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Culture

« Welcome », la face sombre du Nord

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La sortie de Welcome sur l'amitié entre un sans-papier et un maitre nageur a donné lieu à une passe d'armes entre l'équipe du film et le ministre de l'immigration Eric Besson.

Le pitch
Vincent Lindon y joue le rôle de Simon, un ex-champion de natation devenu maître nageur. Simon s'attache à Bilal (Firat Ayverdi, révélation du film), un adolescent irakien qui a traversé le continent pour rejoindre sa petite amie à Londres. Arrivé à Calais, Bilal a échoué dans sa tentative de passer la Manche caché dans un camion de marchandises. Il décide alors de traverser la Manche à la nage, un dangereux périple que Simon, qui lui donne des leçons de natation, veut le dissuader d'entreprendre.
« Welcome » fait la lumière sur les risques pris par les clandestins déterminés à tout pour gagner la Grande-Bretagne et sur leurs conditions de vie précaires depuis la fermeture du camp de Sangatte, fin 2002.

La polémique
Tout part d'une interview accordée par Philippe Lioret à la Voix du Nord, dans laquelle il dit : « ça pourrait se passer en 1943. Il pourrait s'agir d'un type qui cache des juifs chez lui et se fait prendre. Sauf que ca se passe aujourd'hui à 200 km de Paris. »
La réaction d'Eric Besson, ministre de l'Immigration fut immédiate : « Le réalisateur, Philippe Lioret a plus que franchi la ligne jaune lorsque il dit : les clandestins de Calais sont l'équivalent des juifs en 43. Cette petite musique-là est absolument insupportable. Suggérer que la police française c'est la police de Vichy, que les Afghans sont traqués, qu'ils sont l'objet de rafles, etc., c'est insupportable», a-t-il insisté.
Dans un entretien au Parisien, Vincent Lindon s'insurge particulièrement contre un article de la loi qui stipule que toute personne venant en aide à une personne en situation irrégulière est passible de 5 ans de prison. « Je sais que le ministre (Besson) a une tâche difficile, mais il fait semblant de nier l'existence de cette loi, dit-il, espérant que "Welcome" "puisse contribuer à changer cette loi ».

La critique de Michel Pascal
Le film de Philippe Lioret est en fait beaucoup plus modéré que les propos du réalisateur tenus dans la presse. A aucun moment il ne fait prendre les rues de Calais pour le Vél d'hiv au moment de la rafle. Il nous raconte une histoire d'amitié paternelle entre un jeune kurde qui veut traverser la manche et un maitre nageur qui va l'aider à perfectionner son crawl.
Au début Simon, le prof de natation ignore tout du sort des réfugiés et s'en moque même éperdument. Peu à peu, sous la pression de la police, il prend fait et cause pour ce gamin qui a croisé sa route par hasard.
Welcome, c'est le contraire d'un film militant. C'est une fiction au ton documentaire où l'émotion est plus humaniste que politique. Je pense que les pouvoirs publics paniquent un peu devant l'immense vague que ce film provoque déjà et que les propos du ministre de l'immigration vise aussi à désamorcer la sympathie que cette œuvre très réussie va déclencher auprès du grand public.

La rédaction