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Confinement et impôts de production ont plombé les marges des entreprises françaises

Dans certains pays, les défaillances d'entreprise réagissent beaucoup plus rapidement et beaucoup plus fortement que dans d'autres à une même variation de l'activité économique.

Dans certains pays, les défaillances d'entreprise réagissent beaucoup plus rapidement et beaucoup plus fortement que dans d'autres à une même variation de l'activité économique. - Pixabay

Selon une étude d'Euler Hermes, l'impact en France est bien supérieur à ce qui est observé dans d'autres pays d'Europe.

Les marges bénéficiaires des entreprises semblent avoir été bien plus impactées en France que dans le reste de la zone euro pendant le premier confinement. Selon une étude d'Euler Hermes, elles ont reculé de 7 points en France au premier semestre de cette année contre -5,2 points en Espagne et -1,3 point aux Pays-Bas.

Certains pays sont même parvenus à voir leurs entreprises dégager des marges bénéficiaires en progression sur la période comme en Allemagne, en Belgique ou encore en Italie où elles progressent de presque 6 points.

Les entreprises françaises ont en effet subi une double peine: celle du confinement mais aussi celle des impôts de production.

"Afin d’aider les entreprises à surmonter la crise, l’Etat français a consenti des décalages de charges. Mais l’impôt sur la production n’est pas concerné par ce décalage. Ainsi, avec un chiffre d’affaires amoindri par le premier confinement, le paiement de cet impôt à la fin du deuxième trimestre 2020 est venu directement affecter la rentabilité des entreprises françaises", détaille Selin Ozyurt, économiste France chez Euler Hermes.

Allègement dès l'an prochain

Selon l'assureur-crédit, les deux-tiers de cette contraction est imputable au paiement par les entreprises de cet impôt.

Pour autant, rappelons que dans le cadre du plan de relance français, un allégement de l’impôt sur la production de l’ordre de 10 milliards d'euros est prévu en 2021 et 2022. Euler Hermes estime que l’impact de cet allégement sur les marges des entreprises françaises sera de +0,7 point par an.

Si les marges sont impactées, ce sont les trésoreries qui souffrent le plus. Certains secteurs semblent particulièrement exposés à ces impacts, révèle l'étude: textile-habillement, commerce non-essentiels, services de transports, concessionnaires automobiles, hôtellerie-restauration, et activités de loisir entre autres.

Euler Hermes estime que ces secteurs pourraient subir des pertes d’exploitation en 2020 de -15% à -20% en moyenne en zone euro (par rapport aux niveaux d’avant-crise).

22% des entreprises françaises non-financières à risque

« Face à ces pertes, si les soutiens étatiques ne sont pas prolongés au-delà du premier semestre 2021 ou que les entreprises se montrent peu enclines à emprunter à nouveau, le manque de liquidités pourrait rapidement se faire ressentir", alerte Ana Boata, Directrice des recherches macroéconomiques d’Euler Hermes.

"Nous estimons ainsi qu’en zone euro, en France et en Allemagne, 1 entreprise sur 4 pourrait être en situation de crise de trésorerie l’année prochaine, c’est-à-dire en manque de liquidités pour garantir le bon fonctionnement de l’activité", poursuit-elle.

Le chiffre d’affaires cumulé des entreprises exposées au risque de crise de trésorerie atteint 4300 milliards d'euros en zone euro, soit 20% du total du chiffre d’affaires des entreprises non-financières de la zone euro, précise Euler.

En France, près de 860 milliards d'euros de chiffre d’affaires cumulé est exposé au risque de crise de trésorerie, soit 22% du total du chiffre d’affaires des entreprises non-financières françaises.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business