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Ce que l'on sait des missiles hypersoniques américains évoqués par Donald Trump

Après que l'Iran a annoncé avoir bombardé deux bases où stationnaient des soldats américains en Irak, Donald Trump a expliqué lors de son discours que les Etats-Unis étaient en train de construire "de nombreux missiles hypersoniques". Que sont-ils et à quoi servent-ils?

Mardi soir, quelques jours après l'élimination du général iranien Qassem Soleimani, l'Iran a riposté en attaquant deux bases abritant des soldats américains en Iran, sans faire de blessé. Mercredi soir, Donald Trump a pris la parole depuis la Maison Blanche. Une intervention, qui si elle a été finalement assez diplomatique, ne cédant pas à la surenchère, s'est voulue ferme. 

Le président américain est notamment revenu sur la force de frappe de l'armée américaine, et de ses missiles "gros, puissants, précis, mortels et rapides". Puis, il a confirmé la construction en cours de "nombreux missiles hypersoniques". De quoi s'agit-il?

Dans "Chocs Futurs", un rapport du SGDSN (Secrétariat général français de la défense et la sécurité nationale) donne une définition de cette arme:

"Un armement est dit hypersonique lorsqu’il se déplace à une vitesse supérieure à Mach 5, soit cinq fois la vitesse du son". 

Au Etats-Unis, ce projet à 2,5 milliards de dollars a été confié à l'industriel Lockheed Martin avec l'appui de la Darpa, l'Agence américaines pour les projets de recherche avancée de défense. Ces missiles conventionnels de type HCSW (Hypersonic Conventional Strike Weapon) devraient être testés en 2021 pour être opérationnels en 2025, selon un rapport de l'US Air Force de 2018.

Ils sont conçus pour se déplacer sur de longues distances, les rendant capables d'atteindre une cible n'importe où sur la planète en un temps record. Leur interception est également presque impossible du fait de leur vitesse, mais aussi parce qu'ils peuvent être redirigés à distance pour changer de cible, pour la suivre si elle se déplace et pour éviter les boucliers anti-missiles.

Ces armes hypervéloces sont présentées comme invincibles. Elles sont au coeur d'une course mondiale à l'armement avec la Chine et la Russie. Car, les Américains ne sont pas les seuls à travailler sur cette nouvelle arme. La Chine et la Russie développent également des engins capables d'atteindre des vitesses 10 à 20 fois supérieures à celle du son.

Il y a quelques jours, lors d'exercices militaires au large de la péninsule ukrainienne, Vladimir Poutine a supervisé les essais de tirs du missile hypersonique Avangard. Selon Moscou, il aurait atteint Mach 20. 

Un projet hypersonique français testé en 2021

L'Europe n'est pas en reste. Le Royaume-Uni et la France ont aussi un programme de missiles hypersoniques. Il y a un an, presque jour pour jour, Florence Parly, ministre de Armées, évoquait le projet V-Max (Véhicule Manoeuvrant eXpérimental) dont les tests doivent avoir lieu en 2021.

"Nous disposons de toutes les compétences pour le réaliser: nous ne pouvions plus attendre", précisait la ministre en janvier 2019.

Ces nouvelles armes suscitent de lourdes inquiétudes. Dès 2017, un Think Tank américain, nommé Rand publiait un rapport sur les dangers soulevés par ces missiles.

"Un pays en état d'alerte pourrait confondre le lancement de l'un de ces engins avec le début d'une attaque nucléaire et riposter avec de vraies bombes atomiques", redoute le Think Tank Rand.

"Les États-Unis, la Russie et la Chine doivent s'accorder sur une politique de non-prolifération de ces armes", réclame l'organisation américaine et proposant même que la France ait "un rôle-clé en amenant les autres gouvernements à un accord sur une régulation globale" de ces armes.

Pascal Samama
https://twitter.com/PascalSamama Pascal Samama Journaliste BFM Éco