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Arnaud Montebourg: le rachat de Suez par Veolia "est une opération destructrice"

Arnaud Montebourg, entrepreneur et ancien ministre, était l'invité ce mardi matin de Good Morning Business sur BFM Business.

Arnaud Montebourg, entrepreneur et ancien ministre, était l'invité ce mardi matin de Good Morning Business sur BFM Business. - BFM Business

Arnaud Montebourg, entrepreneur et ancien ministre, était l'invité ce mardi matin de Good Morning Business sur BFM Business.

Après des mois de bataille, Veolia absorbera bien une grande partie de son concurrent Suez. Antoine Frérot, le PDG de Veolia, "a détruit une entreprise", a réagi ce mardi matin l'ex-ministre Arnaud Montebourg, invité sur le plateau de Good Morning Business.

"On avait [deux champions mondiaux], on en a plus qu'un, et à mon avis un demi parce que vu le niveau d'endettement que va générer l'acquisition [de Suez] je ne donne pas cher de Veolia dans les années à venir (…). C'est une opération destructrice, et je regrette que le gouvernement n'ait pas bougé le petit doigt", a-t-il déploré.

Pour l'ancien ministre du Redressement productif, le gouvernement "a laissé Engie vendre sa participation" dans Suez "parce qu'il est d'accord" avec l'opération.

Arnaud Montebourg estime par ailleurs que l'autorité des marchés financiers (AMF) a "piétiné" la loi Florange arguant de collusions entre le gouvernement et l'autorité: "Qui dirige l'AMF? Le beau-père du ministre de l'Agriculture. C'est une autorité familiale, ce n'est pas une autorité indépendante. Cette opération a consisté à choisir les amis du pouvoir pour distribuer les dépouilles d'une entreprise."

"Une stratégie à la Poutine"

"Expliquez-moi ce que vient faire M. Déau, le patron de Meridiam, dans cette affaire ? Il n'a pas un piètre sou, il n'a jamais géré de l'eau et on lui donne toute l'eau française des collectivités locales de Suez (…). M. Frérot, M. Déau, sont aujourd'hui servis par l'Etat (…) parce qu'ils sont les amis de M. Macron. C'est une stratégie à la Poutine: on choisit un objet, et comme dans l'oligarchie russe on le confie aux amis du pouvoir. Tous ceux qui ont fait ça, nous nous en souviendrons".
"Expliquez-moi pourquoi [Antoine Frérot] cherche à renforcer son groupe en détruisant un groupe qui se porte bien ? Parce qu'il a des problèmes. Je rappelle qu'il y a des procédures d'accusation de corruption contre Veolia dans un certain nombre de pays. Il va falloir qu'il en réponde (…). C'est comme ça que l'affaire Alstom a commencé: il y avait des accusations de corruption, et ça s'est terminé quand on a perdu Alstom (…). Mes accusations sont parfaitement fondées", a assuré Arnaud Montebourg.

"Un projet franco-français"

Arnaud Montebourg "avait un peu disparu de l'actualité pendant quelques années, depuis quelques semaines il essaie de revenir, de se refaire une place, donc il utilise notre projet, projet qu'il connaît très mal d'ailleurs", a répondu Antoine Frérot, invité lui aussi de BFM Business ce mardi matin.

"Quand il dit qu'aujourd'hui nous avons deux champions mondiaux, c'est vrai, mais dans 20 ans, si nous ne rassemblons pas nos forces, ce n'est pas deux ni un qu'on aurait, c'est zéro".

Pour le patron de Veolia, "ce rapprochement, il est fait pour que la France (…) ait dans 20 ans le leader dans le monde de ce métier. Si nous ne profitons pas de cette opportunité nous le regretterons".

Jérémy Bruno Journaliste BFMTV