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2020, année noire pour le courrier et record pour les colis

Si le volume de lettres envoyées par les Français est en baisse chronique depuis 13 ans, la chute observée l'an passé est sans précédent.

L'an passé, les Français n'ont jamais envoyé aussi peu de lettres. Cette tendance à la baisse s'observe depuis maintenant 13 années consécutives, la bonne vieille lettre classique ayant été supplantée par les correspondances dématérialisées. Mais le confinement du printemps 2020 a eu des effets dévastateurs sur les volumes expédiés.

Selon les chiffres de l'Arcep, les flux d’envois de correspondance ont connu un repli sans précédent de 19,5% en 2020 (contre -6,5% par an en moyenne entre 2013 et 2019).

"Cette contraction touche tous les types de courriers (plis prioritaires, urgents ou économiques, courrier égrené ou envois en nombre, plis remis contre signature) et l’ensemble de l’année 2020, mais particulièrement le deuxième trimestre, période durant laquelle le premier confinement a fortement impacté l’activité des entreprises et des particuliers. Le recul du revenu (-14,6% en 2020) reste inférieur à celui des volumes en raison des accroissements tarifaires présents sur pratiquement tous les types de courrier du service universel", explique le régulateur des télécoms et des postes.

Colis: des revenus à 8,6 milliards d'euros, +12% en un an

Traduction, l'augmentation du prix des timbres a permis à La Poste de sauver un peu les meubles.

A l'inverse, le volume d'envoi de colis atteint des record, porté par le succès du commerce en ligne lui même dopé par les confinements. Il s’élève à 1,5 milliard, soit une croissance nettement supérieure à celle de 2019 (+12,4% en un an en 2020 contre +7,0% un an auparavant).

Le revenu associé à la distribution de colis (toutes destinations confondues) atteint 8,6 milliards d’euros (+12,1% en un an). Il représente 57% du revenu total issu de la distribution postale contre seulement 15% des flux.

"En cette année de pandémie, le marché du colis a subi des évolutions contrastées. D’une part, la crise sanitaire a fortement intensifié le recours au e-commerce. D’autre part, l’envoi de colis entre entreprises (segment BtoB) a pu impacter partiellement à la baisse le marché du colis, avec la suspension ou la limitation de l’activité de certaines entreprises, notamment au cours des différents confinements", commente l'Autorité.

La chute du courier pas compensée par la hausse des colis

Cette situation met La Poste dans une situation délicate. En 2020, l'activité courrier représentait 17% de son chiffre d'affaires, elle pesait pas moins de 40% en 2010.

"L'exceptionnelle croissance du colis ne compense pas ce que nous perdons sur la lettre. Donc ça reste toujours aussi difficile pour le groupe mais nous devons nous transformer", expliquait sur notre antenne Philippe Wahl, le patron de l'établissement public.

Outre l'augmentation du prix du timbre avec une nouvelle flambée de 4,7% en moyenne au 1er janvier 2022 (dont +12% pour le timbre rouge de moins en moins utilisé), La Poste demande à l'Etat de revoir ses missions.

"Ce que nous demandons à l'État est simple: qu'il compense les contraintes des missions de service public qu'il met à notre charge. L'année dernière La Poste a eu 260 millions de compensations et les charges de service public lui ont coûté bien plus qu'un milliard", se désole Philippe Wahl.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business