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Tébo et Loisel commentent La Jeunesse de Mickey et Café Zombo

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- - © Disney 2016 - Extrait de Café Zombo de Loisel

ENTRETIEN - Les deux dessinateurs ont reçu l'honneur et le privilège de concevoir de nouvelles aventures de la célèbre souris. Ils ont raconté à BFMTV.com les coulisses de leur création.

Après Une mystérieuse mélodie de Cosey et Mickey's Craziest Adventures de Trondheim & Keramidas, Glénat continue de proposer des aventures de Mickey inédites, écrites et dessinées en accord avec Disney par des Français. 

La nouvelle livraison, constituée de La Jeunesse de Mickey de Tébo et de Café Zombo de Loisel, vient de paraître. Elle sera suivie en 2017 par deux albums, puis par quatre tous les ans à partir de 2018. Les noms des auteurs n'ont pas encore été dévoilés. 

Pour l'heure, Tébo, auteur de Captain Biceps, a signé La Jeunesse de Mickey, livre ludique où Pépé Mickey raconte à son petit neveu Norbert ses aventures passées. La célèbre souris y explore notamment le Far West, l'époque de la Prohibition et l'espace. Loisel, auteur de Magasin général, s'est inspiré du Mickey des années 1930 pour composer Café Zombo, un album réalisé en format strip et aux thématiques actuelles.

Les deux auteurs ont accepté de commenter une sélections de planches et de cases de leur album pour BFMTV.com. La scène se déroule dans un café parisien situé non loin de la place de la Bastille. Les deux compères, autour d'un verre d'eau, échangent joyeusement et s'interrogent mutuellement sur les coulisses de ces deux albums très attendus.

Extraits de La Jeunesse de Mickey de Tebo (en haut) et de Café Zombo de Loisel (en bas).
Extraits de La Jeunesse de Mickey de Tebo (en haut) et de Café Zombo de Loisel (en bas). © © Disney 2016

S’approprier Mickey

Tébo: "Quand Jacques Glénat m’a proposé de dessiner un Mickey, il était hors de question que je copie le style d’autres dessinateurs." Loisel: "Comme moi." Tébo: "Oui, mais toi tu disais que tu allais t’inspirer des anciens. Et on reconnait ta patte. Pour moi, cela a représenté pas mal de boulot. Mickey est facile à dessiner. C’est trois ronds et deux points. Mais j’ai mis deux mois à l’avoir en main pour que ce soit à ma sauce et qu’il soit ressemblant. Il faut faire attention: comme Mickey a deux petits points pour yeux, dès qu’ils sont trop rapprochés ou trop écartés, le dessin ne marche plus. C’est pour Pat Hibulaire que j’ai eu le plus de mal. Il change à toutes les époques, en dessin animé comme en BD. Il n’a jamais la même gueule. Parfois on dirait un loup, parfois un chat. C’est comme pour les monstres, on tâtonne, on essaye: avec un oeil, deux yeux, trois yeux…" Loisel: "Pour moi, c’est pareil, sauf que j’ajoute des poteaux télégraphiques! J’ai toujours aimé dessiner Mickey. Ça n’a pas été très compliqué. Je me suis simplement astreint à reproduire le Mickey des années 30. Comme le dit Tébo, Mickey n’est pas si simple à dessiner. Si tu ne places pas les yeux ou le groin ou les oreilles au bon endroit, ça merde. Je me suis rendu compte que lorsque Mickey regarde en coin, ça ne marche pas parce qu’il y a un grand écart entre les deux yeux. Cette image correspond extrêmement bien à mon style narratif. Je mets souvent un premier plan, un deuxième plan et un fond. Comme c’était l’époque de la Grande Dépression, il y a beaucoup de boîtes de conserve, de poubelles… C’est vrai que dans les Mickey il n’y a pas beaucoup de détails..." Tébo: "Surtout les fonds. Quand il y a des maisons, le toit n’est vraiment qu’une silhouette." Loisel: "Les histoires étaient aussi en noir et blanc. Dès l’instant où tu mets de la couleur, ça ne marche plus. Avec le noir et blanc, tu imagines le reste. Ça ne perturbe pas la lecture. Café Zombo est colorisé parce que c’est plus ‘commercial’ mais il fonctionne très bien aussi en noir et blanc. Au départ, j’aurai voulu réaliser l’album en trichromie, c’est-à-dire en noir, rouge et bleu comme les vieux albums Hachette. Ces planches seront disponibles dans un livre où il y a aura les crayonnés, l’encrage et la trichromie."

Extrait de Café Zombo de Loisel
Extrait de Café Zombo de Loisel © © Disney 2016

Les périodes historiques

Tébo: "J’essaye de ne pas m’ennuyer quand je dessine. J’ai eu envie de prendre des périodes qui n’avaient pas été utilisées par Disney: la Première Guerre mondiale, la prohibition... Tout en y ajoutant le western et la course aux étoiles. Mickey, c’est les Etats-Unis. Je voulais dessiner toutes les grandes périodes du pays pour y glisser Mickey." Loisel: "Je l’ai fait à l’époque de la prohibition parce que Mickey est né en 1928-1929, pendant la Grande Dépression. J’ai pu parler de chômage, d’expropriation - ce qui se passe aussi actuellement. Ce n’était pas ma volonté de rendre l’histoire politique mais j’ai préféré dessiner une histoire qui soit le reflet de notre société qu’une énième histoire de trésor ou de Mickey détective."

Extrait de Café Zombo de Loisel
Extrait de Café Zombo de Loisel © © Disney 2016

Le format

Tébo: "Les récits courts, c’est le format que je maîtrise depuis toujours. Mais ici il y a un fil conducteur. Je voulais qu’il y ait aussi une histoire longue. En tant qu’auteur, j’aime bien dessiner des histoires courtes mais en tant que lecteur, elles m’ennuient. C’est pour cette raison que j’ai créé le personnage de Pépé Mickey. Au début, c’était juste des histoires où Mickey se bastonnait. C’est en écrivant que j’ai trouvé ces idées. Comme pour les couvertures des histoires et la première rencontre entre Mickey et Pat Hibulaire. J’ai commencé le projet en me disant que j’allais dessiner un Mickey à ma sauce. Puis, petit à petit, des souvenirs d’enfance sont revenus. En dessinant, je me suis rendu compte que j’étais fan, moi qui était plus fasciné par les super-héros ou Gotlib. Le Mickey que je préférais c’était celui des dessins animés, celui qui était hargneux. Je crois que tout mon style de dessin vient de là."

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- © © Disney 2016 - Extrait de La Jeunesse de Mickey de Tébo

Loisel: "On avait un minimum de 48 pages à dessiner. J’ai donc opté pour une longue histoire, comme Cosey. J’ai pu mettre Mickey à la campagne, à la ville. J’ai pu dessiner une des plus longues bastons de Mickey. J’avais une histoire assez longue à gérer. Je ne pouvais pas la traiter en 15 pages. Pourquoi ce format à l’italienne? A l’origine, Floyd Gottfredson [l’un des premiers dessinateurs de Mickey, auteur de classiques comme Mickey contre le Fantôme noir, ndlr] dessinait dans les quotidiens. Il faisait un strip par jour. J’ai eu envie de retrouver cette dynamique. Sur un strip, la narration est particulière. L’image qui est au dessus ne doit pas gêner ou écraser la case du dessous. Si c’est chargé en haut, je dois dégager le bas et ainsi de suite. Les images ne peuvent pas être très étroites."
Tébo: “Est-ce que tu as pensé que tu allais avoir deux strips sur chaque page lorsque tu as commencé?”
Loisel: "Non. Parfois, ça tombe bien. Parfois, tu te dis ‘Ça fait chier’. Je n’ai pas voulu m’arrêter à cela. Je ne voulais pas rallonger certaines scènes et ralentir mon récit pour que le strip s’arrête parfaitement à la page de gauche. En général, ça tombe bien 4 fois sur 5."
Tébo: "Pour mes doubles planches, je me suis aussi cassé la tête pour que ça tombe pile. J’ai dû rallonger ou raccourcir mon histoire. Dès que Jacques Glénat m’a proposé le projet, je me suis dit que j’aurais de grandes illustrations. J’avais le souvenir quand je lisais Tintin qu’il y avait de grandes images. Une fois que tu avais lu ton histoire, tu pouvais revenir sur la grande image et puis regarder les petits détails. C’est ce que j’ai voulu accomplir, en glissant plein de détails, mais pas trop non plus pour freiner la narration. Je voulais un livre où l’on a envie de revenir juste pour le plaisir du dessin."

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- © © Disney 2016 - Extrait de La Jeunesse de Mickey de Tebo

La Jeunesse de Mickey, Tébo, Glénat, 80 pages, 17 euros.

Café Zombo, Loisel, Glénat, 80 pages, 19 euros.

Exposition "Mickey by Glénat" présente du 7 décembre au 15 janvier 2017 des planches, des crayonnés, des études et des illustrations de Cosey, Kéramidas et Trondheim, Loisel et Tébo autour de Mickey.

Galerie Glénat - 22, rue de Picardie 75003 Paris - Tél : 01 42 71 46 86 - Horaires : du mardi au samedi de 11 heures à 19 heures.

Jérôme Lachasse