticulteurs ont gardé dans leurs cuves une partie de la production des années précédentes.

Cette réserve leur permet de faire face aux mauvaises surprises que leur réservent la nature. Donc à priori, si vous aimez le champagne pas de souci à se faire. Il ne devrait pas coûter plus cher. D’autant que de tous les grands vins français, il est celui qui a le plus souffert en 2020 de la crise. Avec des ventes en baisse de 20% en France et de 18% à l'export.

Pierre Kupferman
https://twitter.com/PierreKupferman Pierre Kupferman Rédacteur en chef BFM Éco