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Pour son 50ème anniversaire, la BD Les Tuniques bleues entre au musée

Les Tuniques Bleues

Les Tuniques Bleues - Lambil (c) Dupuis 2017

La célèbre BD fête son cinquantenaire avec un nouvel album et une exposition. Son dessinateur, Willy Lambil, confie quelques anecdotes sur la conception de cette série culte.

Depuis 1968, Les Tuniques Bleues plonge dans la Guerre de Sécession les soldats Blutch et Chesterfield. Chaque année, le nouvel album de cette mythique série du 9e Art, toujours signé par le scénariste Raoul Cauvin et le dessinateur Willy Lambil, se vend à plus de 150.000 exemplaires. A la traditionnelle question sur le secret de cette réussite, Lambil, 81 ans, répond par une boutade: 

"Je ne sais pas pourquoi ça dure, mais ça ne durera pas plus de dix ans."

A l'occasion du cinquantenaire de la série et de la parution du 61e album, L'étrange soldat Franklin, les Éditions Dupuis et le Domaine de Chantilly organisent du 15 novembre 2017 au 7 janvier 2018 l’exposition "Les Tuniques Bleues au musée du Cheval". Une consécration pour Willy Lambil, qui n'a jamais eu les honneurs du Festival de la BD d'Angoulême.

"Je suis moi-même surpris", raconte-t-il à BFMTV. "Je fais rarement des expositions de mes planches. Je n'en ai pas eu envie. On me l'a demandé, parfois, mais je ne suis pas une vedette. Je ne vois pas trop l'intérêt de la chose. C'est très bien cette exposition, mais ce n'est pas ma tasse de thé".

Willy Lambil (à gauche) et Raoul Cauvin (à droite), le dessinateur et le scénariste des Tuniques Bleues.
Willy Lambil (à gauche) et Raoul Cauvin (à droite), le dessinateur et le scénariste des Tuniques Bleues. © Dupuis

"J’ai repris la série pour dépanner"

Les Tuniques bleues naissent en 1968 dans les pages du journal Spirou. Il s'agit alors de combler le vide laissé par le départ de Lucky Luke pour Pilote. Les premiers tomes sont dessinés par Louis Salvérius, qui meurt à 38 ans lors de l'élaboration du quatrième album, Outlaw. Willy Lambil est alors appelé pour dessiner les huit planches restantes. Il s'en souvient comme si c'était hier:

"J’ai repris la série pour dépanner sans penser qu’on me la confierait", explique-t-il. "J'avais à l’époque une série qui ne marchait pas du tout (Hobby et Koala, NDLR). J'ai demandé à Cauvin de m'écrire des scénarios avec des personnages nouveaux, mais il n’a pas eu le temps de le faire. A la mort de Salvérius, il m’a donc demandé avec le rédacteur en chef de Spirou d'achever l’album. Dupuis m’a demandé après si je voulais continuer, parce que le série commençait bien et qu’il serait dommage de la laisser tomber".

Raconter l'histoire de la Guerre de la Sécession n'était pas le rêve de Willy Lambil. Au fil des années, il a su trouver son compte dans cette évocation mi-humoristique, mi-réaliste de l'histoire américaine. Il s'est d'ailleurs constitué une collection de livres et d'armes factices pour l'aider dans sa reconstitution de l'époque.

"A chaque fois que je voyais quelque chose sur la guerre de Sécession, je l'achetais", raconte-t-il. 

Outre les livres d'histoire, le cinéma a-t-il été une inspiration pour Les Tuniques Bleues, comme il l'a été pour Blueberry et Lucky Luke? La réponse de Willy Lambil est catégorique: "Je ne suis inspiré par rien du tout. Je reçois le scénario, je le dessine et voilà. Rien ne m’inspire, aucun sujet ne m’inspire pour la bonne raison que ce n’est pas mon travail. C’est simplement le côté graphique qui me concerne".

Aquarelle de Willy Lambil
Aquarelle de Willy Lambil © Lambil (c) Dupuis 2017

"C’est surtout la nature qui m’intéresse"

Pour le scénario, Willy Lambil travaille toujours avec Cauvin, le créateur de la série. Les deux hommes discutent peu. "On ne piétine pas les plates-bandes de l’autre", poursuit le dessinateur. Ce dernier a déjà tenté de proposer des idées à Cauvin, mais la tentative s'est soldée par un échec: "Il n'a pas suivi mes idées." Dans ses dessins, comme une alternative au récit guerrier, Lambil ajoute souvent des animaux dans les cases. Il excelle notamment dans la représentation des chevaux.

"C’est surtout la nature qui m’intéresse", confirme-t-il.

L'exposition au Domaine de Chantilly met en avant des aquarelles de Willy Lambil. Elles dévoilent un autre aspect de son oeuvre. Et lui permettent d'approfondir son goût pour la nature. "Je n’en fais pas souvent", confie-t-il. "J'en fais entre deux épisodes. J'en fais cinq ou six, parce que je me suis demandé si je pouvais manier les couleurs. Depuis que je fais ce métier, j'ai toujours travaillé en noir et blanc".

C'est un nouveau départ pour cet auteur qui prépare déjà le 62ème tome des Tuniques Bleues. Prévu pour l'année prochaine, il parlera d'un chien adopté par les troupes nordistes.

Les Tuniques bleues, tome 61, L'étrange soldat Franklin, Willy Lambil (dessin), Raoul Cauvin (scénario), Dupuis, 48 pages, 10,95 euros.

"Les Tuniques bleues au musée du Cheval", du 15 novembre 2017 au 7 janvier 2018 au Domaine de Chantilly. Accès au domaine: 17 euros (plein tarif), 10 euros (tarif réduit). 

Couverture du tome 61 des Tuniques Bleues
Couverture du tome 61 des Tuniques Bleues © Lambil Dupuis 2017
Jérôme Lachasse