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"Ce sont des fake news"... Carlos Tavares s'en prend, sans la nommer, à Giorgia Meloni

La présidente du conseil italien qui estime que Stellantis délaisse l'Italie pour la France menace le groupe automobile de faire venir le concurrent chinois BYD. Carlos Tavares a démenti un retrait d'Italie et a estimé que la stratégie du gouvernement italien était hasardeuse.

L'arrivée d'un concurrent chinois dans l'industrie automobile en Italie serait "une menace" pour Stellantis, qui pourrait l'amener à revoir à la baisse le nombre de ses usines dans la péninsule, a prévenu mercredi son directeur général Carlos Tavares.

"Si quelqu'un veut amener des concurrents chinois en Italie, il sera responsable des décisions impopulaires qui devraient être prises le cas échéant", a-t-il déclaré en marge du lancement de la production de boîtes de vitesse électrifiées à double embrayage sur le site de Mirafiori à Turin.

Carlos Tavares faisait ainsi allusion aux discussions que mène le gouvernement de Giorgia Meloni avec des groupes étrangers, dont des chinois comme le géant BYD, pour mettre fin au monopole de Stellantis, seul constructeur automobile à grande échelle en Italie.

La présidente du conseil italien reproche au groupe automobile de délaisser l'Italie au profit de la France, laissant entendre qu'un retrait de la Péninsule pourrait à terme être envisagé.

"Des fake news"

Une affirmation que le patron du groupe a tenu à démentir ce mercredi à Milan en taclant sans la nommer à Giorgia Meloni.

"Il y a des fake news qui circulent sur le fait que Stellantis ne resterait pas en Italie [...], que Stellantis pourrait démanteler Fiat, ma position est très claire: ce sont des fake news, a affirmé Carlos Tavares. Ceux qui sont en train de flirter avec des constructeurs chinois pour les faire venir en Italie empruntent la même route que ceux qui ont vendu Volvo à Geely."

La menace agité par le gouvernement italien de faire venir un concurrent chinois dans le pays pour redynamiser la production industrielle aurait des effets inverses que ceux recherchés selon le patron de Stellantis.

"L'introduction d'un nouveau concurrent en Italie, très agressif sur les prix comme peuvent l'être les Chinois, viserait directement le numéro un du marché, c'est-à-dire nous", a fait valoir Carlos Tavares.
"Nous pourrions par exemple essayer d'augmenter la productivité pour réduire les coûts, mais l'arrivée d'un nouveau concurrent entraînerait un éclatement du marché", a-t-il souligné.
"Cela pourrait nous faire perdre des ventes, et donc des parts de marché, puis la production pourrait chuter et nous pourrions avoir besoin de moins d'usines", a poursuivi Carlos Tavares.

Un seul constructeur en Italie

Stellantis a augmenté sa production en Italie l'an dernier de 9,6% à près de 752.000 véhicules et a convenu avec le gouvernement de la porter à un million d'unités en 2030.

"L'Italie est le seul pays européen à ne compter qu'un seul constructeur automobile, contrairement à d'autres pays qui en ont 4, 5, 6 ou 7, comme l'Allemagne, la Pologne, la Slovaquie et aussi la France", a déploré mercredi le ministre des Entreprises Adolfo Urso.

"Cette anomalie italienne doit être réparée", a-t-il insisté, déplorant "l'énorme écart" entre le nombre de voitures produites en Italie et la quantité de véhicules immatriculés chaque année.

Carlos Tavares a également évoqué l'avenir de la Fiat Panda, dont la production dans l'usine de Pomigliano d'Arco, près de Naples, est programmée jusqu'en 2027.

"Si les conditions sont réunies, nous pourrions prolonger la production de la Fiat Panda jusqu'en 2030", a-t-il assuré.

La décision de Stellantis de produire sa future Fiat Panda électrique en Serbie avait suscité en décembre les vives protestations des syndicats italiens, inquiets pour les emplois dans les usines de la péninsule.

Frédéric Bianchi avec AFP