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"Quarantaine", le polar visionnaire et glaçant sur une pandémie

Couverture du roman "Quarantaine", de l'écrivain Peter May.

Couverture du roman "Quarantaine", de l'écrivain Peter May. - Editions du Rouergue

L'auteur de romans policiers britannique, Peter May, a imaginé en 2005 un monde en pleine pandémie. Un manuscrit refusé à l'époque, car jugé "trop improbable". Le roman, intitulé Quarantaine, vient de paraître en France.

Il suffit parfois d'attendre quelques années, pour qu'une histoire jugée irréaliste le devienne. C'est ce qui est arrivé à l'écrivain Peter May, Ecossais installé en France depuis vingt ans, dans le Lot, et naturalisé depuis 2016. Il a ainsi proposé en 2005 à son éditeur un roman policier qui se passait dans un contexte de pandémie, et que lui avait inspiré la pandémie de grippe aviaire, H5N1, survenue en 2004. Jugeant le scénario "beaucoup trop irréaliste", l'éditeur refuse à l'époque le manuscrit.

Alors que le monde entier est désormais plongé dans les affres de la pandémie de Covid-19, tout cela paraît d'un coup beaucoup plus crédible. L'éditeur a finalement décidé, en 2020, de publier le roman. Traduit et intitulé Quarantaine, il vient de paraître en France, aux Editions du Rouergue.

"J'ai écrit Quarantaine en six semaines, évoque l'auteur dans la préface du livre réhabilité. Le roman n'a jamais été publié. Les éditeurs anglais jugeaient ma description de Londres assiégée par l'ennemi invisible du H5N1 beaucoup trop irréaliste, trop improbable - bien que toutes mes recherches aient prouvé que cela pouvait réellement se produire".

"La situation pourrait être encore pire qu'elle ne l'est"

A M le Mag du Monde, l'écrivain confie cette phrase glaçante: "Quand j’ai rencontré des scientifiques pour ­préparer ce roman, ils disaient que la question n’était pas 'si', mais 'quand' elle allait se ­produire".

Le roman est alors resté en sommeil "dans un dossier Dropbox", avant que ne surgisse dans nos vies le Covid et le confinement. "Il me semblait donc que c'était le moment de repêcher ce vieux manuscrit et de le partager avec mes lecteurs - ne serait-ce que pour leur faire prendre conscience que la situation pourrait être encore pire qu'elle ne l'est", évoque encore Peter May dans la préface.

L'histoire de Quarantaine est en effet encore plus cauchemardesque que ce que nous vivons actuellement. L'action se déroule à Londres, coupée du reste du monde par l'épidémie. Le Premier ministre vient de mourir. Dans ce contexte de pandémie dramatique, "les ossements d'une enfant assassinée sont découverts sur un chantier où des ouvriers travaillent d'arrache-pied à la construction d'un hôpital d'urgence", détaille l'auteur dans la préface.

Chaos et désintégration

Peter May s'était documenté sur le sujet de la grippe espagnole pour un autre ouvrage, intitulé Cadavres chinois à Houston. "Mais je ne m'attendais pas à découvrir au cours de mes investigations sur le H5N1 les horreurs qu'une pandémie de grippe aviaire était susceptible d'infliger au monde entier", note-t-il, racontant comment il a étudié "le chaos que cela provoquerait, la vitesse à laquelle la société telle que nous la connaissons risquerait de se désintégrer".

Comme le film Contagion, de Steven Soderbergh, qui a suscité au début de la pandémie un regain d'engouement, le livre de Peter May est devenu un véritable best-seller en Grande-Bretagne, où il est sorti le 30 avril 2020 (plus de 110.000 exemplaires, selon Le Monde).

Magali Rangin