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Confinements: 255 millions d'emplois détruits dans le monde

Un employeur peut faire appel à un travailleur européen aux conditions de travail françaises.

Un employeur peut faire appel à un travailleur européen aux conditions de travail françaises. - -

C'est quatre fois plus que lors de la crise financière de 2009 selon un rapport de l'Organisation internationale du Travail (OIT).

L'impact des confinements dans de nombreux pays de la planète ont eu des conséquences sans précédent sur le marché du travail.

Selon la septième édition de l'Observatoire de l'OIT (Organisation internationale du Travail), "les derniers chiffres montrent que, sur l’ensemble de l’année, 8,8% des heures de travail dans le monde ont été perdues (par rapport au quatrième trimestre 2019), ce qui équivaut à 255 millions d’emplois à temps plein. Cela représente environ un nombre quatre fois plus élevé que celui des heures perdues pendant la crise financière mondiale de 2009".

Toujours selon ce rapport, "ces heures de travail perdues recouvrent à la fois la réduction du nombre d’heures effectuées par celles et ceux qui ont un travail, et le niveau sans précédent des pertes d’emplois qui touchent 114 millions de personnes".

"On sous-estime gravement les conséquences du covid sur le marché du travail"

Concrètement, 71% de ces pertes d’emplois (81 millions de personnes) "relèvent de l’inactivité plutôt que du chômage, ce qui signifie que ces personnes ont quitté le marché du travail parce qu’elles n’étaient pas en mesure de travailler, peut-être en raison des mesures de restrictions liées à la pandémie ou, tout simplement, parce qu’elles ont cessé de chercher du travail".

"Si l’on s’attache uniquement au chômage, on sous-estime donc gravement les conséquences du COVID-19 sur le marché du travail".

Ces conséquences ont été plus douloureuses pour les femmes que pour les hommes. Au niveau mondial, les pertes d’emplois les ayant affectées s’élèvent à 5% contre 3,9% pour les hommes. "En particulier, les femmes risquaient beaucoup plus que les hommes de devoir quitter le marché du travail et de se retrouver inactives", commente l'OIT.

Même sanction pour les travailleurs les plus jeunes (15/24 ans): "les pertes d’emplois s’élevaient à 8,7%, par rapport à 3,7% pour les adultes. Cela met en évidence le risque plus que jamais réel d’une génération perdue, peut-on lire dans l’Observatoire.

Une baisse de 4,4% du PIB mondial

Le secteur le plus touché est celui des activités d’hébergement et de restauration, avec une baisse en moyenne de plus de 20%, suivi par le commerce et les activités de fabrication. "Par contre, on a assisté à une hausse des embauches au deuxième trimestre et au troisième trimestre 2020 dans l’information et la communication ainsi que dans les activités financières et d’assurances. Des gains marginaux ont également été enregistrés pour les activités extractives et les services".

Cette saignée aurait entraîné une baisse globale et mondiale de 8,3% des revenus du travail de manière globale (avant la prise en compte des mesures de soutien), ce qui équivaut à 3700 milliards de dollars ou encore 4,4% du Produit intérieur brut mondial (PIB).

Et pour 2021? Évidemment les incertitudes sanitaires ne permettent pas d'établir des scenarii précis. "Le scénario de référence, basé sur les prévisions du Fonds monétaire international d’octobre 2020, prévoit une perte de 3% du nombre d’heures de travail dans le monde". Un scénario plus pessimiste table sur une perte de 4,6%, une vision optimiste estime la perte à 1,3%. "Tout dépendra si la pandémie est sous contrôle et si l’on enregistre un regain de confiance de la part des consommateurs et des entreprises.

Reste une sombre certitude selon l'OIT, "dans tous les scénarios, les Amériques, l'Europe et l'Asie centrale subiraient environ deux fois les pertes d'heures de travail des autres régions".

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business