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Blocage des ports: une opération "suicidaire" qui profite aux ports "d'Anvers et d'Amsterdam"

L'opération ports morts se poursuit. La fédération CGT des Ports et Docks a prévu une nouvelle opération de blocage jusqu'à vendredi dans les sept grands ports français (Dunkerque, Le Havre, Rouen, Nantes-Saint-Nazaire, La Rochelle, Bordeaux et Marseille)

L'opération ports morts se poursuit. La fédération CGT des Ports et Docks a prévu une nouvelle opération de blocage jusqu'à vendredi dans les sept grands ports français (Dunkerque, Le Havre, Rouen, Nantes-Saint-Nazaire, La Rochelle, Bordeaux et Marseille) - Kenzo Tribouillard - AFP

La fédération CGT des Ports et Docks a prévu une nouvelle opération de blocage jusqu'à à vendredi dans les sept grands ports français. La situation inquiète les professionnels du transports qui alertent sur les conséquences économiques et sociales du mouvement.

La poursuite du blocage des ports maritimes français pour protester contre la réforme des retraites est "complètement suicidaire", a prévenu mardi Aline Mesples, présidente de l'Organisation des transporteurs routiers européens (Otre), de la cérémonie des voeux de l'organisme qui représente des PME du secteur routier.

"Ca fait presque deux mois que ça dure, que les bateaux n'arrivent plus, qu'ils vont ailleurs. On est en train d'enterrer les ports français", ajouté la présidente de l'Otre.

Ce crainte est partagée par Erwann Kérourédanle, responsable du Club logistique du Havre. Dans un entretien au Parisien, il indique que "Anvers ou Rotterdam se frottent les mains".

"Car pour les grands donneurs d'ordre qui travaillent à l'échelle de la planète, Le Havre n'est qu'un point sur une carte. Envoyer leurs marchandises plus au nord n'est pas un problème pour eux", rappelle Erwann Kérourédan.

Après 40 jours de grèves dans les ports, celui du Havre, de par sa proximité avec les autres grands ports du nord de l'Europe, est déjà fortement affecté par le mouvement des dockers. Le Havre est le deuxième port français en tonnage de marchandises, entre Marseille et Dunkerque. Mais il est le premier de France en termes de conteneurs: chaque année 2,7 millions y transitent.

Selon Véronique Lépine, présidente du Groupement havrais des armateurs et agents maritime, le nombre d'escales supprimées pourrait varier entre 200 et 250 d'ici la fin du mois de janvier, soit jusqu'à 2000 conteneurs qui ne transitent plus par Le Havre. Sur le premier mois de l'année, la baisse d'activité est évaluée entre 30 et 40%.

Un service minimum

Les conséquences touchent l'ensemble de la chaîne jusqu'au client final. "En temps normal, on peut livrer en trois heures un client de la région parisienne à partir du moment où le bateau est déchargé. En ce moment, on ne peut donner aucune garantie", explique Véronique Lépine au Parisien.

Pour les entreprises françaises du transport et de la logistique, la facture sera lourde, et déjà, les conséquences des blocages sont perceptibles sur l'emploi. "Les CDD et les intérimaires doivent rester chez eux", signale Erwann Kérourédan.

Pour Aline Mesples, c'est "toute l'activité transport est totalement handicapée par cette situation". Elle réclame désormais un "service minimum" dans les ports, ainsi que des aides financières "ponctuelles". 

Ce mercredi, la fédération CGT des Ports et Docks a prévu une nouvelle opération de blocage jusqu'à vendredi dans les sept grands ports français (Dunkerque, Le Havre, Rouen, Nantes-Saint-Nazaire, La Rochelle, Bordeaux et Marseille).

Pascal Samama