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Culture

Paris: Albert Camus célébré en BD à la galerie Gallimard

Albert Camus en 1957

Albert Camus en 1957 - STF / AFP

La galerie Gallimard met à l'honneur les adaptations des romans d'Albert Camus par l'auteur de BD Jacques Ferrandez.

La galerie Gallimard, située 30, rue de l'Université à Paris, célèbre jusqu’au 7 mars Albert Camus et les adaptations de ses romans signées par le dessinateur Jacques Ferrandez. Ce dernier, qui a vécu son enfance à Alger comme le Prix Nobel de littérature, est un spécialiste de son œuvre. Après L'Étranger et L'Hôte, le dessinateur a d'ailleurs sorti en septembre dernier une nouvelle adaptation de Camus, Le Premier homme.

C'est en lisant L'Étranger, à l’âge de 17 ans, que Jacques Ferrandez a découvert les textes de Camus. Grâce à son histoire familiale, Ferrandez connaissait déjà l'homme:

"Son nom était familier à la maison, parce que c’était l’enfant du quartier. Je suis né dans le quartier de Belcourt à Alger. Mes grands-parents y avaient un magasin de chaussures. Et le numéro d’en face était l’endroit où vivait Camus."

En travaillant sur sa série Carnets d'Orient (1986-2009), qui retrace l’histoire de l’Algérie française, Ferrandez s’est replongé dans les écrits, romanesques comme journalistiques, d’Albert Camus. Il en est ressorti avec l’envie d’adapter un de ses nouvelles préférées de l’écrivain, L’Hôte. Publié en 1957, ce texte raconte l’histoire d’un instituteur français recevant l’ordre de convoyer un prisonnier. Dès qu’il reçoit le feu vert de Catherine Camus, la fille de l’écrivain, Ferrandez se plonge dans le travail. Il finit l’album en "cinq, six mois": "Il m’avait beaucoup plu et je voyais tout de suite des images", se souvient-il.

Couvertures de L'Hôte et de L'Etranger de Jacques Ferrandez.
Couvertures de L'Hôte et de L'Etranger de Jacques Ferrandez. © Gallimard

Adapter un livre inachevé

Le bon accueil réservé par Catherine Camus et les spécialistes de l’écrivain encourage Gallimard à renouveler l’expérience. Ferrandez a la possibilité d’adapter L’Étranger ou Le Premier homme. Mais Catherine Camus, encore réticente à l’idée de confier à Ferrandez Le Premier homme, préfère que ce dernier s’approprie L'Étranger, le roman le plus célèbre de son père.

"Elle ne le sentait pas pour Le Premier homme, car c’est l’histoire de son père et de sa grand-mère", explique Ferrandez.

En septembre dernier, Ferrandez a pu enfin sortir sa vision du Premier homme. Mettre en image ce récit inachevé sorti trente ans après la mort de Camus ne fut pas simple. Pour bien l’adapter, dit-il, il lui a fallu rester "prudent et loyal autant que possible au texte". Il a toutefois inventé quelques scènes et personnages: "Ce que l’on amène, on essaye de le grappiller à gauche et à droite sur d’autres textes ou sur des notes de l’auteur pour aller dans le sens de ce qu’il aurait fait", explique-t-il.

Jacques Ferrandez a aussi glissé des clins d'œil au magasin de chaussures de ses grands-parents, qui était situé non loin de chez la mère de Camus. Comme Camus, Ferrandez a voulu rendre hommage dans ses albums "aux gens qu’il aime et leur donner une histoire": "C’est l’œuvre de Camus qui se rapproche le plus de ce que j’avais envie de dire sur l’Algérie", conclut-il.

Le Premier homme de Jacques Ferrandez.
Le Premier homme de Jacques Ferrandez. © Gallimard

Le Premier Homme, Jacques Ferrandez, Gallimard, 24,50 euros, 160 pages.

Galerie Gallimard. Adresse: 30 Rue de l'Université, 75007 Paris. Téléphone: 01 49 54 42 30. Horaires: du mardi au samedi, de 13h à 19h, et sur rendez-vous.

Jérôme Lachasse