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Culture

Qui est Laurence des Cars, première femme nommée à la tête du Louvre?

Laurence Des Cars, présidente du musée d'Orsay, pose dans l'ancienne gare reconvertie en musée, le 24 mars 2021

Laurence Des Cars, présidente du musée d'Orsay, pose dans l'ancienne gare reconvertie en musée, le 24 mars 2021 - ALAIN JOCARD © 2019 AFP

L'ex-directrice du musée d'Orsay vient d'être nommée à la tête du Louvre. Retour sur le parcours de celle qui veut ouvrir le musée à toutes les générations et tous les publics.

Laurence des Cars est une pionnière. À la tête de deux temples de l'art en l'espace de quatre ans: future présidente-directrice du Louvre, où sa nomination a été annoncée ce mercredi, elle a été aussi la première femme à diriger le musée d'Orsay, où elle avait fait ses premières armes et qui connaît désormais un succès tel qu'elle a décidé d'en élargir les espaces

Fille du journaliste et écrivain Jean des Cars, petite-fille du romancier Guy des Cars, cette spécialiste de l'art du XIXe et du début du XXe siècle se veut une directrice de son temps, se mobilisant pour un accès plus large des jeunes au musée, pour les restitutions d'œuvres spoliées par les nazis ou encore pour des expositions en lien avec des débats d'actualité.

"Mon cœur a battu plus fort"

"Mon cœur a battu beaucoup plus fort, ça a été un moment d'émotion et de joie", a confié Laurence des Cars ce mercredi au micro de France Inter, évoquant l'appel de Roselyne Bachelot lui annonçant sa nomination.

"C'est un moment que j'ai pu partager avec mes proches. J'étais avec ma famille à ce moment-là et je n'oublierai jamais cet appel."

Après des études d'histoire de l'art à l'université Paris IV-Sorbonne et à l'École du Louvre, elle intègre l'École nationale du patrimoine et prend son premier poste de conservateur au musée d'Orsay en 1994, où elle demeure jusqu'en 2007.

C'est durant cette période qu'elle est commissaire de plusieurs expositions en collaboration avec des musées internationaux, comme le Metropolitan Museum of Art de New York, la Royal Academy of Art de Londres ou le musée Thyssen à Madrid.Elle est nommée en juillet 2007 directrice scientifique de l'agence France-Muséums, opérateur français chargé du développement du Louvre Abu Dhabi, puis promue dans le corps des conservateurs généraux du patrimoine en 2011.

Son parcours prend un nouveau tournant lorsqu'elle est nommée en 2014 directrice du musée de l'Orangerie puis en 2017 d'Orsay, où elle a été notamment derrière l'expo-évènement "Le modèle noir". Sous son mandat, le nombre de visiteurs du musée, l'un des plus grands 'Europe pour la période allant de 1848 à 1914, n'a cessé de croître: jusqu'à 3.700.000 visiteurs en 2019, avec un niveau d'auto-financement atteignant 64%.

Exposition "Le Modèle noir", présentée en 2019 au musée d'Orsay.
Exposition "Le Modèle noir", présentée en 2019 au musée d'Orsay. © Musée d'Orsay

En pleine pandémie, la directrice se lance dans "Orsay grand ouvert", un projet qui va élargir le musée, grâce notamment à un don de 20 millions d'euros d'un mécène américain resté anonyme. Objectif: plus d'espaces d'expositions, un centre éducatif de 650 m2 et un centre de recherches ouvert à l'international qui sera inauguré en 2024, une dimension chère à l'historienne.

Elle pratique aussi de nombreux prêts en région. "En 2019, plus de 600 œuvres que nous conservons ont été vues, d'Ornans à Giverny", affirmait-elle en 2020 au Figaro.

Sous son impulsion, le ministère de la Culture lance la procédure de restitution du tableau de Gustav Klimt, "Rosiers sous les arbres", conservé au musée d'Orsay, aux ayants droit de Nora Stiasny qui en a été spoliée à Vienne en août 1938 par les Nazis.

La ministre française de la Culture Roselyne Bachelot à côté du tableau de Gustav Klimt "Rosiers sous les arbres" le 15 mars 2021 à Paris
La ministre française de la Culture Roselyne Bachelot à côté du tableau de Gustav Klimt "Rosiers sous les arbres" le 15 mars 2021 à Paris © ALAIN JOCARD © 2019 AFP
"Un grand musée se doit de regarder en face l'Histoire, y compris en se retournant sur l'histoire même de nos institutions", avait-elle commenté à l'AFP.

Lors d'un entretien avec l'AFP en avril, elle soulignait sa vision d'un musée dont la programmation serait ancrée "au sein des grands enjeux de société, en attirant ainsi les nouvelles générations". "Dans un monde qui peut chahuter, rejeter le musée", elle veut s'adresser aux "visiteurs de tous les âges et de toutes les origines socio-culturelles".

Laurence des Cars souhaite que le Louvre puisse "s'ouvrir au monde d'aujourd'hui, tout en regardant le passé", comme l'a déclaré ce matin sur France Inter. "Je pense que le Louvre a beaucoup de choses à dire à la jeunesse. La jeunesse va être au centre de mes préoccupations".

Elle a salué ce matin sur France Inter, Jean-Luc Martinez, à qui elle succède, et avec qui elle va travailler durant quelques mois. "Il y aura une période de transition, ce qui est inédit dans l'histoire du Louvre, où nous allons travailler tous les deux au service de cette grande institution".

"Plus vous allez vous perdre dans les salles du Louvre, plus vous vous retrouverez", promet elle.

M. R. avec AFP