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Culture

Paris: mobilisation pour sauver le "bar à la bouteille" immortalisé par Doisneau

Ce symbole du quartier Richard-Lenoir devrait être détruit d'ici la fin de l'année.

Ce symbole du quartier Richard-Lenoir devrait être détruit d'ici la fin de l'année. - Google Street View

Le bar du XIe arrondissement, célèbre pour son enseigne en forme de bouteille, devrait être démoli d'ici un an pour faire place nette en vue de la construction d'un square.

Sa silhouette biscornue se dresse à l'angle du boulevard Richard-Lenoir et de la rue Moufle. Sorte de phare haut de deux mètres, à l'origine réclame pour la marque de liqueur Picon, son étiquette a depuis longtemps laissé place à une peinture cramoisie anonyme, assortie à l'auvent du troquet. 

La célèbre bouteille rouge du bar "La Grosse bouteille" fait partie intégrante du paysage du XIe arrondissement depuis des années. Au point que plus personne ne sait exactement quand elle a été érigée, seulement qu'elle a été immortalisée par Robert Doisneau à deux reprises, en 1959 et 1961. Ce symbole devrait pourtant être détruit d'ici la fin de l'année.

Démolition prévue pour le printemps 2018

Le bar et l'hôtel attenant doivent être démolis au plus tard au printemps 2018, comme le rapporte Le Parisien, pour faire place nette en vue de l'aménagement du futur square Truillot et dégager la vue sur l'église Saint-Ambroise. Les travaux de construction du jardin viennent de débuter. 

Sauf que les habitants du quartier ne l'entendent pas vraiment de cette oreille. Une pétition, lancée début mars par quatre architectes et urbanistes du quartier, invite à "sauver la Grosse bouteille", "image insolite, vestige d'un Paris faubourien".

"Cette grosse enseigne, c’est (...) un peu de pittoresque, une respiration urbaine sur une jolie avenue aux alignements stricts", avance le texte. "Ce dont Doisneau témoignait, c’est un peu de notre culture commune, un peu d’humanité urbaine. Ce boulevard en a besoin, lui qui a connu des événements dramatiques", poursuit-il, en allusion à l'attaque survenue au Bataclan voisin. 

5000 signatures

Le texte a déjà recueilli près de 5000 signatures mais pour le moment, le maire (PS) de l'arrondissement, François Vauglin, se montre inflexible. "Je suis surpris car la question de la bouteille a évidemment été abordée pendant la concertation très approfondie qui a duré cinq ans", avance-t-il, dans un entretien au Parisien. Selon lui, "les décisions sont prises, les procédures engagées, on ne peut pas remettre tout en cause".

Si la "Grosse bouteille" venait effectivement à disparaître, les urbanistes de la ville de Paris prévoient toutefois d'inscrire une fresque en sa mémoire au sein du futur jardin. 

Claire Rodineau