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Zombies: entre Seuls et The Walking Dead, la BD Kidz revisite le genre

Détail de la couverture de Kidz

Détail de la couverture de Kidz - Glénat

Imaginée en réaction aux histoires de zombies comme The Walking Dead, Kidz raconte le quotidien d’une bande d’enfants après une invasion de morts-vivants.

A Hollywood, les zombies ont toujours la cote. La série The Walking Dead et son spin-off Fear the Walking Dead continuent de séduire un large public. Déjà réalisateur de L’Armée des morts en 2004, Zack Snyder tournera cet été Army of the Dead, histoire d’un braquage pendant une apocalypse zombie. En octobre sortira Bienvenue à Zombieland 2, suite du succès de 2009 avec Jesse Eisenberg et Emma Stone.

Dans ce contexte, est-il encore possible d’imaginer des récits de zombies originaux? Réponse: oui. Avec leur BD Kidz, le scénariste Aurélien Ducoudray et le dessinateur Jocelyn Joret offrent un contre-pied à ces histoires en mettant en scène, plusieurs mois après une épidémie de zombies, un groupe d'enfants dans un monde où la mort règne. "L’album est né en réaction aux récits traditionnels de zombies", confirme Aurélien Ducoudray.

"Je suis un fan de cinéma fantastique, j’ai vu beaucoup de films de zombies, de Romero à Bienvenue à Zombieland. Le personnage m’intéresse vraiment, mais, à chaque fois qu’on le voit, on nous montre toujours l’invasion", ajoute-t-il. "Concrètement, que font les zombies une fois qu’ils ont fini de manger les gens? Comme tout le monde, quand tu n’as plus rien à manger, tu claques. Il suffit de se planquer six mois et on est tranquille. J’aimais bien l’idée que le zombie devienne le moins important de l’histoire."

Kidz
Kidz © Glénat

Des zombies peu dangereux

L’intrigue s’ouvre avec une course-poursuite entre des morts-vivants et des enfants. Hormis cette séquence, rythmée comme dans les comics américains, les zombies sont plutôt absents, en apparence seulement, du reste du récit. "Je ne voulais pas que l’action soit amenée par les attaques de zombies, mais que ce soit nos personnages qui décident de s’en occuper, avec un côté routinier, comme s’il devait s’occuper de chiens errants qui cassent les pieds”, analyse le scénariste. En somme, que les zombies “ne soient plus dangereux."

Avant de commencer le projet, Aurélien Ducoudray a eu la surprise de découvrir que son dessinateur Jocelyn Joret n’appréciait guère les morts vivants: "Je n’ai pas cette culture et je suis ultra-sensible. J’ai dû mal à regarder des films d’horreur." Il s’est malgré tout complètement plongé avec intérêt dans cet univers post-apocalyptique: "Ça me plaisait de me confronter à quelque chose qui n’était pas fait pour moi." Dont acte: il a dû notamment dessiner une scène où, à l’inverse de La Nuit des Morts-Vivants, un père dévore sa fillette.

Comment dessiner ces visions d’horreur en étant aussi sensible? "Le hors-champ!", s’exclame Aurélien Ducoudray. "On essaye d’être subtil", ajoute Jocelyn Joret, dont le dessin peut faire penser à celui de Jamie Hewlett de Gorillaz. "C’est intéressant de se faire violence et de se mettre en danger avec une telle scène. On est tous les deux parents, c’est une situation qui nous touche." D’autant que le duo a décidé, comme dans Seuls, de plonger ses personnages - tous des enfants et des adolescents - dans ce milieu hostile. Avec l’idée que chacun d’entre eux peut mourir à tout moment.

Kidz
Kidz © Glénat

Un monde dévasté?

"Pour raconter les pires horreurs", le scénariste s'appuie sur "le dessin très agréable" de Jocelyn Joret. Si le cinéma s’interdit souvent de sacrifier à l’écran les enfants, les auteurs ne s’interdisent rien, hormis la gratuité de la violence: "Si un personnage doit mourir, il faut que sa mort soit utile", précise Aurélien Ducoudray, qui dresse une vision presque positive de la fin du monde:

"Ce n’est pas un monde dévasté. Au contraire, c’est un monde qui est tout neuf. Le seul souci est qu’il n’y aura plus jamais rien de nouveau. Ils sont obligés de composer avec tout ce qui existe déjà. Leur seule possibilité d’avoir quelque chose de nouveau est lorsqu’un des personnages prend sa caméra et raconte leur quotidien. Il n’y a plus de futur, plus que du présent. Ils ne se posent pas les questions de la reconstruction. Pour l’instant, ils jouissent."

En somme: faite l’amour, pas la guerre aux zombies. Tout en restant vigilant: la menace rôde encore.
Jérôme Lachasse