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Brexit et covid: 1,3 million de travailleurs étrangers ont quitté le Royaume-Uni depuis un an

Avec le Brexit le quotidien de nombreux citoyens britanniques va être transformé

Avec le Brexit le quotidien de nombreux citoyens britanniques va être transformé - Daniel LEAL-OLIVAS © 2019 AFP

Rien qu'à Londres, l'Economic Statistics Centre of Excellence estime à 700.000 le nombre de départs sur douze mois, soit 8% de la population. De quoi créer des tensions dans de nombreux métiers.

L'hémorragie est sévère. La perspective puis l'entrée en vigueur effective du Brexit combinée à la crise sanitaire ont provoqué un exil massif de travailleurs étrangers: 1,3 million d'entre eux ont quitté le pays dont 670.000 rien que pour la ville de Londres, entre le troisième trimestre 2019 et le troisième trimestre 2020, selon les estimations de l'Economic Statistics Centre of Excellence.

En cause, les restrictions de déplacements mises en place par le pays pour contenir la pandémie (qui a poussé les étrangers à accélérer un retour) et les nouvelles règles applicables depuis le 1er janvier dernier pour les européens qui souhaitent travailler outre-Manche.

Les citoyens de l'UE doivent en effet obtenir un visa de travail en justifiant une rémunération minimum de 20.000 livres par an (23.155 euros). Soit un niveau bien supérieur aux salaires perçus par de nombreux travailleurs étrangers présents dans les secteurs de l'hôtellerie-restauration ou de l'aide à domicile (ménage, garde d'enfants, jardinage...).

158.000 serveurs, plongeurs et cuisiniers en moins

De quoi provoquer d'importantes tensions sur ces métiers. Le quotidien Les Echos rappelle ainsi que 90% des candidatures pour les 45.000 postes "au pair" par an proviennent d'européens. Or, ces postes sont en moyenne rémunérés 5000 livres par an, bien loin des 20.000 nécessaires pour l'obtention d'un visa de travail.

Dans le cas de l'hôtellerie-restauration mais aussi le commerce, c'est la double peine car les offres d'emplois se sont taries avec les confinements, les employeurs se retrouvant en grande difficulté financière. Résultat, 158.000 travailleurs étrangers dans l'hôtellerie-restauration seraient partis. Même sanction dans le commerce où 217.000 salariés non-britanniques ont du quitter leurs postes et donc rentrer chez eux pour la plupart.

Et alors que le pays entame un déconfinement par étapes, les organisations patronales craignent d'importantes pénuries de main d'oeuvre qui ne pourront être compensées entièrement par les travailleurs britanniques.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business