1.033 euros la nuit en moyenne: comment les hôtels parisiens gonflent les prix pour la cérémonie d'ouverture des JO

L'association UFC Que Choisir s'est penchée sur les pratiques de 80 établissements de la capitale situés à quelques encablures de la Seine où aura lieu la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques.

Profiter d'un événement majeur comme les Jeux olympiques à Paris pour faire exploser les prix pour les visiteurs est un risque qui a maintes fois été évoqué et dénoncé. Le gouvernement a ainsi souligné qu'il surveillerait de près les prix pratiqués notamment par les restaurants et les hôtels pour éviter les abus.

Olivia Grégoire, la ministre déléguée au Tourisme, a même annoncé que 10.000 hôtels d'Île-de-France seront contrôlés avant l'événement. Mais les agents risquent d'y avoir du boulot.

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Car, selon une étude* de l'UFC Que Choisir à paraître demain, mercredi 27 décembre (et que BFM Business a pu consulter), les pratiques abusives sont légions et "les hôteliers ont la main lourde".

L'association s'est ainsi penchée sur les prix et les conditions de 80 établissements de la capitale (choisis au hasard, de 2 à 4 étoiles) situés à quelques encablures de la Seine où aura lieu la cérémonie d'ouverture.

Une flambée de 226%

Elle a comparé les tarifs les plus bas et les conditions de vente pour la nuit du 26 au 27 juillet avec ceux proposés 15 jours avant (du 12 au 13 juillet) pour une chambre double classique. Ces tarifs ont été relevés les 20 et 21 décembre.

Les résultats sont inquiétants voire scandaleux. Sur les 20% d'hôtels réservables à ces deux périodes, le tarif de la nuitée flambe littéralement. On passe ainsi de 317 euros en moyenne à 1.033 euros pour la nuit couvrant la cérémonie d'ouverture, soit une flambée de plus de près de 226%.

"Certes, on s’attendait à de fortes hausses par rapport aux prix 'normalement' pratiqués. Mais pas d’une telle ampleur! Si l’on pouvait se douter que les prix des hôtels augmenteraient à Paris pendant les jeux Olympiques, l’été prochain, on n’imaginait pas que ce serait dans de telles proportions!", explique Arnaud de Blauwe, rédacteur en chef de Que-Choisir.

Et c'est une moyenne puisqu'un des hôtels (3 étoiles) audités par l'association impose une augmentation de 585% avec une chambre double facturée 2.083 euros contre 304 euros deux semaines avant. Le tout avec une réservation "non modifiable et non remboursable".

Au rayon des conditions restrictives, quasiment un hôtel audité sur trois oblige le client à réserver au moins 2 nuitées consécutives, certains poussant même jusqu'à 5 nuitées. Selon l'UFC, la moyenne imposée est de 3,4 nuits, sinon toute réservation s'avère impossible.

Seulement 20% des hôtels enquêtés peuvent être réservés pour une seule nuit aux dates sélectionnées.

"Un hôtel sur deux nous a dit qu'il n'avait plus de chambre disponible pour cette soirée du 26 au 27 juillet, mais il est difficile d'interpréter cette non-disponibilité. Est-ce que c'est réel ou est-ce qu'ils préfèrent garder des chambres en stock au cas où la demande serait encore plus forte", explique Arnaud de Blauwe, invité de BFM Paris ce mardi 26 décembre.

Plus de 3 nuits consécutives sinon rien

L'inflation concerne toutes les catégories d'établissements. Dans un 5 étoiles du très chic 8e arrondissement de Paris, un hôtel impose 4 nuits minimum pour un forfait global de 8.380 euros, soit 2.095 euros la nuit contre 884 euros 15 jours avant la cérémonie d'ouverture (mais la chambre dispose d'un balcon, alors ça change tout).

Cette pratique frôle l'illégalité. D'un côté, selon le Code de la consommation, il est "interdit de subordonner la vente d'un produit ou d'un service à l'achat concomitant d'un autre produit ou d'un autre service".

Mais cette obligation n'est pas formulée telle quelle. Si un client cherche à réserver moins de nuits, on lui dit simplement que l'hôtel est complet ou que la chambre n'est pas disponible. Une manière pour l'hôtelier de la garder en stock pour un client qui acceptera de prendre plus de nuits. C'est d'ailleurs ce qui est largement pratiqué pendant les vacances dans les zones touristiques.

Si le gouvernement, par l'intermédiaire de la Direction de la répression des fraudes (DGCCRF) va intensifier les contrôles, pas question néanmoins d'imposer un encadrement des prix. Olivia Grégoire rappelle qu'aucune ville olympique ne l'a imposé et que l'économie française permet la libre fixation des prix.

*Étude menée les 20 et 21 décembre 2023, les tarifs de chambres d’hôtel ont été relevés directement sur les sites des différentes enseignes. 80 établissements ont été enquêtés. Les hôtels ont été sélectionnés de façon aléatoire, sont situés à moins d’un kilomètre des lieux emblématiques de la capitale devant lesquels passeront les bateaux sur la Seine. 5 sont des **, 29 des ***, 30 des **** et enfin 13 des *****. Les prix relevés correspondent à une nuit pour deux adultes le soir de la cérémonie d’ouverture, à savoir le vendredi 26 juillet 2024. Nous les avons comparés à ceux affichés le même jour, quinze jours avant (soit le vendredi 12 juillet 2024). Nous avons systématiquement recherché le tarif le moins cher (qu’il soit ou non modifiable et/ou annulable).

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business